2022-C-Lc 9, 23-26-Stigmates de saint François- un autre Christ
2022-C- Samedi de la 24e semaine ordinaire (litco24s.22)
Lc 9, 23-26- Un autre Christ – stigmates de François.
Toute ma beauté, sais-tu, elle est pour toi. Voilà ce qu’a éprouvé François deux ans avant sa mort sur le mont Alverne. Pendant qu’il priait […] il vit descendre des hauteurs célestes un séraphin attaché à une croix, ayant six ailes de feu toutes resplendissantes. Et Bonaventure ajoute le saint demeura dans un étonnement indéfinissable, et son cœur éprouva un sentiment de joie mêlée de tristesse. Il comprit […] que c’était, non par le martyre de son corps, mais par un embrasement sans réserve de son âme, qu’il devait se transformer en la ressemblance du Sauveur crucifié.
C’était, selon les sources franciscaines, en septembre 1224 aux environs de la fête de l’Exaltation de la Sainte Croix que François reçut les stigmates dans la solitude de l’Alverne dont le seul témoin fut le frère Léon. Cela fut gardé secret jusqu’au lendemain de sa mort quand écrit Élie de Cortone, deuxième ministre de l’Ordre : voici que je vous annonce une grande joie et un nouveau miracle. Prodige inouï qui dans l’histoire ne s’est produit qu’une fois en la personne du Fils de Dieu. Peu avant sa mort, notre frère et père François a pris l’apparence du Crucifié[1]. Cet enthousiasme ne fut pas partagé par tout le monde.
Ce jour, nous contemplons une vie embrassée par la beauté de la compassion du Crucifié pour lui et sa passion pour la réfection de l’Église. Beauté du Christ souffrant et passion pour reconstruire une Église à rebâtir, deux mots inséparables. Pour François, rien ne pouvait redonner de la beauté au Crucifié qu’en prenant soin de son corps l’Église. Nous imaginons mal sa joie de désirer éprouver la cruelle passion de Jésus. Le véritable amour a transformé l'ami du Christ à la ressemblance exacte de celui qu'il aimait (Bonaventure).
Je vous offre une image qui dit bien ce que fut François. Celle de la migration des bernaches. Il faut qu’il y en ait une qui prenne la première son envol, alors toutes se mettent à la suivre. François a conduit la migration d’une foule d’hommes et de femmes de la médiocrité à la fidélité à l’Évangile. Il fut un entraîneur qui n’entraîne plus dans la superficialité, mais sur le chemin de l’Évangile.
Comment ? Non pas en moralisant par de longs discours. En devenant un autre Christ. En vivant l’Évangile sans ajouts. En faisant en nous une maison où il puisse toujours rester, lui, le Dieu Tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit (1ière Règle). Cette manière de vivre sans ajouts est devenue levain d’une fraternité universelle. François n’a pas d’autres ambitions que de vivre l’Évangile. Je vis, mais ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi, disait Saint Paul aux Galates. Il faut que lui grandisse que moi je diminue, répond en écho Saint-Jean-Baptiste. Deux grands saints qui ont su s’effacer pour laisser progressivement toute la place au Christ dans leur cœur et dans leur vie.
François a vécu un cheminement de dépouillement intérieur pour se laisser configurer peu à peu au Christ. Il délaisse la vaine gloire, la richesse, la carrière, préférant la liberté, la pauvreté et la joie en marchant derrière Jésus pauvre et crucifié. Il se laisse progressivement désapproprier de tout, même de l’ordre qu’il a fondé, choisissant de mourir nu, sur la terre nue (LM.14).
Qui peut énumérer les merveilles que Dieu ferait avec nous si nous cessions comme François de nous adorer nous-mêmes, comme le rapporte la légende des trois compagnons ? Nous serons serviteurs de l’Évangile dans la mesure où notre cœur sera blessé par la Croix de Jésus.
À votre contemplation. Je vous laisse ces mots-défis de François au moment de sa mort, j'ai fait ma part ! Que le Christ vous apprenne à faire la vôtre ! (2Cel 214). Bien sûr, il y a peu de chances que nous recevions un jour les stigmates. Nous sommes des appelés à nous donner totalement, chacun dans notre vocation propre. Sommes-nous prêts à nous laisser peu à peu transformer par l’Évangile pour répandre la bonne odeur du Christ autour de nous ? Sommes-nous prêts à redire : toute ma beauté, sais-tu, elle est pour toi. Que François guide sur notre route !