2022-C-Jn 8, 1-11- dimanche 5e semaine du CARÊME- miséricorde et misère
Année C : dimanche 5e semaine du Carême (litcc05d.22)
Jn 8, 1-11 Une miséricorde qui rencontre la misère.
Allez annoncer la bonne nouvelle à toutes les nations, et si nécessaire, prenez la parole ! demandait François d’Assise à sa jeune communauté. Pour lui, l’action parle plus que les paroles. Jésus confirme cela. Il n’accuse pas la femme. Il n’accuse pas les pharisiens. Il ne fait pas la morale. Il ne crie pas haut et fort ce qui est correct ou pas. Jésus ne se prononce pas sur la loi de Moïse. Il refuse leur piège d’engager avec les spécialistes de loi une discussion sur le correct ou pas.
En silence et sur la fragilité du sable et non sur la solidité des pierres comme Moïse, Jésus écrit une loi nouvelle qui risque en tout temps d’être emportée par le vent. Saint Augustin a une très belle formule : la miséricorde devant la misère. Au flagrant délit de péché, Jésus répond par un flagrant délit de miséri-corde.
Jésus écrit avec son doigt sur la terre. Pas de paroles dans ce récit, pas de voix qui s'entende, dit le psaume 19, mais sur toute la terre en paraient le message et la nouvelle, aux limites du monde. Oui, aux limites du monde et jusqu'au cœur de nos vies.
Son geste en silence est une demande : oser le face-à-face avec nos cœurs. Jésus s'adresse aux cœurs autant de la femme que des pharisiens. Il écrit une parole créatrice, une parole qui met de l’ordre, une parole qui sème le trouble chez les accusateurs de la femme, une parole débandade où les arroseurs sont arrosés, une parole rupture avec la loi officielle de condamner, une parole d’ouverture sur soi-même que celui qui est sans péché lui jette la première pierre. Il n’est plus question de loi, mais d’attitude nouvelle : se regarder par l’intérieur. C’est là la nouveauté.
Jésus définit le portrait du chrétien. Il est celui qui se regarde d’abord avant de regarder les autres pour les accuser. Les accusateurs de la femme sont convaincus qu’ils sont corrects. Leur apparence extérieure est parfaite. Il leur manque la vérité du cœur. Ils ont un comportement de façade. Ils vont à Jésus non avec un cœur ouvert pour l’écouter, mais pour le mettre à l’épreuve (v.6).
Par son geste d’écrire plutôt que de partir en guerre contre les leaders religieux, Jésus invite les accusateurs à photographier leur cœur. Cette invitation s’adresse à nous dont la tendance est de regarder le pas correct chez les autres plutôt que de photographier l’intérieur de nos cœurs. Notre foi est souvent de façade, axée sur ce que l’on voit chez les autres. Jésus invite à être attentif à nos intentions profondes plutôt qu’être aux aguets des erreurs chez les autres. Il est tellement facile aujourd’hui de s’arrêter sur les comportements fautifs de l’Église, ses erreurs.
Le geste de Jésus transforme aussi la femme pécheresse. Un horizon nouveau, impensable, inattendu : je ne te condamne pas (v.10). Elle se voit avec surprise acquittée. Quelle différence de regard entre les accusateurs et celui de Jésus ! Jésus n’utilise plus la loi comme les accusateurs : c’est écrit dans la loi. Il instaure une attitude nouvelle qui réhabilite les gens, redonne l’espérance.
En cette femme miséricorde et misère se rencontrent. Et la femme change. Présentée à Jésus comme coupable, elle est devenue le premier témoin de la miséricorde de Dieu. On peut même penser que, pardonnée par Jésus, elle aura appris à son tour à pardonner. Peut-être a telle vu en ses accusateurs non plus des personnes rigides et méchantes, mais des personnes qui lui auront permis de rencontrer Jésus !
À votre contemplation : pour Jésus, le mot irrécupérable - et c’est une bonne nouvelle pour nous - n’existe pas. Si nous imitons Jésus, nous éviterons à tout focaliser sur les erreurs des autres. Laissons-nous nous surprendre par le regard de miséricorde de Jésus sur nos misères. AMEN.