2021-B-Lc 13, 1-9 -samedi de la 29e semaine du temps ORDINAIRE- Dieu interventionniste
Année B samedi de la 29e semaine ordinaire (litbo29s.21)
Lc 13, 1-9 ; Rm 8, 1-11 : Pensez-vous que Dieu est interventionniste ?
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ ainsi commence la lecture de l’évangile. Quelle est la bonne nouvelle dans ce massacre des Galiléens qui ressemble drôlement à ceux que nous entendons presque quotidiennement : tremblement de terre à Haïti, incendies dévastateurs dans toutes les régions du monde, dangereux réchauffement climatique. Les dix-huit personnes tuées ne sont pas pires que nous. La bonne nouvelle est dans la réponse de Jésus. Pensez-vous que.
La première bonne nouvelle que Jésus apporte est de nous délivrer d’un Dieu écrasant, punitif, interventionniste, d’un Dieu père Noël, utilitaire qui agit par chantage pour nous convaincre de nous convertir. Dans les moments de désastre, écrit le théologien polonais et sociologue Tomás Halik, les agents dormants d’un Dieu méchant et vengeur[1] refont surface et répandent la peur et la désolation. C’est très net, Jésus dit que Dieu n’est pas celui que nous « créons » par notre imagination. Il n’est pas sadique. Il prêche la fin d’un Dieu de terreur et l’arrivée d’un Dieu Père.
Pensez-vous que. La deuxième bonne nouvelle est le regard de confiance que Dieu nous porte. Vous me demandez, semble dire Jésus, d’éviter les tragédies, de faire régner la paix, de nourrir tout le monde, mais c’est la tâche que je vous ai confiée. Jésus pourrait humoristiquement ajouter : pourquoi ne pas me demander aussi de réparer le robinet qui fuit, de changer une ampoule ou le pneu crevé ? Nos regards souffrent d’une surabondance d’irresponsabilité pour accroître celle des autres. Nous avons beaucoup d’exigence pour les autres.
Pensez-vous que. La troisième bonne nouvelle est que Jésus se fait éveilleur d’une conscience planétaire. Il indique ce qu’est être humain, ce qu’est devenir responsable. Il éveille à des capacités inconnues : responsabilisez-vous, comme si présentement nous disposons d’une humanité endormie. Il déchire nos inconsciences paresseuses. Pouvons-nous imaginer un seul instant ce qui arriverait si l’amour et non le jugement devenait un jour l’énergie motrice des initiatives humaines ?
Cette scène nous place en face de notre responsabilité tant individuelle que collective. Ce que nous, humain, ne décidons pas de faire pour atténuer les changements climatiques, les affrontements entre nous, Dieu ne le fera pas à notre place. Il faut corriger l’idée d’un Dieu créateur qui interviendrait à tout moment et de l’extérieur dans son œuvre (Christoph Théobald). Un Dieu qui prendrait tout en main serait un Dieu non croyable. Nous croyons souvent en un Dieu qui n’existe pas.
Accuser Dieu des événements climatiques ou catastrophiques montre une tendance mondiale à se déresponsabiliser comme humain. Le dissident puis Président de la République Vaclav Havel écrit de sa prison à sa femme que si l’on a des exigences étonnamment lourdes vis-à-vis des autres [de Dieu], c’est généralement le signe infaillible que l’on n’est pas prêt à les assumer soi-même[2]. Ce serait nous infantiliser si Dieu agissait à notre place. Dieu a fait sa part, faisons la nôtre.
Pensez-vous que. La dernière bonne nouvelle est dans la parabole du figuier (Lc 13, 7-9). Jésus reconnaît qu’il faut du temps et de la patience pour penser autrement Dieu. Laisse-le cette année encore. Il nous faut tout repenser, dit Paul V1 dans son exhortation sur l’évangélisation, si nous voulons ajouter de la couleur dans nos regards. Tout repenser notre perception de Jésus est une tâche essentielle.
À votre contemplation : Pour ceux qui sont dans le Christ Jésus, il n'y a plus de condamnation (Cf. Rm 8, 1). Si l’Esprit de Dieu habite en nous, nous ferons des choses nouvelles. Nous bâtirons entre nous une culture de la rencontre plutôt que d’accusation et nous toucherons et palperons la chair des personnes affectées et blessées (Cf. Fratelli tutti, N° 261). AMEN.
Autres réflexions sur le même passage :
[2] Vaclav HAVEL (1936-2011) : Lettres à Olga, Éditions de l’Aube, 1990, p. 340-341, cité par http://www.garriguesetsentiers.org/2021/06