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2021-B-Lc 18, 9-14- samedi 3e semaine CARÊME- je m'illumine d'intensité

Année B : samedi de la 3e semaine du carême  (litbc03s.21)    

Lc 18, 9-14;  Os 6, 1-6 : je m’illumine d’intensité.      

Il est beau, écrivait le pape François dans visage de miséricorde (#14), que la prière quotidienne de l’Église commence avec ces paroles : mon Dieu, viens me délivrer ; Seigneur, viens vite à mon secours (Ps 69, 2). Nous devons d’abord sortir de nous-mêmes, écrit Benoit XV1 dans son livre sur Jésus-Christ, et nous ouvrir à Dieu, car rien ne peut être juste si nous ne nous tenons pas vis-à-vis de Dieu dans un ordre juste. Et ici chacune de vos journées s’ouvre sur un appel à sortir totalement de toi-même pour Dieu, et Dieu sortira totalement de lui-même pour toi (Maître Eckhart).

Nos deux priants sont loin de se tenir dans une telle attitude. Ils sont, par différents chemins, très occupés d’eux-mêmes. L’un s’auto canonise. L’autre s’auto détruit. Les deux pratiquent la religion du moi. Pas facile dans nos moments de prière de cesser de se préoccuper de soi-même ! 

Nos deux priants ne sont pas en état d’adoration. Ils ne savent pas s’exclamer, dans les mots du poète Giuseppe Ungaretti contemplant un matin le lever du soleil au bord de la mer, je m’illumine d’immensité. Se laisser éblouir d’infini, se laisser immerger dans l’abime infini de Dieu (Angèle de Foligno), c’est l’attitude première de tous priants. Qui ne comprend pas cela est sourd, qui ne voit pas cela est aveugle, précise le grand Bonaventure.

Prier est une sorte de naufrage dans l’océan infini de Dieu. C’est cesser de vagabonder d’une idée à l’autre pour devenir un hymne de silence. Je ne vous demande pas de penser beaucoup, mais de le regarder (Thérèse d’Avila). Regarde-le jusqu’à lui devenir semblable (Claire d’Assise).

Edith Stein a bien délimité le sens de cette adoration éblouissement quand elle écrit : celui qui recherche le Seigneur dans sa Maison ne voudra plus l’entretenir uniquement de lui-même et de ses affaires. Il commencera à s’intéresser aux affaires du Seigneur. C’est une chose très étrange, dit Thérèse d’Avila à ses filles, qu’en présence de quelqu’un de noble, de grande importance que de ne vouloir que parler de soi. Dans sa maison, nous occuper que de Lui. C’est la plus belle définition de la prière adoration. C’est le Seigneur ton Dieu que tu adoreras.

Une femme toute simple nous offre son chemin, découvert après sa mort dans son journal spirituel : c’est quand je n’existe plus, que j’existe[1]. Nos deux priants dans le temple ne sont pas de cet avis. Même dans sa maison, nous sommes prisonniers d’une culture qui nous fait nous regarder et nous occuper que de soi. Même dans sa maison, nous cherchons à devenir celui de plus que moi je m’efforce d’être (Gilles Vigneault). Entrer dans sa maison dit Augustin, c’est sortir de soi.

Prier, rentrer en soi, n’est pas une obligation. C’est plutôt un privilège, un moment de grâce, pour s’élever au-dessus de soi. Dieu n’a pas besoin d’être adoré, d’être prié. Nous avons besoin de ce temps pour respirer de l’air pur, non vicié par notre moi. Une préface dit : tu n’as pas besoin de notre louange, et pourtant, c’est toi qui nous inspires de te rendre grâce. Nos chants n’ajoutent rien à ce que tu es, mais ils nous rapprochent de toi, par le Christ, notre Seigneur.

Interrogé par le curé d’Ars sur ce qu’il faisait dans l’église, un paysan lui répond : monsieur le curé, je ne lui dis rien, je l’avise et il m’avise. Je le regarde et il me regarde. Admirable échange de regards que nos deux priants ignorent. Tous nous avons ce besoin fondamental de revenir chez soi, d’entrer chez soi, de lâcher prise, de prendre une pause, de se reposer de penser. Je n’arrive pas à dormir tant je pense tout le temps. La prière adoration est un chemin pour porter attention à quelqu’un d’autre que soi. Être attentif à Dieu sans cacher ses imperfections, sans se faire sage par soi-même, c’est reposant. Ça illumine d’intensité.

À mi-carême, pouvons-nous dire que nous sommes retournés au Seigneur qui nous guérit et nous soigne (1er lecture) ? Que nous sommes passés de nous-mêmes à Dieu ? Ce retour au Seigneur, connaître le Seigneur, n’est pas nécessairement automatique. La lecture parle de deux jours d'attente, puis du troisième jour pour se relever et entreprendre un nouveau chemin.

Donnons à Dieu la joie de nous contempler dans le temple de nos cœurs et lui nous donnera la joie de nous savoir avec Lui dans le temple de son cœur. AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2020-lc-18-9-14-samedi-3e-semaine-careme-bien-se-presenter-devant-dieu

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-lc-18-9-14-samedi-3e-semaine-careme-priere-bavardage

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-lc-18-9-14-samedi-3e-semaine-careme-etre-avec-dieu-ou-etre-avec-soi

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2016-c-lc-18-9-14-samedi-3e-semaine-du-careme-ne-peut-tricher-devant-dieu

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2015-b-lc-18-9-14-samedi-3e-semaine-careme-pharisien-publicain-ou-se-laisser

 

[1] Schmitz-Rouly Jeanne, journal spirituel, le bonheur d’aimer Dieu,  Ed Carmel, 2004, p.23

 

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Date: 
Mardi, 2 mars, 2021

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