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2021-B-Lc 11, 29-32- mercredi 1ière semaine CARÊME- pépites de beauté

Année B : mercredi de la 1e  semaine du carême (litbc01me.21)

Lc 11, 29-32;  Jon 3, 1-10 : des pépites de beauté en nous (Jonas).  

À écouter les conversations des gens, un mot surgit spontanément : effondrement. Effondrement environnemental devant ces feux de forêt (Californie); effondrement devant ces tonnes de nitrate d’ammonium qui explosent dans le port de Beyrouth; effondrement devant les tueries au nom de Dieu; effondrement devant cette jungle de Calais, cette immense zone de non-droit qui annihile toute dignité humaine; effondrement devant la crise des abus sexuels de ministres du Culte; effondrement devant des églises fermées par la pandémie. On ne voit que des scènes d’effondrement, de désolation.

Jonas a reçu la mission d’aller dans un milieu hostile et rébarbatif où l’effondrement des mœurs était répandu pour y annoncer qu’une autre vie est possible qu’il appelle conversion. Il eut peur d’aller dans ce monde «pas beau» annoncer du beau, clamer une bonne nouvelle. Les conditions du temps de Jonas sont semblables aux nôtres aujourd’hui. Avons-nous peur comme lui? Cherchons-nous des circonstances atténuantes pour justifier une autre route ?

Du temps de Jésus, les gens, si on lit bien entre les lignes l’évangile entendu tantôt, vivaient dans des conditions identiques à celles de Jonas. La société était divisée entre gens purs et impurs. Ils ont demandé à Jésus de leur donner des signes pour les sortir de leur morosité, de leur déprime.   

Jésus s’est donné la mission de voir du beau, de faire lever des signes de vie là où tout ne semblait qu’être effondrement. Il n’était pas naïf, ce Jésus, au point d’effacer la réalité de son temps. Sa vie, ses prises de paroles furent pour briser le sceau (cf. Ap 5, 2) de désolation pour y ouvrir des brèches et offrir de l’altitude aux regards. Le signe : il y a ici plus que Salomon. Devant des gens aux yeux obscurcis par tant de situations démobilisantes, Jésus offre de voir des bourgeons de nouveauté que même les habitants de nos Ninive d’aujourd’hui peuvent entrevoir ou intuitionner.

Et voilà le sens de notre entrée en carême : nous donner à considérer autre chose que de l’effondrement que l’évangile appelle conversion ou changement. Convertir nos regards pour donner de la hauteur, de l’altitude à notre quotidien.

Des hommes et des femmes, de nouveaux Jonas qui ne font pas de bruit mais du bien, se lèvent, se mettent en route pour transformer des gens aux regards d’effondrement en regard de jaillissement de petits bourgeons qui, mine de rien, réchauffent bien des vies. Nous ne sommes pas des semeurs de vie. Nous sommes des moissonneurs de petits bourgeons. Nous n’avons pas à changer le monde, à convertir le monde, cela appartient à Dieu. Nous avons à recueillir et faire jaillir la vie cachée dans les cœurs en attente de libération.

Cette page de Luc annonce que l’évangile n’a pas encore dit son dernier mot. Tu es venu dans notre nuit, tourner vers l’aube nos chemins. Beaucoup voudraient voir et saisir, sauront-ils reconnaître ta lumière  (Hymne). Et si toi, écrit Luc, tu ne reconnais pas ce jour (ces signes) qui donne la paix […] alors cela restera caché à tes yeux […] parce que tu n’as pas reconnu le moment où Dieu te visitait (cf. Lc 19, 42,44).

Dans chaque vie, la nôtre aussi, il y a des pépites de beauté, des pépites de chocolat, comme on dit. Nos vies sont remplies de pépites à dénicher au hasard de nos sorties dans les brocantes de nos profondeurs. Le carême nous offre une balade pour découvrir en nous des recoins de beauté inaltérable. Il y a tant de choses à voir en nous. À ressusciter en nous. Cessons de broyer du noir. Déchiffrons ces petites perles que sont ces pépites enfouies en nous que l’évangile appelle des signes qui font jaillir la vie sous la cendre jamais éteinte, encore chaude de la bonne nouvelle qui est quelqu’un à «re-susciter» en nous.

 Devant nous, se présentent de longues semaines pour porter attention non pas aux églises qui ferment, en mode effondrement, aux communautés qui disparaissent, aux statistiques de baptêmes en moins, mais pour citer le livre d’Isabelle de Gaulmyn, voir que les cathos n’ont pas dit leur dernier mot (Bayard, 2020).

Luc  nous appelle à voir des signes de résurrection. Attention, il ne s’agit pas de l’événement pascal, mais de toutes ces pépites qui transfigurent nos regards d’effondrement en regard d’émerveillement. Des hommes et des femmes, des jeunes de  ATD Quart Monde s’engagent au nom de leur foi et avec un sens aigu d’humanisme, à mettre l’humain au centre de leur vie, à promouvoir une vie simple, à s’écarter de toute logique du profit, à écouter le cri des pauvres, à transformer une culture de déchets (Pape François) en culture de la rencontre[1].  N’apercevons-nous pas cela ?

Je conclus par ces mots d’un poète Rilke qui expriment autrement l’évangile entendu tantôt : l’avenir pénètre en nous […] et […] nous transforme, bien longtemps avant qu’il n’apparaisse. Déjà se lèvent des pépites de vie en nous, dans notre Église, autour de nous, capables de nous sortir de la déprime et d’une vie effondrée dans la complainte qui ne change rien. «Eucharistions» nos vies plutôt que de la «râler» AMEN.

Autres réflexions sur le même passage :

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2020-lc-11-29-32-mercredi-1er-semaine-careme-va-ninive

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2019-c-lc-11-29-32-mercredi-1iere-semaine-careme-jonas

https://www.diocesevalleyfield.org/fr/a-lire-pour-vivre/2018-b-lc-11-29-32-mercredi-1e-semaine-careme-jonas-ou-avoir-le-gout-des-autres

 

Évangile: 
Année: 
Pérode: 
Date: 
Samedi, 13 février, 2021

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