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2019-C-Mt 20, 1-16 -mercredi 20e semaine ordinaire- histoire de jalousie

Année C : mercredi de la 20e semaine ordinaire (litco20me.19)  

Mt 20, 1-16 : histoire de jalousie 

On dit souvent aux enfants que ce n’est pas beau d’être jaloux. Il faudrait aussi le dire aux adultes que nous sommes. L’histoire racontée par Jésus, dans laquelle on va travailler à la vigne à la première comme à la dernière heure du jour, en est une où la jalousie pousse ceux de la première heure à vouloir plus que ceux de la dernière heure. Cette histoire nous colle à la peau jusqu’à notre mort.

La jalousie est partout dans la bible. L’Adam que nous sommes est de tout temps jaloux. Jaloux de ne pas avoir accès à ce fruit défendu pour reconnaître, selon l’interprétation biblique, le bien du mauvais.   Cette jalousie envers Dieu s’étend à la convoitise de tous les biens qui s’offrent à nous. Chacun de nous développe une grande expertise pour posséder, avoir plus que les autres. Souvent, les gens fortunés de ce monde  privilégient  la loi de la jungle et  du «chacun pour soi».  Le confirme l’expression «c’est à moi, pas à toi !» 

La jalousie  a poussé Caïn à tuer son frère Abel parce que l’offrande de ce dernier était préférée par Dieu. C’est la jalousie qui a poussé Saraï à rejeter Agar, la servante d’Abram, car elle voulait bien, elle aussi, avoir un enfant. C’est la jalousie qui a motivé le roi Saül à éliminer David parce que celui-ci était la coqueluche du peuple. C’est la jalousie du fils aîné de la parabole qui lui a fait refuser l’accueil que son père a réservé au fils cadet de retour de son errance, etc.

Toute l’histoire de la bible peut se lire comme un itinéraire de jalousie. Jésus résume cette histoire,  en une journée de travail au cours de laquelle le maître de la vigne appelle à lui des ouvriers, peu importe l’heure du jour, pour leur offrir  le même salaire.

Matthieu n’oublie pas en racontant cette histoire qu’il s’adresse aux chrétiens d’origine juive. Ces derniers digèrent mal, voient d’un mauvais œil que des païens convertis au Christ peuvent être dispensés du poids du jour, c’est-à-dire des pratiques juives contraignantes. Pourquoi, se demandent-ils, ceux-là qui n’ont jamais observé la Loi de Moïse se voient-ils recevoir la même grâce divine que nous. Ils aimeraient bien eux de la première heure «facturer» des heures supplémentaires. Ils se voient avoir un droit d’aînesse sur Dieu. C’est humain. Ils trouvent normal que Dieu les récompense un peu plus.

L’amour de Dieu n’est pas proportionnel aux prestations effectuées. Le hic : la vigne du Seigneur n’est pas très adaptée aux règles du marché. Le patron ne cherche pas la rentabilité à tout prix. Le maître se comporte bizarrement. Songeons à la samaritaine, à Marie-Madeleine. Songeons à Matthieu lui-même, un voleur reconnu, invité par Jésus à travailler à sa vigne. Songeons à Pierre, un lâche; à Paul, un persécuteur.

Vous et moi, Dieu nous a appelés dès la première heure à nous offrir une pièce d’argent. Cette pièce n’est pas le résultat de notre travail. Elle est pure générosité du maître de la vigne qui sort l’offrir à toute heure du jour. De fait, le maître est sorti plus de douze fois. Il passe quasiment tout son temps à aller par les routes et sur les places du pays à la recherche d’ouvriers.  Le pape François observe que le maître ne fait que sortir. Pour offrir non pas un salaire à la fin de la journée, mais plutôt  un commencement d’un jour nouveau. Éternel.

Cette parabole encourage les responsables des Églises, prêtres, agents de pastorale, chrétiens, à sortir à divers moments de la journée pour aller à la rencontre de ceux qui sont en recherche du Seigneur; à rejoindre les plus démunis que Matthieu appelle les ouvriers de la dernière heure, pour leur faire sentir qu’ils peuvent apporter leur contribution à promouvoir l’évangile, même si c’est pour une heure seulement.

Arrêtons-nous un instant pour nous demander si la bonté de Dieu et sa générosité sont les nôtres ou si notre attitude est celle d’une religion trop calculatrice. Rigoureusement trop étroite. AMEN.

 

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Date: 
Jeudi, 1 août, 2019

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