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Année B : mercredi de la 28^e semaine ordinaire (litbo28me.18) 17 octobre

Lc 11, 42-46 ; Gal 5, 18-25 : la transparence évangélique

Si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la loi. C’est un refrain dans tout l’évangile que sans l’Esprit de Dieu, sans sa présence en nous, nous risquons de nous comporter bizarrement. Paul autant que  Luc nous donnent des exemples concrets de comportements bizarres. Idolâtrie, haine, rivalité (Ga 5,19).Vous payez la dîme sur toutes les plantes du jardin, mais vous oubliez la charité [….] Vous parlez en maître, mais vous évitez de porter le fardeau des autres (Lc 11, 44-45). Difficile d’être plus concret que cela.

La transparence qui est une question éthique en politique se traduit dans la liturgie d’aujourd’hui comme un mandat d’authenticité du croyant. Selon le dictionnaire Agora, la transparence est le mot le plus important et le plus fréquemment utilisé en éthique […]; chose étonnante, il fait consensus. L’expression on ne nous dit pas tout souvent entendue devant des décisions ou déclarations, résume cette attitude  de méfiance qui habite l’humanité.

C’est ce manque de transparence qui, dans les années quatre-vingt,  a fait tomber l’Union soviétique. On parlait de Glasnost, terme qui veut dire «transparence». C’est ce manque de transparence que le site Internet WikiLeaks a mis au grand jour. Le public s’élève contre des décisions d’un juge de ne pas faire connaître des preuves. Le monde de la téléréalité soulève la question du «faut-il tout montrer ?» Dans l’opinion publique, le manque de transparence est devenu une des causes majeures des dysfonctionnements sociétaux.

Jésus n’utilise pas le terme de transparence. Il parle d’honnêteté, d’authenticité et il s’oppose vigoureusement à l’hypocrisie, à ceux qui disent et agissent autrement. Abba Poemen (117), un père du désert du IV^e siècle à qui on attribue plusieurs apophtegmes, ces petites phrases très imagées, donne cette réponse, qui révèle sa grande profondeur spirituelle, à une question que lui posait   un moine : un frère demanda à l’abbé Poemen : qu’est-ce qu’un hypocrite ? Le vieillard lui dit : un hypocrite est celui qui enseigne à son prochain une chose à laquelle il n’est pas encore parvenu.

Paul écrit aux Galates qu’ils sont hypocrites s’ils ne vivent pas des fruits de l’Esprit : amour, joie, paix, bonté, bienveillance, maîtrise de soi. Jésus aux docteurs de la loi ainsi qu’aux pharisiens disait : quel malheur d’aimer les premiers sièges […] parce que vous êtes comme ces tombeaux qu’on ne voit pas et qu’on piétine sans le savoir.

Selon l’évangile, est hypocrite celui qui croit être autre chose que ce qu’il est vraiment. Le pape parle souvent de chrétiens qui font voir une chose, mais qui pensent autre chose.  Difficile de se reconnaître tel qu’on est sans pour autant s’accuser soi-même. Sans pour autant se mésestimer.

Dans notre évangile, aujourd’hui, Jésus rabroue ceux qui vivent en experts pour identifier ce qui n’est pas évangélique chez les autres en s’excluant et ne voyant pas la poutre dans leurs yeux. Avouons-le : notre morale est souvent plus applicable aux autres qu’à soi-même. Nous sommes «psycho rigides» pour les autres et «psycho complaisants» envers nous-mêmes.  Il y a ceux qui vivent en disant du mal des autres, qui accusent les autres et ne pensent jamais de se regarder (François, homélie du 6/9/18). Nous avons cette mauvaise tendance à nous mettre plus le nez dans la vie des autres que dans notre propre vie. Cela se traduit par un manque d’authenticité que notre monde appelle un manque de transparence.

À votre contemplation : le comportement de Dieu, la transparence de Jésus qu’a manifesté l’évêque Ignace d’Antioche sur la route de son  martyr,  doivent devenir notre règle de vie. Ne soyons pas des loups pour les autres et des agneaux pour nous-mêmes. Dieu éternel, fait que la passion de saint Ignace, sa transparence [soient] pour nous une source de courage (oraison) et nous aident à vivre notre vie chrétienne sans hypocrisie. AMEN.