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2018-B-Jn 7, 40-53 - samedi 4e semaine carême - le temps est compté

Année B : samedi de la 4e semaine du carême (litbc04s.18)

Jean 7, 40-53 : le temps est compté

Jésus n’a plus le temps de tergiverser. Il n’a plus de temps à perdre. Tout le monde politico-religieux en parle, on veut sa tête et ceux qui semblent se positionner pour lui sont ridiculisés. Pourquoi veut-on sa tête ? Pourquoi ceux qui lui portent une oreille attentive, sans pour autant être avec lui, sont-ils accusés de connivence ? La réponse est étonnante aux oreilles de notre culture d’aujourd’hui. Jésus est un humain, un homme d’ouverture aux autres. Jésus prend le temps de jaser avec tout le monde.

Il passe ses journées plus sur les parvis du temple qu’à l’intérieur. Il apprécie la proximité avec les gens et aime tellement s’asseoir aux tables de tout le monde qu’on le dit glouton (Mt 11,19). Sans titre officiel, ni prêtre, ni lévite, simple laïc, Jésus s’adresse aux gens ordinaires,  non érudits, leur donne la parole, écoute et ne charge pas les gens de fardeaux impossibles à porter (cf. Lc 11, 46). Bref, Jésus n’est pas un bon pratiquant. Il est même étiqueté de mauvais pratiquant par les bons pratiquants.

Jésus dérange. Quand il  dit : rendez à Dieu […], rendez à César (Mc 12, 17), cela résonne comme une séparation de la religion et de l’état. Il ne favorise pas une société théocratique ou politico-religieuse. Ses prises de parole dégagent une allure laïque à des années-lumière du discours rigoureux des prêtres et lévites qui le suspectent d’outrage à la religion. Jésus n’est pas un pur sang. C’est un messie à l’envers (Marcel Gauchet) qui refuse une vie vécue dans la stagnation et la tiédeur, en marginalisant les sans voix.

Un Jésus à l’envers qui met à l’envers, sens dessus dessous, les tenants du statu quo. Il soulève l’ire des élus du temps. Questions : ce Jésus est-il aujourd’hui aussi dérangeant qu’il l’était hier ? Nous provoque-t-il à mener une vie à l’envers,  celle qui est un passage du logiciel ego au logiciel autrui ou avons-nous plutôt tendance à ramollir sa parole en tombant dans un spiritualisme désincarné ?  Sommes-nous tentés de réduire l’évangile à une série de beaux principes privés d’action concrète [1]? À nous voir agir, pouvons-nous être accusés de suspicion à son endroit tant ses prises de position nous émerveillent ? Es-tu de Galilée, toi aussi (Jn 7, 52).    

Jésus est un déclencheur de changement. Il refuse une manière de vivre amoindrie par l’excès de prose consacrée aux tâches obligatoires [entendre la loi] qui ne procurent aucune satisfaction au détriment de la poésie de la vie qui s’épanouit dans l’amour, la communion (Edgar Morin, La voie, Fayard, 2011). Il conteste la démesure d’une vie où chacun utilise la loi pour  s’occuper que des gens corrects.  

Le carême nous redit que la seule chose qui soit vraiment essentielle et durable pour Jésus est la façon dont nous nous comportons les uns envers les autres. Notre comportement est une déclaration, une révélation, de qui est le Dieu de nos vies. Toute proximité avec Jésus incite à changer de paradigme en proposant de bâtir une maison commune (La joie  de l’évangile, no 13) qui rejoint tellement les gens simples et qu’il appelle le royaume de Dieu par opposition à celui des César. Il rêve d’un réchauffement égalitaire entre migrants et résidents, entre nations riches et pauvres. Il promeut un cœur nouveau. Bonne nouvelle pour les uns, mauvaise pour d’autres.

Ce qui fait bouger Jésus, c’est son regard de compassion envers les opprimés, ces bergers, ces non-personnes venues saluer sa naissance. Difficile à comprendre qu’une telle attitude si humaine puisse alimenter tant d’oppositions dans le cœur des grands de son temps (cf. Mc 11-13; Mt 23; Lc 20; Jn 8)! Difficile à comprendre comment tant d’accueil des étrangers peut susciter de si vives oppositions !   

À votre contemplation. Marie anticipait la mort de son fils quand elle a chanté qu’il renversera les puissants de leurs trônes, exaltera les humbles […] comblera de biens les affamés et renverra les riches les mains vides (Lc 1,52-53). Ce qui manque à notre monde, ce qui nous manque, c’est de contempler la beauté cachée dans les non-personnes; c’est ce qui  a tellement séduit Jésus. Ne refusons jamais d’agir devant cette beauté-là. AMEN.

 

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Date: 
Jeudi, 1 mars, 2018

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