2018-B-Mt 20, 17-28 - mercredi 2e semaine carême-maladie de la rivalité
Année B : mercredi de la 2e semaine du carême (litbc02me.18)
Mt 20, 17-28 : la maladie de la rivalité
Il y a la coupe de la gloire, celle que demandait pour ses fils une mère qui a cet égard ressemble à toutes les mères. On peut trouver étonnante cette demande de la mère. On ne sait rien de la réaction des deux fils. Peut-être se réjouissent-ils dans leur for intérieur de l’initiative de leur mère ? Peut-être se sont-ils servis de leur mère pour faire une telle demande ? À lire attentivement ce texte, on comprend que les deux fils ont quitté leur père et sa barque et qu’ils sont demeurés sous l’influence de leur mère.
Qu’ils n'aient pas souhaité ou demandé l’aide de leur mère, les deux disciples ne sont pas encore entrés dans la logique de l’évangile. Ils ont encore à passer d’un projet de vie humaine axé sur un désir d’accomplissement à un projet de vie axé sur une coupe qui a des allures d’un chemin pascal. La mère, heureuse d’entrevoir un bel avenir pour ses fils, doit encore passer d’une maternité possessive à une maternité évangélique. Il n’est pas facile d’entrer dans la logique de l’Évangile et de délaisser celle du pouvoir et de la gloire.
Une évidence. Jacques et Jean, même s’ils ont été témoins sur la montagne de la transfiguration de Jésus, ont encore à vivre ce qu’ils voient et pratiquer ce qu’ils entendent. Leur demande, via celle de leur mère, atteste une chose : ils ne sont pas encore complètement investis dans la bonne nouvelle qu’ils annoncent sous la houlette pastorale de leur maître. Ils ne sont pas encore complètement donnés à Jésus, «désincarnés» d’eux-mêmes.
Imaginons un instant la scène et la réaction des autres disciples. Matthieu dit seulement qu’ils s’indignèrent sans nous rapporter leurs paroles, et c’est sans doute mieux ainsi.
Saint Jean-Chrysostome, commentant ce passage de Matthieu, affirme que tous les apôtres sont encore imparfaits, aussi bien les deux qui veulent s’élever au-dessus des dix, que les autres qui sont jaloux d’eux (voir Zénith, 18 février 2012). En relatant cette discussion entre les disciples, Matthieu ne fait qu’exposer au grand jour ce qui se vit dans l’équipe de Jésus. Les choisis pour être avec lui ne sont pas complètement déshabillés de leur mode humaine de vivre. À les regarder se chamailler, ils ne sont pas des saints.
Cela nous arrive à nous aussi, disait le pape François, à l’occasion de ses souhaits à la Curie en 2014, en parlant de la maladie de la rivalité et de la vanité. Quand l’apparence, les couleurs des vêtements et les insignes de distinctions honorifiques deviennent l’objectif premier de la vie […], c’est la maladie qui nous porte à être des hommes et des femmes faux et à vivre un faux ‘‘mysticisme’’ et un faux ‘‘quiétisme’’ [1].
Jésus leur propose une autre coupe qu’ils s’empressent d’accepter parce qu’ils ne savent pas en quoi elle consiste. Vous ne savez pas ce que vous demandez ! La coupe de l’offrande de leur vie. Celui qui voudra être le premier parmi vous sera l’esclave de tous. Jésus, par sa demande, ouvre les yeux des deux disciples sur le mystère de sa personne et leur fait entrevoir l’appel à être témoin de lui jusqu’à l’épreuve suprême du sang. Je ne suis pas venu pour être servi, mais pour servir (v.28).
Cette page ouvre notre médiation sur ce qui donne de la gloire à une vie que Marc décrit au terme de son évangile, par cet écriteau sur la croix de Jésus : le roi des Juifs.
À votre contemplation : En effet, chacun tire gloire de ce qui le fait grand à ses yeux. Notre gloire est-elle d’avoir pour ami des personnes de grandes renommées ou celle de bien vivre la santé que nous avons, la communauté chrétienne que nous avons, etc. Vivons-nous de cette maladie de la rivalité ? Quel chemin de gloire recherchons-nous ? Celui qui veut acquérir la gloire, qu’il la recherche dans le Seigneur (1 Co 1, 31). Pour moi, dit Saint Paul, que jamais je ne me glorifie sinon dans la croix de notre Seigneur Jésus Christ (Ga 6,14). Amen.