2016-C-Lc 13, 1-9 - samedi 29e semaine ordinaire- la beauté de la maison commune
Année C : samedi de la 29e semaine ordinaire (litco29s.16)
Luc 13, 1-9 ; Romains 8, 1-11 : quelle splendeur que notre maison commune!
En visite en Géorgie récemment, le pape déclarait que nous nous habituons au pessimisme, aux choses qui ne vont pas, aux réalités qui ne changeront jamais. Et nous finissons par nous renfermer dans la tristesse, dans les souterrains de l’angoisse, seuls à l’intérieur de nous-mêmes.
Aujourd’hui, nous semblons ne voir que les tours qui tombent, que les figuiers stériles, que l’escalade de la violence auprès de civils innocents, que ces migrants qui meurent en mer, que l’enfer qui s’abat sur Alep, que la violence qu’il y a dans le cœur humain (cf. Loué sois-tu, no 1). Voulons-nous, oui ou non, que la résignation soit le moteur de notre vie ? Voulons-nous, oui ou non, que l’accoutumance s’empare de nos vies ? (homélie à Washington, 2015). Comment faire pour que notre cœur ne s’anesthésie pas ? Comment approfondir la joie de l’évangile au milieu de ce monde au spectacle quotidien de destruction ?
Tous les jours, le cri du prophète Habacuc, qui a vécu à une des époques de grands bouleversements, est le nôtre. Il demande à Dieu pourquoi il se tait devant le mal. Combien de temps, Seigneur, vais-je appeler sans que tu m’entendes (1,2)? Jusqu’à quand les pouvoirs malhonnêtes vont-ils agir (2.6b)? Pourquoi tout cela arrive-t-il (1.3, 13, 14)? Dieu ne répond pas à sa demande. Il lui indique plutôt d’être un homme de foi (2,4). Comme au prophète, il nous dit : courage, ayez foi, allez de l’avant. Dieu change le monde en nous faisant don de la foi qui donne à nos regards de voir de la beauté dans ce monde où s’accroît la laideur auquel on ne peut échapper.
L’affaire des Galiléens qu’on rapporte à Jésus soulève aujourd’hui les mêmes questions qu’au temps du prophète. Comment Dieu peut-il permettre ce qui arrive ? Son silence suggère-t-il sa compromission avec le mal ? Est-il responsable de tous les Auschwitz de ce monde ? Le théologien Stanley Hauerwas, qui a beaucoup d’adeptes aux États-Unis et en Grande-Bretagne, se fait aujourd’hui le chantre de ce grand mouvement de la vengeance de Dieu. Pour lui, c’est le péché qui nous mérite cela.
Aujourd’hui, reste-t-il quelqu’un qui voit cette maison commune dans toute sa splendeur, comme nous y invite l’encyclique Loué-sois-tu ? Reste-t-il quelqu’un qui voit autre chose que du noir ? Qu’un immense trou noir ? Les scientifiques de l’espace voient dans l’immense trou noir une vie qui s’y cache.
Pour vivre avec sérénité, il nous faut, comme le prophète, accroître en nous la foi. On n’a jamais assez de foi. Nous sommes comme ce père qui supplie Jésus : je crois, Seigneur, mais viens en aide à mon peu de foi (Mc. 9,24). C'est une superbe prière de dire chaque jour: Seigneur, viens en aide à mon peu de foi pour ne pas laisser nos cœurs s’attiédir.
Nous avons besoin au milieu des événements tumultueux de notre monde, d’être habités par la présence de Dieu dans nos cœurs et au cœur de toutes les tragédies actuelles. D’être habités par la foi. Si nous avions un peu de foi, comme une graine de moutarde, nous pourrions dire à chaque humain : arrache-toi à ce qui te retient, à ce qui te limite et qui t’enferme sur toi-même, va au grand large et il t’obéira. Si nous avions la foi comme une graine de moutarde, nous saisirions que toute la douleur qu’il y a dans le monde n’est pas douleur d’agonie, mais douleur d’accouchement (Paul Claudel).
À votre contemplation. Mais à quel humain devons-nous donner cet ordre ? À moi-même d’abord. Si j’avais la foi comme une graine de moutarde, je me dirais à moi-même : dégage-toi de ton petit monde, enracine-toi, une bonne fois pour toutes, dans la confiance infinie de Dieu et toutes les tours qui tombent et les figuiers stériles deviendront des chemins ouvrant sur la joie d’aller à la maison du Seigneur (Acclamation). AMEN.