2016-C-Lc 11, 37-41- mardi 28e semaine ordinaire- contre une pratique cosmétique
Année C : Mardi de la 28e semaine ordinaire (litco28m.13)
Luc 11, 37-41 : notre pratique religieuse est-elle cosmétique ?
Une lecture rapide et distraite fait ressortir l’impolitesse de Jésus qui se permet de donner à celui qui le reçoit à sa table une bonne leçon de conduite. En observant que son hôte est décontenancé et étonné devant le non-respect de sa part des obligations religieuses de se laver les mains avant le repas, Jésus pose les jalons d’une pratique religieuse plus intérieure qu’extérieure. Avec lui, les rites de purification extérieurs, lavage de mains, de coupes, de carafes, sont périmés. Pour Jésus, la vraie purification est intérieure. La religion n’est pas une affaire de « look ». Notre cœur a besoin d’être transfiguré.
Jésus a une manière bien à lui de regarder son hôte. Il voit beaucoup plus que son empressement à bien l’accueillir. Il voit ses intentions profondes incluant toutes ces mauvaises choses [qui] sortent du dedans et souillent l’homme (Mc 7, 18-23).
À plusieurs endroits dans l’évangile, Jésus donne l’impression aux scribes et pharisiens qu’il est l’ennemi de la religion. On souhaite le crucifier au nom de la religion, de le sacrifier pour sauver la religion. En pratique, Jésus ne s’oppose pas à la religion. Il est lui-même très religieux. Il ne se voyait pas comme un réformateur religieux. Jésus privilégie une démarche de rencontre personnelle, intime avec, Dieu plus intérieure qu'extérieure.
Jésus dit au pharisien qui l’accueille à sa table, je connais ton cœur, je le sonde et voici que j’y trouve un cœur qui manque de détachement, de profondeur. Ce n’est pas avec une pratique superficielle et bercée par des chants agréables à l’oreille qu’on arrive à bâtir une solide rencontre avec Dieu.
Dès que nous cessons d’être en mode relation avec Dieu, la pratique de la religion risque de se réduire à des gestes sans intimité. Il est antiévangélique de vivre d’une pratique religieuse « façade », sans intériorité, sans profondeur.
Dans la joie de l’évangile, le pape appelle l’Église à entrer dans un processus de discernement et de purification (no 30) d’une religion qui nous asservit à une pratique tout extérieure. Il dénonce les maladies de la « parure », de la « vaine gloire », du « paraître ». J’invite chaque chrétien, en quelque lieu et situation où il se trouve, à renouveler aujourd’hui même sa rencontre personnelle avec Jésus Christ (no 3). Au siècle dernier, Maurice Zundel affirme que Dieu ne peut établir son règne qu’au-dedans de l’intimité secrète avec chacun de nous.
Dans la première lecture, Paul, avec une grande délicatesse, s’adressant à travers les Galates à chacun d’entre nous, demande de ne pas nous mettre de nouveau sous le joug de l’esclavage du paraître qui voile les intentions des pensées du cœur (Acclamation).
Le joug a le nom d’une religion superficielle. C’est un joug pesant que de paraître beau et bon. Jésus privilégie le joug léger, celui d’habiter nos fragilités, de ne pas les cacher et de nous en remettre à la grande miséricorde de Dieu. Ce dont notre Église a le plus besoin actuellement, ce sont des chrétiens crédibles qui s’efforcent de vivre avec cohérence malgré leur fragilité, leur foi. Le passage d’une religion façade à celle d’une religion intériorisée est la grande urgence de notre temps.
Que saint Jean XXXIII fasse resplendir sur chacun de nous un visage de cette grande simplicité qui a tellement fasciné Jésus. AMEN.