2016-C- Lc 2, 22-40, présentation de Jésus au temple
Année C: Présentation de Jésus au Temple
Luc 2, 22-40 : prendre un enfant par la main
Aujourd'hui, il y a un bombardement dont on ne parle pas, celui d'avoir trop d'images. Trop d'images de consommation. Trop d'images futiles, voire vulgaires. Trop d'images sur Dieu. Nous vivons en permanence une sorte de boulimie audiovisuelle. D’hypersollicitation visuelle qui risque de pervertir nos regards. Nous vivons un véritable génocide invisible. Insaisissable aussi, même si cela apparaît «normal».
Les médias, les médias sociaux font de nous des abrutis de l’image. Nous sommes devenus des esclaves du net. Des accrocs parfois. Cela soulève une question fondamentale : on ne sait que voir. On ne veut que tout voir, mais on ne sait plus regarder. On ne sait plus contempler. Nous devons apprendre à regarder. Le regard que je pose sur l’autre décide de mon humanité. (Benoît XVI).
La présentation de Jésus au Temple nous remet sur le chemin de la contemplation véritable. Aujourd'hui, Jésus se manifeste à l'univers. La lumière entre dans son temple. C'est pourquoi, devant cette révélation, nous chantons : tu es venu, tu t'es manifesté, toi, la lumière inaccessible ! (1Tm 6, 16).
Poussée par l'Esprit saint, la liturgie d'aujourd'hui nous invite à nous arrêter pour, comme Syméon, prendre Jésus dans nos bras. Le prendre comme on prend un enfant avec les yeux tout grand ouvert, des yeux émerveillés aussi. Le prendre pour se laisser transporter de joie.
Dans son homélie de la nuit de Noël, le pape François a eu cette parole toute simple et belle : si nous prenons l’Enfant-Jésus dans nos bras et que nous nous laissons embrasser par Lui, Il nous donnera la paix du cœur qui n’aura pas de fin. Voilà bien ce que nous sommes appelés à vivre en cette fête de Jésus au temple : prendre comme Syméon l’Enfant dans nos bras. L'accueillir, c'est le laisser «christifier» chacune de nos cellules alors nous devenons des transfigurés. Des transplantés.
Prendre un enfant dans ses bras, prendre un enfant sur son coeur (Yves Duteil), c'est plus que de le regarder en passant, c'est le regarder longuement, amoureusement et avec émerveillement. C'est sécher ses larmes en étouffant sa joie. Ça transforme celui qui le prend dans ses bras. Ça fait culbuter dans la contemplation. Ça fait chanter : maintenant, mes yeux ont vu ton salut.
Cette joie de Syméon est la nôtre puisque l'enfant est le même hier, aujourd'hui et toujours (He 13, 8). Nous sommes de la procession des porteurs de cet enfant. En le tenant dans nos mains, nous devenons des porteurs de lumière, non une lumière de cire, mais celle qui est venue illuminer ceux qui demeurent dans les ténèbres et l'ombre de la mort pour guider nos pas dans le chemin de la paix (Lc 1, 79).
Comme le soleil est la joie de ceux qui cherchent l'aurore, l'enfant est soleil pour ceux qui le portent. Il dis-sipe les ténèbres sur nos visages. Nos yeux s'ouvrent. Nos oreilles se mettent à écouter. Mais une question surgit : de quelles ténèbres parlons-nous ? Tout ce qui se trouve dans notre intelligence, dans notre volonté ou dans notre mémoire, et qui n'est pas Dieu ou n'a pas sa source en Dieu, autrement dit, tout ce qui en nous n'est pas à la gloire de Dieu et qui fait écran entre Dieu et nous, voilà les ténèbres dont il est question.
Empruntons ce matin le regard de Syméon. Imprégnons-nous de sa joie de porter Dieu dans nos mains. De voir le Salut de Dieu. Quand nous tenons dans nos mains Jésus Verbe de Vie, le Verbe fait chair, nous ne portons plus à terre, dit une expression populaire, parce que nous portons celui qui remplit toute la terre de sa gloire (Is 6, 3), celui qui nous a recréés par la lumière de sa divinité (Préface de l'épiphanie).
Cette joie du vieillard Syméon, nous la retrouvons dans ces grands-parents qui portent dans leur main leur petit fils. Ils sont transformés. Leur petit-fils les fait revivre. Renaître. Dans les mots de l'évangile, leurs yeux voient le salut. Approchons-nous de l'enfant et soyons en illuminés (cf. Ps 33, 6). Portons la lumière et nous trouverons la force d'avancer dans un monde obscur pour atteindre le pays du soleil levant.
Rendons grâce à Dieu pour cette année de la vic consacrée qui se termine aujourd'hui. AMEN.