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 Année B: Mardi 26e semaine ordinaire (litbo26m.15)
Jean 1, 47-51 : anges ou humains, nous sommes des vases contenant l’éternel

Il n’y a pas de feu dans un plat cuisiné, mais on sait qu’il a passé au four (Simone Weil).  Elle ajoute cette autre image : si les pommes de terre sont crues, on est certain qu’elles n’ont pas passé au four.  Ces deux images couvent comme de la braise sous toute vie spirituelle dont celle des anges dont nous faisons mémoire au-jourd’hui.

Eux dont la première tâche est d’être des contemplatifs de Dieu, ils ont mené une vie passée au four de la mi-séricorde de Dieu. Toute vie, toute vie spirituelle, quelle soit angélique ou humaine, et cela est peu souligné, naît de la miséricorde de Dieu.

Si nous sommes capables de Dieu, capables de le contempler, c’est parce qu’il y a en nous un germe de vie divine que Dieu dans sa miséricorde, a abondamment semé dans nos cœurs. Cette capacité de Dieu en nous, créatures créés, angéliques ou humaines, est le cadeau le plus inestimable de la miséricorde de Dieu. Nous sommes capables de Dieu. Sans cela nous serions des créatures inachevées. Des humains inachevés.

Cette capacité de Dieu nous fait aspirer à une vie qui nous dépasse. Elle nous fait passés au four du mystère de la miséricorde de Dieu. Anges ou humains, nous sommes des vases contenant l’éternel. Si nous avons la possibilité de commencer à chercher Dieu, à le contempler, ce n’est pas par notre propre volonté, mais celle de la miséricorde. Il ne faut jamais perdre de vue cela en contemplant la fête de ce jour. Il ne faut jamais oublier qu’être capables de Dieu, c’est notre ADN et non un ajout à ce que nous sommes.  

Monte en moi ces mots de l’écrivain soviétique Soljenitsyne, homme d’une grande intériorité mystique et qu’éprouvaient les anges : parfois je sens avec tant de clarté que ce qu’il y a en moi n’est pas tout moi. Il y a quelque chose d’autre, de sublime, de presque indestructible.  Cette capacité de Dieu éveille en nous un murmure d’immortalité.

Nous célébrons ce matin, ceux qui parmi les êtres spirituels ont assumés par choix de ne jamais cesser de contempler Dieu. Contrairement à ceux que la bible appelle Satan et qui ont désiré par orgueil se faire semblables à Dieu, souhaité s’auto-contempler, s’auto-admirer, les anges n’ont jamais perdu cette capacité de contempler Dieu. 

Parce que leurs cœurs brûlent d’amour pour Jésus qu’ils ne cessent de contempler pour en nourrir leur vie, ils sont devenus des messagers de Dieu comme en parle la bible. Des évangélisateurs pour parler avec des mots d’aujourd’hui. Saint Grégoire le Grand, Pape et docteur de l'Église, précise dans une de ses Homélies sur l'Évangile (34, 8-9)  qu'il y ait des anges, beaucoup de pages de la Sainte Écriture l'attestent... Mais il faut savoir que le mot « ange » désigne leur fonction : messager.

Que ce soit Gabriel, le plus connu des anges parce que messager de l’Incarnation (Lc 1, 26-39), missionnaire de la miséricorde  (pape François à la veille de son voyage à Cuba), qui frappant à la porte du cœur de Marie vient lui dire une seule chose : Dieu a vu la misère de son peuple (Ex. 3, 7). 

Que ce soit Michel, le plus combatif des anges, lui qui combat le dragon, le précipite en bas (Ap 12, 7). Que ce soit Raphaël, le protecteur des voyageurs mentionné dans le livre de Tobie. Nous faisons mémoire de créatures vivant en état d’adoration de Dieu.  Mais qu’est-ce qu’adorer ? C’est passer au four son moi. C’est refuser cette culture du narcissisme  pour privilégier de faire mémoire que nous sommes des créatures créées capables de Dieu. Que cette fête des archanges nous fasse éprouver avec clarté qu’il y a en nous plus que nous. Ce n’est plus moi qui vit mais Dieu qui vit en moi (Gal 2, 20). AMEN.