2013-C-Lc 11, 37-41 Mardi 28e semaine ordinaire : nous nous fuyons en misant nos vies sur l'extérieur

Année C : Mardi 28e semaine ordinaire (litco28m.13)

Lc 11, 37-41 : nous nous fuyons en misant nos vies sur l'extérieur

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Cette page et son insistance sur l'obligation de l'ablution avant le repas risque de décrire à la perfection nos vies toutes axées sur le paraître. Le visible a toujours plus d'attrait que l'invisible. Le chrétien ne doit pas chercher à épater la galerie. Il ne doit pas se laisser engourdir par le regard de l'autre. Il y a tout un système de corrosion à privilégier l'apparence, un système corrosif qui cache plus souvent qu'autrement un grand vide intérieur.

Jésus -et tout l'évangile se retrouve là-dedans- veut nous sortir de cette tendance corrosive de tout baser sur l'apparence. Il réveille par son attitude, nos profondeurs engourdies, alourdies par les choses extérieures. Jésus n'entre pas dans ce système de collusion avec le modèle paraître. Il privilégie le chemin d'une densité d'être. La manière de vivre de Jésus et sa qualité d'être lui évitent de se sentir désarmé et en proie à toutes les prédations et manipulations.

Dans son livre L'âme du monde, l'auteur Frédéric Lenoir fait dire à un sage : Un vieil homme à l'apparence misérable, mendiant sa vie, s'avançait dans les rues de la ville. Personne ne lui prêtait attention. Un passant lui dit: que fais-tu ici ? Personne ne te connait. Et l'homme pauvre lui répondit calmement : qu'importe, je me connais. Et le reste du chapitre décrit une richesse, une densité intérieure qui laissait voir que ce vieil homme que personne n’osait regarder, portait en lui ce que l'auteur nommait l'âme du monde. Un penseur chrétien du siècle dernier, Gustave Thibon, écrivait que tant d'êtres sont pesants et pourtant sans densité, lourds à eux-mêmes et aux autres dans la mesure où ils sont vides. 

Saintetés, vivre sans densité intérieure, ça nous arrive aussi quand nous avons mal à nous passer du regard des autres sur nous. Quand nous le cherchons comme prioritaire dans nos vies.  Cette quête un peu panique du regard de l’autre, ce besoin d’extériorisation pour se sentir exister, répond précisément à la brisure du lien avec notre identité de créé à l'image de Dieu. Nos yeux ne pénètrent pas jusqu’au mystère caché dans le fond de notre être.  Sans profondeur, nous vivons alors sans racine, sans enracinement.

Nous vivons nos vies sans contempler le ciel de Dieu qui a fait en nous sa demeure. Nous vivons nos vies sans sentir (le mot est à comprendre dans le sens ignacien d'expérimenter, dit François) la richesse du psaume 8 tout dédié à notre grandeur d'être. Qu'est que l'homme… Tu l'as voulu un peu moindre qu'un Dieu, le couronnant de gloire et d'honneur. Dieu nous veut pleins de lui, de son bonheur. Il nous veut denses comme lui. De sa substance divine.  Notre félicité, dit saint Augustin, est toute intérieure.  Devant ta face, débordement de joie, dit un autre psaume (15). C'est la révolution chrétienne inaugurée par le refus de tout axer sur l'ablution des mains avant le repas.  Sans profondeur, nous vivons alors sans racine, sans enracinement. L’homme extérieur, en nous, va en ruine (2 Co 4, 16).

Ce besoin d’extériorisation pour se sentir exister, répond précisément à notre incapacité de nous engager à fond dans la voie de l'intériorité.  Jésus et sa réaction devant l'attitude purement extérieure de son hôte ce matin,  nous ouvre ce chemin si désiré, si désirable aussi.

À votre contemplation : On peut connaître Jésus de l'extérieur, dans les bibliothèques, dans le catéchisme mais cela ne suffit pas, disait François en septembre dernier. Tu sais des choses sur Jésus, mais ce n’est pas la connaissance que te donne le cœur dans la prière. Si tu ne pries par avec le cœur, tu ne le connaîtras pas.

Que cette eucharistie nous fasse goûter en profondeur ce pain qu'il nous offre. AMEN.

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Mardi, 1 octobre, 2013

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