1997-B-Lc 11, 15-26 - Vendredi 27esemaine ordinaire -: Le seigneur du fumier
Année B : vendredi de la 27e semaine ordinaire (litbo27v.97)
Lc 11, 15-26 : tout royaume divisé contre lui-même LE SEIGNEUR DU FUMIER
N ' est-il pas étonnant, émouvant d ' observer que l ' auteur même du Royaume est accusé de le détruire. Ce Jésus qui n ' a jamais cessé de nous dire, à mots couverts, son identité, est maintenant accusé d ' être du coté de Satan. Vous l ' avez compris il s ' agit ici, de ce combat permanent annoncé par la Genèse entre le pouvoir des ténèbres et celui de la lumière. Ce combat trouve en Jésus le terrain le plus propice à son éclatement au grand jour.
Beelzeboul signifie semble-il en araméen, " Seigneur du fumier" . Là où il y a du fumier, il y a aussi beaucoup de mouches..." Seigneur du fumier... Seigneur des mouches-à-vaches " . Pas trop noble comme titre, n ' est-ce-pas. Paroles méprisantes.
Dans un tel contexte de provocation, de calomnies, Jésus demeure égale à lui-même. Il n ' opte pas pour la contre-attaque. Au lieu de demeurer sur la défensive, - le propre des faibles - Jésus parle de l ' homme fort . Allusion à sa personne sans doute ; de l ' homme fort qui vient s ' attaquer au pouvoir du mal.
Ce combat de Jésus est le nôtre. Il nous faut, dans les mots de Pascal, dépasser l ' homme en nous " l ' homme passe l ' homme " . Il nous faut être plus que nous même. Il nous faut nous affranchir de nous même, nous appauvrir de nous même pour laisser toute la puissance de Dieu agir en nous. S ' affranchir de nous même, c ' est tuer les beelzébouls qui rongent l ' intérieur ; c ' est labourer nos terres pour éliminer les mauvaises herbes. S ' affranchir, c ' est s ' appauvrir de son " moi" , de nos petits royaumes que l ' on préserve souvent comme la prunelle de nos yeux. Zundel parle de la nécessité de se déposséder comme Dieu l ' a fait en s ' unissant à notre nature. Un affranchi est un " converti " aux choses d ' en haut. Et cette conversion-là est quotidienne. Comme consolation : tous ces efforts conduisent à devenir homme fort pour éviter de nouveau de retomber sous l ' emprise des ténèbres. Il décide de retourner dans la maison d ' où il a été expulsé .
Dieu a tellement besoin de notre présence en son Royaume qu ' il nous prie, supplie d ' avoir l ' honneur de pouvoir nous pardonner nos " nuques raides " , nos manques d ' énergie à combattre nos mignons beelzébouls. En nous que de lutte pour voir avec l ' oeil de Dieu. Maître Eckhart aime dire : en nous nous avons deux yeux : intérieur et extérieur. Nos regards sont la cause de tous nos obstacles vers le Royaume de Dieu. Il nous faut forcer Dieu à venir vers nous, en nous.
A votre contemplation : Devant le malin, je ne fais pas la maligne répétait la petite Thérèse. Tous les grands priants ont compris cela, eux qui ont luttés toute leur vie pour passer sur l ' autre rive du royaume. Leur histoire nous dit leur fragilité devant la puissance des ténèbres, cette croix qui est au coeur de notre foi. Et plus élevé est notre montée vers Dieu, plus grande est notre union à Dieu, plus intense et quotidien se font les combats avec nous même. Si tu veux recevoir la joie de divine et Dieu, il faut nécessairement que tu rejettes les créatures (echkart ). Approchons-nous de Dieu il s ' approchera de nous aux heures des nuits de la foi. AMEN.