2001-C- Samedi 5e semaine carême -Jn 11,45-57- changer l'absurde en vie
SAMEDI 5E SEMAINE DU CARÊME (2001) (C)
Homélie ( Jean 11,45-57) changer l'absurde en vie
Tous les jours nous sommes témoins de situations absurdes : tremblement de terre qui déchire l’existence de milliers de personnes; drame familial, incompréhensible dont nos médias semblent nous nourrir avec une intensité choquante, épuration religieuse dans les îles Molusques, condamnation d’innocent par nos tribunaux.. Devant ces situations, chacun de nous se pose la question du “pourquoi cela ”. Impossible de demeurer stoïque, sans réaction.
Impossible également de ne pas réagir devant ce complot que Jean nous rapporte. Notre époque comme celle d’hier a multiplié des tentatives de réponses pour expliquer l’absurdité de l’absurde - quoi de plus absurde que la mort d’un homme qui n’a fait que le bien - Une seule attitude m’apparaît s’offrir à nous : avancer dans le Mystère avec des yeux de lumière. Voici l’heure de transformer l’absurde en Mystère de Pâque.
Il n’a pas suffi à un Dieu de naître. Il n’a pas suffi à un Dieu de passer pour un pauvre artisan. Il n’a pas suffi à un Dieu d’accepter l’humiliation de la croix et de verser goutte à goutte son sang. Il a voulu davantage. Quand l’entourage de Jésus préparait sa mort, lui se préparait à devenir nourriture pour nous donner sa vie. Un Dieu nourriture. N’est-ce pas nous faire mourir d’amour (Thérèse des Andes, carmélite morte à 20ans, canonisée en 93 et figure importante en Amérique Latine) Quelle façon de transformer l’absurde en plénitude de Vie !
L’heure où le grand conseil décida de tuer Jésus (Jn 11,53) est devenue l’heure de la libération de tous les Barabbas du monde. Libérez Barabbas. C’est moi, c’est vous. C’est toute l’humanité à la fois coupable mais libérée par la mort d’un Dieu innocent. Dieu a tellement aimé le monde qu’il lui a livré son Fils unique afin que tout homme qui croit en lui ne périsse pas mais obtienne la vie éternelle (Jn3,16)
Voilà un complot qui tourne bien. Le complot dont il s’agit n’est pas d’abord une mise à mort du Fils de Dieu mais - et le grand conseil l’ignorait - il complotait le commencement d’un jour nouveau. Voilà une croix qui devient la gloire des gloires. Voilà que le Maître du sabbat nous prépare un jour de joie. Sachez qu’aucun complot ne pourra éteindre la flamme d’amour de ses yeux chante la liturgie bizantine. Un complot qui ouvre sur le dernier acte de la vie de Jésus: il apparaît. Il nous apparaît pour que nous placions nos yeux dans sa tête (Paul) Ce complot est folie aux yeux du monde mais suprême sagesse de Dieu (1 Cor1,18)
Devant ce complot, impossible de vouloir imiter son amour. Il suffit de croire. C’est la foi qui nous manque le plus semble confier Paul aux romains quand il leur exprime que ni les oeuvres ni leurs efforts ne suffiront à nous faire imiter le Christ. Seul la foi est nécessaire. Cette foi qui peut seul ouvrir nos yeux à la lumière. Il n’est pas mort. Il vit. Il a livré sa vie mais personne ne l’a prise. Il l’a donnée (Jn10,18)
Voici l’heure du grand mystère. Nous redevenons frères et soeurs. La vie renaît. L’Espérance monte. Notre vie redevient une vie semblable à celle de nos origines. Il n’y a plus d’absurde mais seulement ce grand mystère de foi nous ouvrant à la lumière. Oui nous en avons l’assurance, ni la mort, ni la v ie, ni le présent, ni l’avenir, rien ni personne ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus à travers cet heureux complot qui nous vaut de tomber en extase d’amour.
A votre contemplation : Parce que le monde est devenu cassé, périssable (1cor7,31) parce que nos coeurs humains portaient en eux des blessures mortelles, Dieu lui-même, en la personne de son Fils est descendu (Jn3,13) aussi bas parce que nous avons du prix à ses yeux. Une eucharistie pour nous dire comment bas est descendu Jésus. Une eucharistie non pour l’imiter, c’est impossible, mais seulement pour projeter sur ce pain livré, ce sang versé nos regards de Pâques. Pour se faire louange de gloire. AMEN