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2004-C- Samedi 5e semaine carême -Jn 11, 45-57- la coupe du Christ

Année C- Samedi de la 5 ième semaine du Carême (litcco5v.04)

Jn 11, 45-57-  la coupe du Christ

Toute la vie de Jésus a été ramassée dans un Livre dont nous venons d'entendre un passage. Mais nous ignorons que la vie décrite dans ce livre ne sert que de préface, d'introduction à un autre vie. Dans ce livre, la vraie vie n'est pas décrite. Elle n'est qu'entrevue. " La coupe que je boirai " pour citer Matthieu dont cette conspiration de mort nous en donne déjà un mauvais goût, un goût amer, est le chemin pour y parvenir. Pierre qui a voulu avec une épée en préserver Jésus, s'est fait dire de «  rentrer son épée parce que la coupe que le Père m'a donnée, ne la boirai-je pas? » (Jn18,11) Jésus a même prié, supplié son Père que «  s'il est possible que cette coupe passe loin de moi» (Mtt 26,39).

La coupe à boire est la pierre d'angle d'une vie réussie. D'un devenir pleinement humain. C'est pour cette heure que je suis venu. Elle est la logique déconcertante qui a marqué chaque instant de la vie de Jésus, vie qu'il a voulue pour ses disciples. Jésus -nous le verrons tout au long de cette journée- veut pour nous une logique déconcertante. Un humanisme déconcertant. Une manière de vivre déconcertante. En réponse à la demande de deux disciples de s'asseoir l'un à droite l'autre à sa gauche, (Mtt20,23) demande de gloire, Jésus leur a plutôt offert à boire au quotidien à la coupe que je bois. De communier à sa souffrance. «  Il vous a été donné non seulement de croire mais de souffrir pour Lui » (Phil,1,9)

Boire à la coupe de Jésus. Il y a là-dedans tout le chemin pour laisser nos traces dans l'Histoire. Pour devenir disciple. Pour devenir ce que nous sommes. Impossible d'avancer dans la vie sans être enivrée – le mot n'est pas trop fort - par cette coupe, que nous soyons chrétiens ou pas. Impossible de grandir dans une vie en plénitude, sans être atteint au cœur et dans nos cœurs par une blessure qui fait mal. Impossible de vivre sa vie humaine sans blessure. Sans boire à une coupe au goût amer.

Il nous faut savoir non pas intellectuellement mais trivialement puis-je dire, que le monde que Jésus aime n'est pas le monde de l'Eden, des anges mais le monde des hommes tel qu'il est.

Ce monde, c'est notre histoire «  avec ses grands ruisseaux de sang, le sang des meurtres, le sang des guerres, le sang de la misère, le sang des enfants torturés tranquillement par leur papa et leur maman, et le sang de ceux qui meurent sans raison, par accident" ( Prévert : Paroles). Ce monde, c'est l'humanité livrée à ses forces obscures, à ses démons, à ses tentations d'écrasement, de dominations. Ce monde, c'est cette part de nous-mêmes qui préfère les ténèbres à la Lumière, qui préfère l'union au monde plutôt qu'une vie axée toute entière sur Dieu. Jésus, dès sa naissance, en a connu toute la perversité de ce monde jusqu'à devoir fuir en Égypte.

Ajoutons : ce monde apparemment sans Dieu mais non sans idoles n'est pas sombre de bord en bord. Il a été traversé, imbibé par une coupe qui inspire l'espérance dans les cœurs de ceux et celles qui la boivent avec Lui. Comme Lui. Ce monde parce que Jésus a accepté de boire cette coupe, va basculer vers un devenir de bonheur, d'harmonie.

Une question : nous qui sommes prêts à supporter le goût désagréable de médicaments pour être mieux, pourquoi ne prendrions-nous pas cette coupe qui ouvre sur un devenir meilleur, une vie meilleur, une vie de réalisation de soi ?

Pour entrevoir ce monde, pour désirer notre Église devenir bonté, douceur, compassion, il faut en payer le prix : boire cette coupe. " Je prendrai la coupe du salut ". Seul la contemplation de Dieu nous fait entrer dans le mystère de cette coupe.

Si nous ne buvons pas cette coupe, nous ne sommes pas chrétiens. Nous ne sommes pas " humain". Nous subissons ce que nous sommes plutôt qu'être ce que nous sommes. Si nous ne buvons pas cette coupe, nous ne sommes pas des évangélisateurs, des catéchètes. La seule stratégie pastorale efficace est celle qui est enracinée dans l'expérience de Jésus et son imitation presque littérale.

Nous sommes ici pour vivre "l'enfouissement" en Dieu comme chemin pour devenir Évangile. " Nous sommes portés a mettre en premier les œuvres dont les effets sont visibles " mais Jésus place au premier rang la coupe qui plaît au Père. Toute sa vie Jésus n'a fait que descendre: descendre en s'incarnant, descendre en obéissant à ses parents, descendre en acceptant la persécution, descendre en prenant sa place d'honneur sur la Croix; descendre en se faisant pour nous maintenant eucharistie.

Puisse cette eucharistie contribuer à notre enfouissement, notre descente en Dieu. Ce chemin d'évangélisation n'est pas facile. Il inaugure une vie réussie. AMEN

 

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Jeudi, 1 avril, 2004

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