2004-C-Mtt 7, 15-20- Mercredi 12e semaine ordinaire - pour porter du fruit, se vider de tout
Année C : Mercredi de la 12 ième semaine ordinaire (Litco12m.04)
Matthieu 7, 15-20 POUR PORTER DU FRUIT, SE VIDER DE TOUT (homélie donnée au Monastère de la Sainte Croix)
Il y a plusieurs regards possibles à porter sur cette page de Matthieu. Mais ici sur la montagne de Dieu, ici chez Dieu parce que nous avons fait un détour pour nous approcher de ce buisson ardent qu'est ce monastère des Petits frères de la Croix, mais ici parce que nous sommes les"hôtes" de moines qui nous ouvrent chaleureusement leur "château" pour citer Thérèse d'Avila, permettez que je porte sur cet évangile un regard mystique. N'ayons pas peur de ce mot dont le nouveau catéchisme définit comme une union à Dieu
Thérèse d'Avila qui ne cesse de dire qu'il est difficile d'écrire sans trahis son expérience de Dieu écrit dans son chemin de perfection que Dieu lui a fait comprendre que le monde entier est plein de fausseté – l'Évangile vient de dire pleins de faux prophètes – et que les plaisirs du monde sont plein de peines, de soucis, de contrariété. Il est impossible dit-elle de porter du fruit en dehors du Château.
Une autre spiritualité –l'Islam- fait dire à un soufi si vous ne préparez pas comme il faut votre champ, vous n'aurez pas de bonnes récoltes. Si vous ne préparez pas votre mental par la méditation, vous ne pourrez pas atteindre le plus beau des fruits: la paix intérieure, la tranquillité.
Dans un autre langage, l'Évangile vient de nous inviter à faire un choix entre deux styles de vie: celui de "tout posséder" ou celui de "tout quitter". Il s'agit de deux styles insensés. Il nous faut choisir entre ces faux prophètes qui clament heureux ceux et celles qui n'en finissent pas de consommer toujours davantage ou heureux ceux et celles qui n'en finissent pas de tout quitter.
Et nous sommes ici sur cette montagne parce que nous voulons "faire le vide" disons-nous. Nous sommes ici pour adopter comme l'exprime Guillaume de Saint Thierry les us et coutumes de Dieu . De ce Dieu qui s'est vidé de lui-même. Cet engouement pour le vide qui oblige dit Maître Eckhart Dieu de le remplir de sa présence sera toujours un éternel recommencement.
Demain nous célébrerons la fête de Saint Jean Baptiste, patron de notre terre québécoise. Patron aussi des Chartreux et des moines. Jean-Baptiste s'est si profondément engagé dans le silence, il s'est avancé tellement dans le désert du dépouillement qu'à sa sortie, il a clamé voici l'Agneau de Dieu. C'est le plus beau fruit qu'il nous est donné de porter. Reconnaître au milieu des faux prophètes de notre monde, Dieu.
Mais cette reconnaissance passe incontournablement par un engouement pour le vide qui permet à Dieu de tomber en nous. Mère Térésa de Calcutta répétait que Dieu n'entre pas quand le vase est plein.
A votre contemplation ces mots de Charles de Foucauld dont l'esprit anime ce monastère : vidons nos cœurs pour opter pour cette kénose dont Jésus le premier a pris le chemin. Vidons nos cœurs et nous deviendrons pain livré pour le salut du monde. AMEN