2004 -C- Dimanche 3e semaine Carême -Lc 13 1-9 " faire une détour "
Année C- 3 e dimanche du Carême (litcc03d.04)
Lc 13 1-9 " faire une détour " (donnée aux membres de l'Institut PRÉSENCE ET VIE)
A écouter l'Évangile, on se croirait au XX1e siècle. Une tour qui tombe. Un massacre purement gratuit de Galiléens. À entendre la 1 ière lecture, même impression. Le peuple était en état de révolte parce que manquant de tout.
Comme solution à ces crises, ces événements d'hier et d'aujourd'hui, l'Évangile nous propose de porter du fruit, d'éviter la stérilité en devenant ce que nous sommes " créatures nouvelles ", en devenant des "nouveaux-nés", des "premiers-nés" d'une mentalité nouvelle. Comment re-naître ? Comment cela peut-il se faire ? Cela passe par l'obligation de "faire un détour" , faire un détour vers l'intérieur " près de ce buisson ardent ", "faire un détour " pour habiter ne serait-ce que quelques instants dans ce buisson ardent pour "entendre des choses extraordinaires "
"Faire un détour " c'est entrer dans sa chambre, sa cellule intérieur (Catherine de Sienne), se détourner de l'ordinaire, " enlever nos sandales "que sont nos préoccupations, nos angoisses, nos inquiétudes et qui sont autant d'obstacles pour éprouver que" tout ce qu'il fait est admirable ." " Faire un détour ", c'est devenir PRESENCE À DIEU. C'est "être avec " Dieu. N'est ce pas la plus belle et simple définition de votre vie. Faire un détour pour être Présence. Pour être prière.
"Faire un détour" pour entendre avec "l'intellect du cœur" ce Dieu nous dire son nom: " Je suis " sans se dévoiler. Pour entendre sa Voix compatissante, proche de nos angoisses, nous dire – et quel réconfort il y a la dedans – " J'ai vu la misère de mon peuple. J'ai entendu ses cris. Je connais ses souffrances. Je suis descendu pour le délivrer ". C'est la 1 ière parole de Dieu qui nous soit connue. Le Psaume ajoutait :" il défend le droit des opprimés et révèle ses desseins à Moïse ".Aujourd=hui se réalise cette parole.
Pour éviter la non-fertilité de nos vies, s'obliger au quotidien " un détour ", nous tourner au quotidien vers Dieu pour devenir en état, je dirais, nuptial, mystique de PRÉSENCE À DIEU. Pas facile ! Thérèse d'Avila fait remarquer que nous sommes souvent comme des gens qui invitons à notre table mais que nous nous occupons de d'autres choses. Cassien (453) disait jadis " tout ce que nous avons dans l'esprit avant l'heure d'oraison, nous est fatalement représenté par la mémoire à l'heure de la prière " . Devenir PRÉSENCE à Dieu est une longue lutte semblable à celle de Jacob qui a lutté toute la nuit, jusqu'à l'aurore (Gn32,25) Devenir PRÉSENCE jusqu'à éprouver ce ravissement nuptial, mystique d'être là en Dieu, chez Dieu. Ne rien éprouver d'autre que Dieu. Heureusement que sur ce terrain nous bénéficions de la patience de Dieu. " Laisse-le encore, le temps que je bêche ". Heureuse patience que cette impatience de Dieu à nous voir PLEINEMENT PRÉSENCE A LUI !
Faire un détour pour entendre un appel : " Va vers Pharaon, tes frères, je suis avec toi " . Entendre un appel à être VIE. Pas une mince affaire que de libérer de l'esclavage de la consommation. Pas une mince affaire que d'aller auprès du peuple pour lui faire " voir cette chose extraordinaire " de la faisabilité de vivre ensemble en état de solidarité, de justice au quotidien. Faire un détour pour mieux retourner dans nos terres " non pour récriminer contre Dieu " ( 2 ième lecture) mais pour déposer au pied du figuier atteint d'une "maladie d'être" contaminé par des polluants de puissance, de jalousie, de rivalité, un peu de cette Terre Sainte, plein d'engrais que nous portons en nous.
Je termine par ce merveilleux échange entre un brahman mourant et son fils. " Je dépose en toi ma parole" dit le brahman à son fils qui lui répond :" Je reçois en moi ta parole ". Il continue :" je dépose en toi mon souffle, ma vision, mon ouie, mes actions, ma félicité, ma capacité d'engendrer, ma connaissance". Chaque fois le fils réponds " je reçois en moi ton souffle, ta vision, ton ouie, ta capacité d'engendrer, ta connaissance " Et le père brahman mourant ajoute " que ma gloire, ma renommée t'accompagne!" (livre des sagesses p.1556)
Paroles-rites, paroles-passage d'une génération à une autre, Paroles-rituelles d'un buisson-ardent qui brûlait sans se consumer à celui du feu de la Passion qui embrase notre terre. Paroles-passage d'un Dieu tellement PRÉSENCE ET VIE qu'il nous envoie être PRESENCE ET VIE. Oui, femmes consacrées, Dieu dépose en nous sa parole, son souffle, sa vision, sa capacité d'engendrer, sa connaissance. Et ce Dieu, ce je suis ajoute Que ma gloire, que ma renommée t'accompagne. " C'est le mémorial par lequel vous me célébrerez d'âge en âge " . AMEN..
" LE SENTIMENT DE SA PRÉSENCE
N'EST PAS PLUS UN SIGNE DE SA PRÉSENCE QUE L'ARIDITÉ NE PROUVE SON ABSENCE "
(saint Jean de la Croix)