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Année C: Dimanche 17e semaine ordinaire (litco17d.13)
Lc 11, 1-13 Dites Père.

Il y a le salon de l'auto, le salon du livre, la salon nautique et beaucoup d'autres. Aujourd'hui pour ajouter à notre chartre de l'identité chrétienne, faite d'une vie simple (14e dimanche), soucieuse des mal en point (15e dimanche),  d'accueil, d'hospitalité (16e dimanche), les textes nous invitent à visiter de l'intérieur le salon de la prière. À ne pas demeurer sur le seuil d'entrée. Notre vie ressemble souvent à des gens qui visitent un château de l'extérieur. Sans y entrer, nous ne voyons rien de sa richesse cachée.

Sans entrer dans le mystère de la prière, impossible de nous laisser impressionner comme les disciples en voyant Jésus prier. Un jour quelque part Jésus était en prière. Jésus, dans sa manière de prier, montre le Père. Qui m'as vu a vu le Père. Le Père et moi sommes un. De même que le buisson ardent avait attiré Moïse, de même Jésus, en prière, a tellement allumé dans le coeur des disciples un désir de prier qu'ils lui ont demandé : apprends-nous à prier. Non pas apprends-nous une prière à réciter, à répéter, mais apprends-nous à prier. Quelle scène extraordinaire ! Quelle belle réponse de Jésus qui leur révèle le coeur de sa prière : Quand vous priez, dites Père.

Père mot audacieux parce qu'il présuppose une grande intimité avec Quelqu'un ; Père, mot qui ouvre nos yeux sur notre propre identité de fils de Dieu ; Père celui dont François de Sales dit qu'il est maternellement paternel ; Père, tel est le premier mot donné par Jésus à ceux qui désire apprendre à prier. Ce mot est tellement utilisé, a tellement mal vieilli en nous que nous en perdons tout le sens.

Pourtant quand nous prononçons ce mot à la manière de Jésus, il se produit que ce Dieu Père, qui es au cieux vient habiter en nous pour nous sanctifier. Déjà au deuxième siècle, Tertullien précisait nous demandons que son nom saint, nous sanctifie.  Il se produit que son Règne, que le paradis de Dieu descend, arrive en nous.

Personne jusque-là n'aurait pu imaginer que le Dieu incréé, créateur de l'univers, entretienne avec nous cette relation d'un père à son fils. Si nous étions fils de quelqu'un de célèbre, nous ne manquerions pas de le faire savoir. Or, nous sommes fils de Dieu. C'est une erreur de penser que nous sommes moins fils de Dieu que Jésus lui-même. 

Fils de Dieu. C'est la clé charnière de notre charte de l'identité chrétienne. C'est délicieusement fou, c'est follement délicieux (Augustin Valensin 1879-1950 dans la joie dans la foi). C'est la merveille des merveilles, la bonté des bontés.Nous avons besoin de nous persuader de cela pour voir nos vies transformées. Pour devenir prière vivante parce qu'il y a des prières mortes. Qui ne nous transfigurent pas en évangile vécu.

Consolant, la première lecture confirme qu'il ne faut pas hésiter à déranger ce Père : si c'était seulement vingt, seulement dix. Demandez, vous obtiendrez (Lc 11,9). Cherchez, vous trouverez, frappez, la porte vous sera ouverte (id.). Comme le font les enfants d'aujourd'hui plus que nous à leur âge, le pape François précisait récemment commentant la première lecture qu'il faut avoir le courage de «négocier» en peu de mots avec lui à travers une demande insistante et convaincante. [Il faut] aller auprès du Seigneur en étant courageux pour lui demander des choses.. même si la prière n'est pas une chose magique. On ne fait pas de la magie avec la prière.  

Entrer dans le salon de la prière, à la manière d'Abraham, le suppliant, à la manière de Jésus, le médiateur, c'est paradoxalement sortir de nous-mêmes en nous ouvrant aux besoins des autres. C'est respirer du souffle de Dieu, qui est souffle de compassion, qui donne du pain quotidien aux tombés de la route. Entrer dans le salon de la prière, c'est avoir à notre tour un coeur de père pour voir en profondeur et non seulement en surface, les besoins de pain, d'affection, de tendresse, de compassion autour de nous et d'y répondre en abondance.

Signons de nos vies ce qu'exprimera dans un instant la prière de conclusion des intentions prière: Père tu connais mieux que nous-mêmes ce dont nous avons besoin. Dis-nous ce que tu veux que nous fassions pour que ton Règne vienne sur terre comme au ciel. AMEN