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Credo

 
LE CREDO (Symbole de la foi)
 

Connaissez-vous l’histoire du Credo1  ? Avez-vous déjà imaginé qu’il était, au point de départ, une prière personnelle ? En fait, il est devenu une prière communautaire quand il a été inséré dans l’Eucharistie dominicale et cela d’une manière progressive, d’abord en Espagne, puis en Angleterre et en Irlande. Finalement, l’Empereur Charlemagne, avec l’approbation du pape Léon III,  a insisté pour que Credo soit chanté dans l’Eucharistie dominicale, même s’il n’était pas une prière eucharistique. Depuis ce temps, le pape Benoit VIII, à la demande du roi Henri II, vers les années 1015,  a inscrit le Credo dans toutes les liturgies dominicales du monde occidental. 

 
Aujourd’hui, baptisés que nous sommes,  membres du « Peuple saint de Dieu », croyants actifs dans l’Église, avons-nous déjà pris le temps de réfléchir à cet héritage qui nous a été donné  de proclamer le Credo, résumé de notre foi en un Dieu Trinitaire, après l’Évangile, à l’Eucharistie ?
 
Au moment de proclamer le Credo (Symbole des Apôtres), que ce soit à la messe,  au baptême d’un catéchumène ou d’un enfant, ou encore au renouvellement de la foi de notre baptême dans la Nuit pascale, nous formulons un « je crois » personnel en un Dieu  Père, Fils et Esprit saint. Chaque « je crois » s’insère dans le « nous » d’une assemblée, de l’Église catholique. Par ailleurs, en proclamant le « Symbole de Nicée Constantinople », nous nous unissons fraternellement à d’autres chrétiens, soit les orthodoxes et les  protestants. Bref, la profession de foi (Credo) est un symbole dont les mots nous appellent à  une réalité autre, toujours à approfondir. 
 
Attention ! Ce n’est pas Jésus qui a donné le Credo, mais l’Église. Avec lui,  nous avons accès à ce que vivaient les premiers chrétiens souvent mis à l’épreuve de défendre leur foi en Jésus Christ devant les nombreuses hérésies. Puis,  les évêques, réunis en concile, ont défini  les principales formules du Credo ralliant l’ensemble des chrétiens, et cela, dès les premiers siècles de la vie en communauté chrétienne. 
 
L’Église utilisera davantage l’expression « Symbole de la foi » à la place de Credo. Pourquoi ? Parce que la racine grecque du mot « symbole » signifie « mettre ensemble ». Le symbole est, entre autre,  un objet divisé en deux parties. Chacune de ses parties est confiée à une personne. Lorsque celles-ci se  retrouvent, elles découvrent la partie manquante de leur objet. Elles peuvent réunifier l’objet. Donc, il y a là une dépendance de chaque personne envers l’autre  pour reconstituer la vérité de l’objet. Il en est de même avec le « Symbole de la foi ». En le proclamant, chacun et ensemble, nous découvrons ou redécouvrons  notre dépendance par rapport à Dieu qui donne la foi et la vie à l’humain.
 
À notre baptême, le « Symbole de la foi » a précédé le geste de l’eau versé sur notre front. Nous avons été baptisés dans la foi de l’Église, professée par nos parents, nos parrains et marraines et par l’assemblée. Le signe de l’eau est en  lien avec la foi de l’Église. Comme baptisés, chaque fois que nous confessons le « symbole de la foi », l’Esprit saint qui nous habite, nous associe à l’histoire de Jésus Christ. En regardant attentivement les mots qui composent le Credo, nous y trouvons une facture évangélique. 
 
La rédaction des différents « Symboles de la foi » (il y en a trois)  a demandé quatre siècles après Jésus Christ. C’est une formulation œcuménique avec quelques variantes selon les différentes confessions chrétiennes. Rappelons-nous qu’au jour de la Pentecôte, les Apôtres « ont crié » (Kérygme) l’expérience de leur vécu avec le Christ. A son tour, l’Apôtre Paul a formulé sa foi avec vigueur tout au long de ses lettres adressées aux communautés chrétiennes qu’il a fondées. Cependant, avec de nombreuses hérésies, les autorités ecclésiastiques comme l’évêque Irenée de Lyon (II2 siècle) structureront un « Symbole de la foi » autour du Père, du Fils et du Saint Esprit.
 
Présentement, nous formulons notre profession de foi avec trois symboles : le « Symbole de Nicée Constantinople » (né en 325 ap. J.-C. au cours d’un Concile), le « Symbole des Apôtres » (son origine est inconnue mais, il aurait été proclamé à Rome avec les Apôtres Pierre et Paul) et, la « Profession de foi » dans la Nuit pascale(où nous sommes invités à renouveler, personnellement et en connaissance de cause, la foi de notre baptême), sous forme d’un dialogue,  restaurée avec le Concile Vatican II.
 
Finalement, ayant pris connaissance de l’origine et de l’évolution du « Symbole de la foi » (Credo) à travers les siècles, nous devons nous questionner sur sa transmission. D’abord « comment » préparons-nous le renouvellement de notre foi baptismale dans la Nuit pascale ? Quels moyens utilisons-nous pour le « passer au suivant », soit à la génération qui nous suit ? Ensemble, nous avons un « Symbole de la foi » toujours à découvrir ou à redécouvrir : il nous met en lien  avec le  Dieu Trinitaire qui donne la vie en abondance.
 
 
Louise Morin-Thibault
 

1.  Loret, Pierre., « LA MESSE Du Christ à Jean-Paul II », Histoire de la Liturgie eucharistique, 1980, Novalis/Salvator, p 106-108.