2025-C- Ascension- offrir le peu que nous sommes
2025-C- Ascension
Lc 24, 46-53 : offrir le peu que nous sommes
Nous avons de l’Ascension une image qui nous colle à la peau, celle d’un départ. Nous retenons que Jésus a dit je m’en vais et je reviens. C’est mal comprendre. Jésus nous dit qu’il est tous les jours avec nous (Mt 28, 20). Il serait plus juste de dire je m’en vais et je viens. Jésus ne revient jamais vers nous. Il vient vers nous. Nous ne perdons jamais Jésus, nous le trouvons. Nous ne le voyons pas, nous le discernons. Sa présence est aussi réelle en nous, à nos côtés que celle qu’avaient les apôtres. Sans leur foi, les apôtres ne voyaient qu’un humain. Jésus est à la fois au-delà de nous et au-dedans de nous.
Il ne s’agit pas d’un futur, mais d’un présent. Jésus ne dit pas qu’il revient, mais qu’il vient. Jamais dans le Nouveau Testament, je dis bien, jamais il n’est question du retour du Christ. Chaque page de l’Évangile parle de Jésus qui vient vers nous.
Je résume. Jésus retourne vers son Père, mais sans s’éloigner de nous. En naissant, Jésus ne s’est pas éloigné de son Père. En nous quittant, il ne s’éloigne pas de nous. Je vous amènerai avec moi. Là où je suis vous serez vous aussi (Jn 14,3). Nous demeurons déjà dans les demeures éternelles, nous sommes déjà ressuscités (Christian de Cherge), tout en demeurant ici-bas. Le ciel est en nous disent les mystiques.
Ascension, c’est Jésus qui vient en s’en allant. C’est un départ et un arrivé, une Présence et absence. Il est faux de parler de l’absence de Jésus. Son départ signifie que Jésus voit « grand », qu’il nous voit accomplir de grande chose. Il a tellement confiance en nous qu’il remet entre nos mains son rêve d’une fraternité univer-selle.
Avec le peu que nous avons et le peu que nous sommes (pape Jean-Paul 1er), l’Ascension nous fait entendre que Jésus a fait sa part, à nous maintenant de faire la nôtre (Jacques Musset). Il veut que nous voyons « grand » en nous investissant sans réserve à semer sa bonne nouvelle dans tous les sortes de champ du monde.
Quelle fut la part que Jésus a fait ? J’en mentionne trois.
Première chose : Il a passé en faisant du bien à tout le monde, non seulement aux pratiquants dans le temple. Jésus a sorti la religion de son temps d’un légalisme et d’un ritualisme extrême. Il s’est opposé à une religion de façade, de répétition de codes, de rites, à une religion axée sur le paraître, une religion qui rejette les im-purs, les imparfaits, qui ne change pas les personnes. Il s’est mis à dos les prêtres de son temps tant il les a scandalisés.
Deuxième chose : Il a renversé les valeurs ancestrales en privilégiant les gens de bas niveaux au risque de sa vie. Il s’est assis à toutes les tables, jaser avec tout le monde, n’a rejeté personne.
Troisième chose : Jésus cache quelque chose de beau. Il cache quelqu’un d’autre. Qui m’a vu a vu le Père (Jn 14, 9). Son humanisme est divin. L’humain Jésus, dont j’insiste beaucoup, ne doit pas nous empêcher de voir le divin en Lui. L’Esprit qui a animé sa vie inspire aussi chacun d’entre nous, croyants ou pas.
Pour poursuivre ce que Jésus a fait, en nous quittant, il nous laisse quelque chose de beau. Il nous bénit vient d’exprimer saint Luc. C’est son dernier geste. Il nous bénit pour que nous prenions en charge son œuvre. De-puis notre baptême nous sommes des bénis de Dieu. La messe se termine par une bénédiction pour signifier que nous sommes à notre tour des envoyés pour bénir, non pour maudire, non pour juger, non pour insulter, mais pour agir comme Jésus. Faire notre part, c’est offrir un regard de bénédiction qui énergise, un regard de lumière qui voit dans les ténèbres l’espérance qu’une autre manière de vivre qui se bâtit lentement.
Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance car il est fidèle, celui qui nous a promis sa bénédiction. Ne disons pas que l’Ascension est un départ, c’est la fête de la confiance que Jésus nous porte. Faisons notre part.