2025-C-Jn 21 1-14- dimanche de la 3e semaine de PÂQUES- heureuse discrétion
2025-C- dimanche de la 3e semaine de PÂQUES(litcp03d.25)
Jn 21 1-14- heureuse discrétion
Ce qui est merveilleux dans les récits de la résurrection, c’est la discrétion de Dieu. Il ne s’impose pas. Il se montre dans des gestes qui rappelle sa présence. Le contact avec Jésus se vit à partir d’une expérience de l’absence. Jésus était davantage présent à ses disciples après sa mort que durant sa vie. Rien de mieux que l’absence pour raviver la mémoire. Son départ avait ravivé leur proximité avec Jésus. Remémorez-vous ces premiers jours (He 10,36).
Le souvenir de Jésus attristait les disciples, mais en même temps allumait en eux les beaux moments qu’ils avaient vécu avec lui sur les routes de la Galilée. Dans leur cœur, Jésus n’était pas mort. Ce souvenir leur donnait de l’énergie pour continuer à espérer. Leur mémoire de Jésus transformait leur passé en source d’inspiration. Plus notre déception est grande, plus grande est notre renaissance. Plus grande est la joie de reprendre vie, de sortir d’un état de déprime.
Pour eux, ce souvenir de Jésus était beaucoup plus que de l’autoconservation de sa vie. Il les poussait à vivre comme lui, à ne pas laisser ses paroles mourir en eux, à continuer à se faire proches des gens comme le rapportent les Actes des Apôtres. Bref, à bien gérer le legs qu’il leur laissait. L’absence de Jésus leur a fait comprendre et voir en profondeur la beauté de sa vie. Voir non pas comme une extase ou nécrose, mais voir comme une plus grande compréhension du legs que Jésus leur a laissé.
Dans en exhortation sur la fraternité, le pape défunt écrit avec justesse qu’on ne progresse jamais sans mémoire, on n’évolue pas sans une mémoire complète et lumineuse (Fratelli tutti, n. 249).
Chaque apparition de Jésus réanimait dans les disciples une mémoire vive de ce qu’il fut pour eux. En retournant à leur vie normale, les disciples avaient le cœur gros, en avaient gros sur le coeur. Ils étaient désorientés, tristes. Il faisait nuit dans leur vie, mais Jésus n’était pas mort dans leur cœur.
Ce qui m’impressionne dans cette scène sur le bord du Lac, c’est que Jésus ne commande pas, il quémande. Il ne domine pas. Sa discrétion est bouleversante. Il se présente à eux comme celui qui a faim. Avez-vous quelque chose à manger (Jn 21,5a). Il se présente comme un humble mendiant affamé de leur amitié, de les voir poursuivre son rêve d’une terre fraternelle.
Les disciples n'ont rien à lui donner, pas même une réponse aimable : Ils lui répondirent : Non ! (Jn 21,5b). Jésus n’est pas offusqué par leur échec à le reconnaître. Il ne leur reproche même pas d’avoir oublié qu’il leur reverrait en Galilée, sur leur lieu de travail.
Et Jésus, pour se faire reconnaître, reprend discrètement son geste de les nourrir, son geste mémoire de lui. À y regarder de près, cette scène sur le bord du Lac, ce déjeuner matinal, est une Pentecôte dans la vie des disciples qui se voient à nouveau ressuscités.
Sur le rivage, Jésus est presque indiscernable. Il n’est reconnu ni dans la splendeur de sa résurrection, ni au signe du pain partagé, ni aux marques de sa passion. Il est reconnu dans ce qu’il donne à manger. Sur le rivage, Jésus fait entrer les siens dans la grande simplicité du partage comme chemin pour continuer sa présence.
Ce matin, 3e apparition de Jésus, reprenons avec foi le cri de Jean qui dit à Pierre c’est le Seigneur. Admirons sa discrétion à ne pas s’imposer et en même temps voyons les signes nombreux de sa présence autour de nous.