Ajouter un commentaire

Année - C- Dimanche de la 1re semaine du carême C (litcc01d.25)

Lc 4, 1-13 : tentation ou victoire ?

La tentation commune à tous les humains, les plus grands saints comme les plus petits, est celle de détourner son regard de Jésus. De perdre de vue le donateur des biens. Le tentateur s’efforce de détourner le regard de Jésus du Dieu de sa foi qu’il nomme son Père en lui proposant trois routes recherchées aujourd’hui : avoir toujours plus de bien, plus de gloire et plus de sécurité. Jésus est tenté au niveau de la nourriture, du pouvoir et de la foi.

Ces trois tentations – nous le percevons peu - contiennent toutes les tentations que nous affrontons aujourd’hui. Tentation matérielle, tentation de gloire, tentation de foi. Ces tentations ne sont pas seulement celles des chrétiens, mais de toute personne aujourd’hui. Est-ce si grave de ne pas satisfaire nos envies ?

Plus qu’une attirance, la tentation est un combat pour ne pas rester ce que nous sommes devenus, mais pour devenir ce que nous sommes (Grégoire de Naziance). Toute sa vie et jusque sur la croix Jésus a démasqué des comportements inhumains : haine, jalousie, rivalité, etc. Il nous laisse en héritage à contempler, à admirer l’image d’un humain habité par une force intérieure qui ne le quittait pas. Et cette force intérieure qu’il puisait dans ses temps de désert séduisait les foules qui en le voyant vivre se demandaient qui est-il pour agir ainsi ?  

Humain comme nous, Jésus a lutté contre la tentation de la toute-puissance pour réaliser son projet de royaume. Il a lutté pour ne pas devenir une « vedette » habillée de gloire. Pour ne pas être « adoré » par la foule. Il s’enfuyait quand la foule voulait le faire roi (Jn 6,15). Si tu es le Fils de Dieu, à comprendre puisque tu es Fils de Dieu, dis à ces pierres de se transformer en pains. Si tu te prosternes devant moi…, Jésus refuse cette option.  

Chaque page des évangiles nous présente un Jésus confronté au mal, un Jésus recherché parce qu’un faiseur de trouble, un Jésus adulé par les uns et détesté à mort par d’autres. Ce récit indéchirable des Évangiles (Bernard Sesbouë) devrait s’appeler non celui de la tentation, mais des victoires de Jésus. Tu remarques que le Christ a été tenté, et tu ne remarques pas qu’il a vaincu (Augustin).Toute sa vie Jésus fut confronté à de nombreuses tentations.

Songeons aux maîtres de la loi qui le harcelaient de questions pièges pour le soumettre à l’ordre établi. Songeons aux pharisiens qui lui demandaient de cesser le jour du sabbat de soulager les souffrances des gens. Songeons à ses disciples qui désiraient se voir réserver les places d’honneur près de lui. Songeons à Pierre qui lui reprochait de mettre sa vie en danger.

À chaque fois qu’un évangéliste nous présente l’attitude de Jésus devant ses détracteurs, devant ses disciples qui désiraient des promotions vers le haut, il ajoute que Jésus puisait son énergie dans ses longs moments de prière à l’écart. Jésus était un homme habité par l’Esprit de son Père. Nous avons l’impression plus ou moins forte que Jésus a vécu sa vie dans un jardin de bonheur, un paradis de Bonheur alors que sa vie fut un combat contre les forces d’inhumanisation qui l’entouraient.

Ce matin, contemplons la beauté des victoires de Jésus. Contemplons que Jésus puisait son énergie dans sa prière.

Pour chacun de nous, le carême signifie un temps de pénitence. Ce n’est pas faux. Nous pouvons faire des sacrifices, tenir des résolutions sans pour autant rencontrer Dieu. La tentation qui nous guette durant ce carême est de perdre de vue Jésus, de sacrifier nos temps de prière par des activités de toute sorte.

La lettre à l’Église de Laodicée devrait nous faire réfléchir. Je connais tes actions, je sais que tu n’es ni froid ni brûlant… Puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche…. Sois fervent et convertis-toi. (Ap 3, 15s). Ne ralentissez pas votre élan, restez dans la ferveur de l’Esprit (Rm 12, 11).