2025-C-Mc 2, 13-17 -samedi de la 3e semaine ORDINAIRE- le prestige des imparfaits
2025- C- samedi de la 3e semaine ordinaire (litco03s,25)
Mc 2, 13-17 – le prestige des imparfaits (Lévi)
Dans son chemin de perfection (chap.19), Thérèse d’Avila écrit que celui qui se croit le plus vil est peut-être le plus élevé devant Dieu. Laissez faire le Maître de la maison. Lévi qui n’était pas le meilleur des humains a laissé Jésus agir en lui. Jésus ne choisit pas des gens snobs, des gens qui ne portent pas à terre. Il choisit en un mot des humains, des gens simples et souvent de mauvaises réputations. C’est à eux qu’il confie son projet.
L’auteur G.K. Chesterton écrivait déjà en 1905 que personne ne peut détruire ce qui se bâtit sur le rien. L’Église, dit-il, est indestructible parce que fondée sur des personnes de petite condition sociale, sur des personnes faibles. C’est pour cette raison qu’elle est indestructible, car lorsque je suis faible, je suis fort. Aucune chaîne n’est plus forte que son chaînon le plus faible.
Son regard sur Lévi est une option non optionnelle. Il prend origine dans sa naissance. Jésus ne choisit pas une grande ville d’un grand empire. Il ne choisit pas une princesse, une comtesse pour mère, une personne importante. Il ne choisit pas un palais luxueux. Il choisit comme mère une jeune fille inconnue, vivant dans un village en périphérie. Les grandes villes du monde n’en savaient rien.
Jésus réalise ce qu’il a dit dans le temple : l’Esprit saint du Seigneur est sur moi, il m’a envoyé porter la bonne nouvelle aux pauvres (Lc 4, 18). Jésus sort.
En appelant Lévi, Jésus scelle une alliance avec ceux qui n'ont pas « pignon sur rue », qui n’ont pas de voix au chapitre, ceux dont la position sociale est proche de zéro. Le pape déclarait aux nouveaux cardinaux que notre cœur peut se perdre par l’attrait du prestige[1].
Ce choix de Jésus a la saveur de l’espérance. Jésus invite à regarder l’avenir avec espérance et appelle à une manière nouvelle de vivre. Il devrait atténuer nos présomptions d’autosuffisance. Nos petitesses sont désormais remplies de grandeur. Jésus atteste que personne n’est exclu aux yeux de Dieu. Cette attraction de Dieu devrait nous bouleverser jusqu’à délaisser nos illusions d’indignité à annoncer l’Évangile.
Nous serions parfois tentés de regretter ces temps où notre Église représentait une force, un pouvoir, avec lesquels les gouvernants devaient composer. Mon étonnement est d’observer que cette alliance de Jésus avec les non-notables, les non-leaders, les insignifiants, est le gage de durabilité, de solidité. Rien ne détruit ce qui est fragile. C’est ce roc que Jésus a choisi pour annoncer son projet de fraternité. Notre place comme Église, comme pasteur, comme chrétien n’est pas de se retrouver sur les sièges d’honneur de ce monde qui sont par définition éjectables.
Ce qui est nouveau, c’est un Jésus qui brise la division entre parfaits et imparfaits, purs et impurs, totalement bon ou totalement mauvais. François d’Assise a perçu cette nouveauté quand il a intuitionnait que Dieu pouvait être trouvé en toutes choses, même celles que notre religion et notre culture nous poussent à rejeter. Ce qui est nouveau c’est que Jésus annonce la direction qu’il Jésus entend donner à sa mission : une annonce de bonheur en direction des pauvres, de ceux qui ont le cœur brisé, la libération des esclaves et des prisonniers, le retour à la vue pour les aveugles…. Quel programme ! Utopique ? Idéaliste ?
À votre contemplation. Jésus initie quelque chose de nouveau. Le cœur de l’Évangile est que Jésus a intégré les imparfaits. Il a commencé un mouvement, l’intégration du négatif, (père Richard Rohr ofm). Il invite à être sensible à leur situation. Paul appelle de ce mouvement comme sa faiblesse qui devient sa force.
Rien (d’autre) n’était capable, écrit la petite Thérèse, d’attirer ses regards tant sa miséricorde a fait d’elle ce qu’il y a de bien en elle (Ms A 3).