2025-C-Jn 2, 1-11 :dimanche de la 2e semaine ORDINAIRE- buvons un bon vin
2025-C : dimanche de la deuxième semaine ORDINAIRE(litco02d.25)
Jn 2, 1-11 : buvons le vin de la joie
Y a rien qu’à moi que ça arrive. J’entends souvent cette expression. Elle signifie que tous les malheurs humains lui tombent dessus. Derrière ces mots simples de Marie, il n’y a plus de vin, se cache le drame des nouveaux mariés, de leurs deux familles. Ils n’avaient pas de plan « B ».
Ce premier signe de Jésus montre quelque chose de très profond. En fait, ce signe dévoile ce que sera toute la vie de Jésus. Cet Évangile est souvent compris comme une préfiguration du mystère de l'Eucharistie, une proclamation prophétique du ministère de Jésus. Mais ce premier signe de Jésus est à comprendre que là où il y a de la misère, que là où il y a de la souffrance, Jésus est à l’œuvre. Là où se vit des drames humains, là se tient Jésus. Il est ce Dieu avec nous.
En ouvrant son Évangile et en situant Jésus au milieu de cette fête nuptiale, l’évangéliste Jean nous montre un Jésus attentif aux drames humains. Jésus ne veut pas que la fête soit un fiasco. Il ne veut surtout pas souler les gens en leur offrant du bon vin. Donnez-moi, dit Archimède, un point d’appui et je soulèverai le monde. Ce point d’appui, la misère, la souffrance, est le pilier de toute la vie publique de Jésus. Sa présence jette du baume sur toute situation dramatique.
Songeons à cet épisode où il est assis au milieu d’une barque dans une virulente tempête (Mc 4, 35-41). Songeons à son arrêt au puits de Jacob et sa rencontre avec une samaritaine (Jn 4, 1-42). Songeons à cette veuve qui conduisait son fils au cimetière (Lc 7, 11-17). Songeons aux disciples d’Emmaüs (Lc 24, 18-35). Songeons à la foule dans le désert que Jésus a nourri (Jn 6, 1-6). Là où il manque du vin, manque de joie, de compassion, là se trouve Jésus.
Le récit des noces de Cana est un récit de transformation nécessaire pour continuer la fête. Plus important, c’est une transformation dans le secret. Personne n’a vu ce qui se passe. Le maître de la noce n’a rien vu, ni les invités. Ce n’est pas une transformation qui se voit, mais qui se goute.
Ce récit est pour nous. Tous les jours nous sommes en manque : manque de sagesse, de confiance, de tolérance, de silence, d’espérance, de simplicité, de respect, de compassion, de bonté, de santé. À Cana, Jésus vient à la rencontre d’une humanité blessée, d’une humanité qu’il veut épouser. Ce n’est plus du vin que Jésus transforme, c’est un accroissement de vie.
En changeant l’eau en vin, Jésus change nos chagrins en sourires, nos déceptions en espérances, nos solitudes en fraternités, nos peurs en reprise de confiance et nos hontes en dignité retrouvée. Il veut nous voir vivre le cœur en fête.
Jean raconte ce signe de Cana pour nous inviter à être des pèlerins de la joie. Autour de nous, il y a beaucoup de party, mais la joie n’est pas toujours au rendez-vous. Il veut nous voir déborder de joie, de cette joie qui nous vient du dedans même si le dehors n’est pas réjouissant.
Ouvrons une bonne bouteille de vin qu’est cette eucharistie. Mettons en œuvre les dons que nous avons reçus. À chacun est donnée de manifester l’Esprit de Jésus en vue du bien (1 Co 12,4). Je termine par ces mots d’un Père de l’Église naissante : Les invités n’ont pas tout bu, nous en buvons encore. AMEN.