2024-C-Mt 10, 9, 35-10,1.5a,6-8-- samedi 1 semaine AVENT- proximité
Année C : samedi de la 1ière semaine AVENT (litca01s.24) .
Mt 10, 9, 35-10,1.5a,6-8- il s’est fait proche de nous.
Une question est pour moi une écharde profonde. Qu’est-ce qui fait avancer notre monde vers la réalisation du rêve de Jésus ? De son projet de royaume ? Certains pourraient répondre l'économie, d'autres la démocratie, d’autres la fraternité qui embrasse tous les humains, d’autres des vies de sainteté politique[1], des vies exprimant, dit la bulle annonçant l’année sainte 2025,l’espérance contenue dans le cœur de chaque personne comme un désir et une attente du bien[2].
Le temps de l’Avent nous indique un chemin, pilier de ce grand projet de Jésus, la proximité. Voici le chemin, prends-le dit la lecture. Notre Dieu n’est pas un grand Dieu. Il est un Dieu proche. Il s’est fait proche de nous. Il montre que la foi par en bas nous conduit à réaliser son royaume.
Jésus fait le choix de manifester de la tendresse, de la bonté, de l’écoute envers ceux qui lui donne du fil à retorde. Il n’est pas venu endoctriner ni suggérer des techniques de marketing. Il a vécu un style de vie de proximité, spécialement envers ceux qui ne valaient rien. Il a communié à leur isolement (Lc 15, 1-10), porté attention à leurs questions (Lc 24, 18-35). Au très crapuleux Zachée, il lui a dit : Il faut que j’aille chez toi (Lc 19,5). Le choix de Jésus est de s’asseoir, pour citer Bernanos dans son journal du curé de Campagne, près du vieux père Job sur son fumier, plein de plaies et d’ulcères. Un peu désagréable.
Jésus, l’homme pour les autres (Bonhoeffer), a été un pèlerin d’espérance sans se faire illusion sur la possibilité réelle de fréquents déraillements. Sa fidélité fut sans faille. Il n’a jamais été découragé par nos comportements ni donné des signes de découragement. Par sa proximité, il a proclamé que le royaume de Dieu est proche. Sa proximité avec chacun de nous se fonde sur sa proximité avec son Père. C’est l’acte qui montre au plus haut point qu’il est dans le Père. La proximité évangélise plus que nos connaissances sur Jésus.
C’est frauduleux si nous prenons un autre chemin. Frauduleux de prêcher ce chemin sans le prendre. Frauduleux d’avoir plus de science que de charité[3]. Il ne s’agit pas d’aller au bout du monde. Il s’agit d’être proche des autres, proche de nos proches, proche de ce que les gens vivent, de leur souffrance, angoisse, question. Il s’agit de faire route, de quitter notre zone de confort, d’aider, de marcher avec eux sur leur route. La proximité guérit, ressuscite les gens. Pas facile de quitter comme Abraham sa terre, comme Jean-Baptiste son désert, comme Marie sa petite vie tranquille.
Attention. Ce n’est pas une promenade que de vivre hors les murs de nos sécurités, que de vivre sans calculer ses propres intérêts. Ce qui fait grandir le rêve d’un bien vivre entre nous, c’est de sortir de nous-mêmes. Jésus ne veut pas d’autres sacrifices que celui-là.
Tous les textes de ce temps de l’Avent sont des textes qui ouvrent des horizons, qui appellent à regarder au-delà de notre confort personnel, de nos petites sécurités pour s’ouvrir à de grands idéaux qui rendent la vie plus belle et plus digne (Fratelli tutti #55).
Je termine par une autre question : Où en serait le monde s’il n’y avait pas eu Jésus ?