2024-B-Jn 12, 23-28- Commémération des défunts- une vie « recyclée »
Année B : samedi de la 30ème semaine ORDINAIRE (litbo30s.24)
Jn 12, 23-28 : une vie « recyclée » jour des morts
Permets que nous ayons part à la vie éternelle (prière eucharistique #1).
Accueille-nous tous ensemble dans ton Royaume (prière eucharistique #2).
Rassemble-nous un jour près de toi pour la grande fête du ciel (prière eucharistique pour enfant)
Si le grain de blé ne meurt.
A chaque eucharistie nous disons : nous attendons que se réalise cette bienheureuse espérance, l’avènement de Jésus-Christ.
Incroyable, Dieu nous élus (Ep 1,4), nous a choisis, nous a gratifié dans son Fils (Ep 1,5).
Nous faisons mémoire aujourd’hui d’une vie que l’on dit sans forme, d’une espèce de vie nouvelle dont j’ignore ce qu’elle est et que personne ne peut définir. Nous faisons la mémoire d’une vie pour utiliser le langage d’aujourd’hui « recyclée ». Observons, regardons bien. Dans l’univers rien ne disparait dans le néant. Tout est, pour ainsi dire, « recyclé » « recyclable » ; tout devient début et principe de nouveaux surgissements de vie. Rien n’existe pour rien.
Cette saison de l’automne nous fait admirer que la tombée des feuilles est source d’une vie nouvelle. Les feux de forêt, pour ne donner qu’un exemple, engendrent une grande vitalité. Ils font courir les chercheurs venant du monde entier, à la recherche de morilles de feu[1] , ces petits trésors sans prix (les champignons) qui naissent sous la cendre. Toute vie est source et principe d’une autre vie « recyclée », nouvelle.
Vu sous cet angle, la mort, notre mort n’est pas une punition d’un Dieu offensé par nos comportements inhumains. Si nous étions capables de regarder la création avec émerveillement, nous pourrions admirer l’alternance des saisons avec leurs fruits ; d’observer la vie des animaux et les cycles de leur développement ; d’avoir le regard simple de saint François qui, dans son Cantique des créatures composé il y a exactement 800 ans, percevait la création comme une grande famille et appelait le soleil “frère” et la lune “sœur”[2] (Bulle # 4). En naissant, a-t-on écrit, le nouveau-né meurt à sa vie d’être aquatique. Il s’approprie un statut d’être humain. En respirant le même air que nous, il devient pleinement des nôtres.
À ce regard humain s’ajoute un autre regard. Ce que l’œil n’a pas vu, ce que l’oreille n’a pas entendu, ce qui n’est pas monté du cœur des hommes (1 Cor 2, 9-10), c’est une autre vie. Cette espérance ne déçoit pas, titre la bulle du pape François pour l’année sainte qui s’ouvrira bientôt. Le pape écrit que le Jubilé nous offrira l’occasion de redécouvrir, avec immense gratitude, le don de cette vie nouvelle reçue dans le Baptême, capable de transfigurer le drame… Tel est le but vers lequel nous tendons dans notre pèlerinage terrestre (# 20). La vie n’est pas détruite, elle est transformée (préface des défunts).
Devant cette vie « recyclable », « recyclée », des questions nombreuses sont posées : comment est-ce possible d’annoncer un tel avenir à des gens qui semblent ne rechercher que leur bien-être immédiat ? C’est la question de Marie devant l’incroyable avenir que lui propose l’Ange de Dieu. Une réponse lui est suggérée : l’esprit de Dieu viendra sur toi.
En conclusion, une prière. Seigneur, faites que je voie. Faites que des écailles tombent de mes yeux pour admirer qu’une vie autre s’offre à nous. Un poète africain de Birago Diop[3] dit cela :
Ceux qui sont morts ne sont jamais partis… Ils sont dans l’Ombre qui s’éclaire (…) Ils sont dans l’Arbre qui frémit (...) Ils sont dans le Bois qui gémit (…) Ils sont dans l’Eau qui coule, dans l’Eau qui dort (…) Ils sont dans la Maison (…) Ils sont dans la Foule. Les morts ne sont pas morts. Amen.