2024-B-Mc 10, 46b-52- dimanche de la 30e semaine ORDINAIRE- veux-tu voir?
2024-B- dimanche de la 30e semaine ORDINAIRE (LITBO30D.24)
Mc 10, 46b-52. Veux-tu voir ?
J’aime beaucoup cet Évangile. Pourquoi ? En lisant cet évangile, nous pensons que Bartimée est aveugle. Moi je vois non un aveugle assis sur le bord de la route, mais quelqu’un qui veut voir la lumière, non celle du jour,. mais la lumière Jésus. Depuis fort longtemps, il crie son désir de voir. Et quand on l’informe que Jésus passe par là, il lui crie Jésus, je veux voir, aie pitié de moi. Les oreilles de Bartimée entendent ce que ses yeux ne voient pas. Son cri résonne de foi et de lumière. Il est semblable à celui de cet homme sans-gêne qui dérange un roi dans la nuit pour avoir du pain (Lc 18). Il résume la vie de tout disciple.
J’aime cet évangile parce qu’en route vers Jérusalem, Jésus prend le temps de s’arrêter. Il est attentif à son cri. Il entend la profondeur de son appel. Sa question surprend, que veux-tu que je fasse pour toi ? Un peu inutile à demander à un aveugle, mais elle est pleine d’amour et de considération. Par sa question, Jésus lui exprime toute sa proximité, sa compassion et sa tendresse.
Alors que son entourage ne voit qu’un aveugle, Jésus voit quelqu’un en attente de plus que de voir la lumière du jour. Il a si bien compris sa demande qu’il lui dit à l’étonnement de la foule : ta foi t’a sauvé. Et le texte ajoute : l’homme retrouva la vue (intérieure) et il suivait Jésus.
L’évangile déborde de voyants qui ne voient rien. Les pharisiens étaient aveugles malgré leur connaissance de l’écriture. Je suis venu dans ce monde pour que ceux qui ne voient pas puissent voir et que ceux qui voient deviennent aveugles (Jn9,39). Les disciples ignoraient leur aveuglement : vous avez le cœur aveuglé. Vous avez des yeux et vous ne regardez pas (Mc 8, 18).
Pierre aussi était aveugle quand il a déclaré à Jésus lui annonçant sa mort : cela ne t’arrivera pas. Il voulait que Jésus le suive plutôt que de suivre Jésus. La mère des fils de Zébédée était aveugle quand elle demanda que mes fils soient assis à ta droite et à ta gauche dans le royaume (Mc 10, 32-45). Les disciples étaient aveugles quand ils discutaient de qui est le plus grand.
Que veux-tu que je fasse ? C’est la question que Jésus nous adresse à l’heure où notre foi est ébranlée. Fais que je voie. Nos yeux ont besoin de lumière pour regarder les gens dans les yeux sans haine ni rivalité ; pour apprendre à voir la lumière de Dieu en chacun. Pas facile. Nos yeux ont besoin de lumière pour nous émerveiller de cette beauté qui brille en tous, sans exception ; pour ouvrir nos regards à la lumière qui jaillit des ténèbres. La grande Thérèse d’Avila observait que le plus grand inconvénient dans sa vie fut d’ignorer qu’elle pouvait voir avec d’autres eux que ceux du corps.
Autour de nous, le smog est envahissant, les chercheurs de lumière comme Bartimée sont nombreux. Nous sommes tous de Bartimée. Nous avons tous la capacité de crier nos besoins de rencontrer, de voir Jésus, lumière sur nos routes. Mais et il en sera toujours ainsi, on ne verra jamais Jésus, seulement les visages qui le montrent. Le poète Sullivan écrit qu’on ne voit pas la lumière, mais les visages qu’elle éclaire.
En remettant le cierge allumé au nouveau baptisé, la liturgie offre cette réflexion : reçois cette lumière. Qu’elle te permette de découvrir la beauté en toutes choses, qu’elle te donne espérance au milieu des difficultés que tu connaîtras. Rappelle-toi toujours que tu es entré dans un monde tourné vers l’avenir. Car Jésus Christ notre Seigneur est la lumière du monde.
Crions tous : Seigneur, faites que je te vois dans les autres. AMEN.