2024-B-Mc 10, 2-7 -dimanche de la 27e semaine ORDINAIRE- n'étouffons pas nos questions
Année B : dimanche de la 27e semaine ORDINAIRE (litbo26d.24)
Mc 10, 2-7 : n’étouffons pas nos questions.
Que de questions nous avons sur cette page ! Chacun a sa question. Chacun a son explication. N’oublions pas que l’Évangile a commencé par une question, celle de Marie-Madeleine allant de nuit au tombeau. Où, l’as-tu mis ? demande-t-elle à l’homme qu’elle prenait pour le jardinier ? Elle cherchait celui que son cœur aime. Elle vivait un grand vide. Elle était dans la nuit. C’était de grand matin, au lever du jour.
Ce grand vide qui l’a poussé au tombeau. Dans l’obscurité du matin, Marie-Madeleine entend une autre question pourquoi pleures-tu ? Elle s’en est allée raconter à Pierre et Jean, deux autres chercheurs de Jésus j’ai vu le Seigneur.
Pourquoi je rappelle cela ? Parce que nous aussi vivons dans un monde où dominent les ténèbres et l’ombre de la mort (Luc 1,79). Nous vivons dans un monde, dans une culture où Dieu semble avoir largement disparu. Dans une culture où l’indifférence généralisée de Dieu nous affecte tous. Même les croyants sont dérangés au plus profond par cette page sur le mariage.
Il ne s’agit pas de donner des réponses moralisatrices à la question du mariage. Devant cette page, aucune question n’est interdite. Le poète Rainer Maria Rilke dit : ne cherchez pas des réponses …parce que vous ne saurez pas les vivre. Vivez vos questions…un jour vous finirez par entrer dans la réponse[1].
Toute annonce de l’Évangile commence et se termine par une question. Tous, nous sommes des chercheurs de Dieu et non de réponses sur Dieu. Nous sommes, nous devrions être des chercheurs sans rivalités. Tomas Halik, un grand théologien, affirme que l’avenir de l’Église dépend de sa capacité à tendre la main aux chercheurs de Dieu. Nous sommes des chercheurs avec ceux qui cherchent et des questionneurs avec ceux qui questionnent.
Cette page n’est pas une réponse à nos questions. Elle offre une nouvelle manière de vivre. Une manière qui fait sens après de longues années de questionnement. De recherche. D’échec et de recommencement. Jésus n’a jamais proposé de réponses aux questions de ces disciples. Il leur a posé des questions : de quoi parlez-vous ? Pourquoi avez-vous peur ? Pourquoi des doutes s’élèvent-ils dans vos cœurs ? (Lc 24,38). Viens et tu verras (Jn 1, 39).
Devant cette page, il faut écouter les questions. Écouter les gens ? Écouter pour marcher ensemble vers une recherche qui fait sens. Non donner des réponses, mais marcher ensemble dans l’obscurité de la nuit ou dans l’aurore qui se lève pour découvrir un chemin, une petite voie qui fait sens.
Ce qui fait sens, c’est que toute relation humaine est faite d’échecs et de victoires. Ce que cette page nous dit : là où il y a l’amour, là il y a la vue de ce qui est meilleur pour chaque personne.
Je vous offre en conclusion cette réflexion attribuée à Antoine de Saint Exupéry. Si tu veux construire un bateau, ne rassemble pas tes hommes et tes femmes pour leur donner des ordres, ni pour leur expliquer chaque détail de ce qu’ils doivent faire ou où trouver tout… Si tu veux construire un bateau, fais naître dans le cœur de tes hommes et de tes femmes le désir de la haute mer.
Donnons aux gens le goût de se questionner sur ce qu’est l’amour humain et ils trouveront leur chemin pour s’élancer sur la mer de la vie. AMEN.
[1] Rainer Maria RILKE, Lettre 4, du 16 juillet 1903, dans : Lettres à un jeune poète, trad. par Sacha Zilberfarb, Seuil, Paris, 2020, p. 35. (cité par le Timothy Radcliffe dans la retraite d’ouverture au synode 2024).