2024-B-Mc 4, 35-41 - dimanche de la 12e semaine ORDINAIRE- un lion qui dort
2024-B- dimanche de la 12 semaine ORDINAIRE (litbo12d.24)
Mc 4, 35-41 : un lion qui dort.
Tu liras ce qui a déjà été accompli comme si cela était en train de s’accomplir (un chartreux). Ce qui a déjà été accompli, c’est l’apaisement des cœurs agités par toutes sortes de tempêtes en rencontrant l’homme Jésus sur leur route. Ce qui a déjà été accompli, c’est que toute rencontre avec l’homme Jésus engendrait un apaisement intérieur et produisait un calme depuis longtemps recherché.
Le diacre Éphrem, au 4e siècle, utilise une très belle expression. Ce qui a déjà été accompli, ce sont des disciples paniqués, désorientés qui ont réveillé le lion qui dort pour l’entendre dire silence, tais-toi. C’est une belle image pour dire la confiance que les disciples avaient en Jésus. Aujourd’hui, pour exprimer notre confiance au milieu des tempêtes météorologiques, psychologiques, politiques, de foi, nous parlons plutôt de résilience, un mot séculier qui exprime une grande force et confiance à persévérer dans les tempêtes.
Il est facile de nous retrouver dans ce récit. Il nous arrive d’être désemparés devant la tempête menaçante de l’environnement ; devant ce mouvement mondial du populisme extrême qui fait peur ; devant ces riches oligarques qui dictent leur volonté à tout un peuple ; devant la débâcle de la barque Église. Nous vivons beaucoup d’insécurité, nous sommes déstabilisés par les événements, notre foi est chambranlante tant plus rien n’est comme avant. Nous sentons la fragilité de la barque de nos vies, celle du monde et qui risque de se briser tant les vagues sont fortes, insécurisantes. Nous sommes perdus (v.38) et avons besoin d’aide.
Ce qui est difficile, c’est de voir le comportement de Jésus. Alors que les disciples sont inquiets et désespérés, Jésus dort. L’impression des disciples d’être abandonné est très forte : maître, nous sommes perdus, cela ne te fait rien (v. 38). Jésus dort parce qu’il est humain et que la journée fut laborieuse. Le soir venu, dit Marc. Il dort parce qu’il ne veut pas agir à notre place, ramer à notre place. Il dort aussi en sécurité sachant qu’il s’en remet entre les mains d’experts habitués à ramer contre des vagues dangereuses et qu’il ne veut pas prendre leur place. Il dort parce qu’il fait confiance à l’expertise de ses disciples. Il a plus confiance en nous que nous en lui qui le réveillons.
Ce qu’il faut entendre et cela dépasse la logique humaine, à des disciples apeurés, inquiets, angoissés, Jésus les invite à passer sur l’autre rive. Dans l’esprit de Marc, l’autre rive n’est pas un lieu de tranquillité. C’est accoster sur une terre païenne. Marc présente une parabole de ce qu’est la vie de Jésus, des disciples d’hier et d’aujourd’hui. Malgré les peurs paralysantes, la vie du disciple ne sera jamais une vie de sacristie (pape François), une vie de facilité, de sédentarité, d’immobilise. C’est une vie en mouvement, en déplacement vers un monde inconnu. En invitant ses disciples fragilisés par la tempête à passer sur l’autre rive, Jésus dérange la sécurité des siens. Il les envoie sur un terrain où des mines antipersonnel risquent d’exploser en tout temps.
Ce qu’il faut retenir : toute tempête, qu’elle soit personnelle, spirituelle, sociale, familiale, est un temps privilégié, un temps de grâce pour réveiller ce lion qui dort en nous. Paul aux Corinthiens qui se divisaient sur leur appartenance en disant que moi je suis de Paul, moi d’Apollos, moi de Céphas, moi du Christ (1 Co 1,12), leur offrait cette précieuse assurance : Dieu est fidèle : il ne permettra pas que vous soyez éprouvés au-delà de vos forces. Mais avec l’épreuve, il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter (1 Co 10, 13).
Sur le Parvis de la basilique Saint-Pierre en plein cœur de la pandémie, le 27 mars 2022, le Pape s’adressant urbi et orbi, déclarait que la tempête, que toute tempête était un moment de grâce. Il terminait par ces mots : Tu nous demandes de ne pas avoir peur. Mais notre foi est faible et nous sommes craintifs. Mais toi, Seigneur, ne nous laisse pas à la merci de la tempête. Redis-nous encore : n’ayez pas peur (Mt 28, 5). Et nous, avec Pierre, nous nous déchargeons sur toi de tous nos soucis, car tu prends soin de nous (cf. 1P 5, 7)[1]. AMEN.