2024-B-Mc 1 12,15-dimanche 1iere semaine CARÊME- tenter de faire le bien
2024-B- Dimanche de la 1e semaine CARÊME (litbc01d.24)
Mc 1 12,15- la tentation de faire du bien.
L’abbé Pierre a écrit dans son testament : nous venons sur terre pour apprendre à aimer. Il ajoute l’enfer, c’est se couper des autres. Nous n’en finissons pas de nous couper des autres. Jésus a fait le choix de la liberté en refusant le chemin du pouvoir, de la suffisance et de l’orgueil. Il refuse la tentation de se refermer sur lui, de vivre d’une façon mondaine dans l’illusion qu’il est tout-puissant, autosuffisant. Il refuse la tentation d’être le centre du monde, de paraître autre que ce qu’il est. Jésus est humain et c’est humain de ne pas mal agir.
Précisons une chose. Quand nous faisons mal, quand nous agissons mal, quand nous succombons aux offres alléchantes du démon du plaisir sous toutes ses formes, ce n’est pas d’abord pour faire du mal aux autres, c’est pour se faire du bien qu’on agit mal. Il n’y a rien de mal à se faire du bien, m’exprimait quelqu’un en thérapie. La tentatn du confort est bien ancrée en nous. En chacun sommeille, toujours prêt à s’éveiller, le petit monarque, le petit important, le petit expert[1].
Se vouloir admiré, au-dessus de ce que nous sommes, les autres à ses pieds que l’évangile appelle l’orgueil ;
se vouloir puissant, au-dessus des autres pour être servis comme un dieu que l’évangile appelle le pouvoir ;
se vouloir au-dessus de tous et de tout sans dépendre de personne que l’évangile appelle l’autosuffisance,
ce n’est pas ce que nous voulons, mais ça nous fait du bien. Ça remonte le moral, dit-on.
Jésus nous propose de succomber à la tentation de bien vivre. La tentation de faire du bien. Chaque fois que l’on fait du bien, on renonce au mal, on devient un meilleur baptisé. Grégoire de Nysse, affirme : Tu es baptisé chaque fois que tu renonces au mal.
L’évangile nous propose un chemin pour libérer la vie en nous. Pour bien vivre sa vie humaine. Comment ? En refusant de se replier sur le moi d’abord ; en jeûnant de notre ego ; en ne verrouillant pas nos portes pour vivre sans voir les besoins énormes autour de nous et d’agir en conséquence, en prenant soin des autres. C’est un programme de toute une vie que l’évangile résume par le chiffre de 40 jours qui revient plus de 90 fois dans les textes sacrés.
Avant de parler du carême comme un temps de sacrifice, de renoncement, de privation, de pénitence, je vous propose de voir le carême comme un appel à succomber à la tentation de faire du bien. Jésus commence sa prédication dans le temple par un appel au changement. Si vous ne changez pas. Traduisons : si vous ne succombez pas à la tentation de faire du bien. Changer de vie, revenez à moi de tout votre cœur, déchirez vos cœurs et non vos vêtements, disait la liturgie du mercredi des cendres, c’est opter pour la tentation de faire du bien. Un carême qui ne produit pas la paix et la joie n’est pas authentique. Nous n’en finissons jamais à devenir meilleur. Dieu grandi en nous à notre rythme, nous dit Jean de la Croix.
Nous convertir à faire du bien. Nous ne réussirons jamais à faire uniquement le bien qui sera toujours quelque chose d’inachevé en nous. L’important est de maintenir le désir, de ne pas céder au découragement, à la tentation de l’acédie, de la fatigue de Dieu, de la paresse spirituelle. Faire le bien que l’évangile traduit par se convertir, c’est faire disparaître le geste accusateur… de combler les désirs des malheureux…de rebâtir des brèches… alors tu seras comme un jardin bien irrigué (Is. 58, 9-14).
Faire le bien, c’est le meilleur placement que nous offre l’évangile en ouvrant ce carême. Faire le bien et nous serons des ambassadeurs du Christ (2 Co 5, 20).