2024-B-Mc 4, 35-41--samedi de la 3e semaine ORDINAIRE- regard micro demandé
Année B : samedi de la 3e semaine ORDINAIRE (litbao3s.24)
Mc 4, 35-41- developpons un regard micro.
Pour utiliser un langage d’aujourd’hui, cette scène nous présente en format macro (gros plan) notre monde actuel où les guerres nombreuses, des vagues destructives semblent reconfigurer notre monde. Il y a un autre format moins observé, le microformat qui se dégage de la lecture de Marc. Le format macro est sombre, le micro dégage des petites lumières étincelantes. La mondialisation d’en bas, faite de solidarité, de mains qui s’entraident, affaiblie celle d’en haut, de la toute-puissance qui écrase tout sur son passage.
L’impression de l’impuissance des disciples ne dure qu’un instant. Les fortes bourrasques et les vagues ont réveillé en eux une nouvelle puissance, la solidarité. Ils expérimentèrent qu’ils étaient ontologiquement solidaires, liés les uns aux autres. Cette puissance, qui naît aux heures sombres, nous fait (re)découvrir la puissance de l’amitié, de la mise en commun de nos forces pour affronter cette troisième guerre mondiale en morceaux dont parle la lettre encyclique sur la fraternité.
Le journal La Croix observait récemment qu’après une tentative au siècle dernier d’éliminer Dieu, apparaît en mode micro, la quête d’un besoin de transcendance, un besoin de solidarité, de se sauver ensemble. Dans la barque, les disciples n’avaient aucun souci de sauver la religion. Ils contemplaient en forme micro en la personne de Jésus qui dormait en eux et pas seulement dans la barque, la sagesse de faire confiance à quelqu’un d’autre. Seuls, déclarait le pape à la curie dans son message de Noël 2020 en plein cœur de la pandémie, nous risquons d’avoir des mirages…ensemble, nous pouvons rêver de construire sur du solide[1].
Devant une place Saint Pierre vide le 27 mars 2020, il avait déclaré que nous ne sommes pas autosuffisants ; seuls, nous faisons naufrage. Un maire de Greensburg (Kansas, U.S.A) dont la ville fut balayée par une tornade reconnaissait que nous avons appris que dans la vie la seule chose qui soit vraiment écologique et durable est la façon dont nous nous comportons les uns les autres[2]. La peur nous rapproche, nous soude, nous solidarise.
Ne portons pas sur notre monde, notre Église, un regard négatif. Ne les regardons pas non plus avec un optimisme délirant parce que cela aujourd’hui n’a pas beaucoup de sens. Cette scène parle, je l’exprime ainsi, de la micro-espérance qui n’est pas une doctrine, qui ne supprime pas les tempêtes. C’est un regard tourné vers l’autre, un pas fait avec l’autre, simplement pour marcher ensemble afin que la traversée soit moins houleuse. Les situations tumultueuses de nos vies de foi, de notre monde, nous mettent en relation avec Dieu, les autres. Cela est commun à toutes les religions du monde.
Nous voyons les vagues, nous déplorons la violence entre nations, nous souffrons d’un environnement du plus fort. Du chacun pour soi. Élevons nos regards. Contemplons que chaque tempête suscite un micromouvement de solidarité. Il y a toujours une main charitable, un Samaritain, un sauveur dans nos barques, des ONG de toutes sortes qui portent secours. Chaque tempête naturelle, sociale, psychologique ou religieuse fait entendre un cri de confiance en quelqu’un d’autre, en Dieu que l’on dénomme le Réel, qui dort en chacun de nous. La tempête fut pour les disciples une découverte de qui était Jésus. Qui est-il celui-là que même le vent et la mer lui obéissent ?
Vivons la tempête actuelle et bien réelle de notre Église à la lumière de cette micro-espérance qui a dynamisé Jésus aux heures les plus cruciales de sa vie. Une vie évangélique sans tempête n’existe pas. Elle fait partie intégrale de l’Évangile. Paul donnait cette assurance aux Corinthiens, Dieu est fidèle… avec l’épreuve il donnera le moyen d’en sortir et la force de la supporter (1 Co 10, 13).
Il n’y a pas de petites actions. Il n’y a que celles qui donnent la vie ou pas. Allions, lions ensemble, puissance de la solidarité et mains jointes, lutte et contemplation et nous vaincrons les dictatures ou populistes actuels. La force de Dieu : orienter vers le bien tout ce qui nous arrive, même les choses tristes. Il apporte la sérénité dans nos tempêtes, car avec Dieu la vie ne meurt jamais[3].
[1]https://www.vatican.va/content/francesco/fr/speeches/2020/december/documents/papa-francesco_20201221_curia-romana.html
[3] Discours du 27 mars 2020