2023-A-Mt 14, 22-33- samedi de la 32e semaine ORDINAIRE- une confiance à développer
Année A : samedi de la 32e semaine du temps ordinaire (litao32s.23)
Mt 14, 22-33 : une confiance à développer.
Quelque chose a attiré mon attention pour la première fois en lisant cet évangile. Pourquoi Pierre a-t-il crié vers Jésus de lui venir en aide ? Il a senti la force du vent. Il eut peur. Il a commencé à couler. Sauve-moi, je suis perdu. La mer était agitée, mais Pierre en avait vu bien d’autres, lui dont le métier était justement de se tenir sur la mer. Et comme tout pêcheur, Pierre savait certainement nager. Sur le point de couler, lui, expert des tempêtes sur la mer, n’a même pas essayé de se sauver en nageant. Il me semble que son premier réflexe aurait dû être de se débattre, de nager vers le rivage.
Pourtant, malgré ce peu de foi dont Jésus lui reproche, Pierre a appelé Jésus à l’aide plutôt que de nager vers le rivage. Comment expliquer son attitude, son cri, sauve-moi ? J’offre cette réponse. Pierre ne pensait plus à lui, il posait avec confiance sa main dans celle de Jésus.
Depuis sa première rencontre avec Jésus sur le bord du Lac, Pierre a tellement été séduit par cet appel à l’accompagner qu’il ne voyait que Jésus, ne pensait qu’à Jésus, ne vivait que pour Jésus. Son cri confirme qu’il a vraiment tout quitté, quitté son expertise de pécheur aguerri jusqu’à, pour un instant, oublier qu’il savait nager. Le centre de sa vie n’était plus sa personne. Jésus était devenu le centre de sa vie. Sa confiance en Jésus était inébranlable.
Et voilà bien l’essentiel de cette fête, mémorial de la solidité de la confiance et qui résiste à toutes les tempêtes. Ne nous reprochons pas notre peu de foi. Faisons confiance à cette main, à cette alliance de Jésus à nous accompagner sur nos mers agitées. Jésus s’engage à ne pas nous voir couler dans l’anéantissement.
Le message est simple : en temps de crise comme en temps de paix, ce dont nous avons besoin est de beaucoup de confiance : courage, n’ayez pas peur. Faire confiance remet debout, en marche, permets de s’en remettre à un autre. Cela est un vrai défi aujourd’hui. À qui faisons-nous confiance ?
Confiance : C’est une parole qui sort toujours de la bouche de Jésus. Une seule fois d’autres la prononcent, pour dire à une personne dans le besoin : Confiance ! lève-toi [Jésus] t’appelle (Mc 10, 49). Celui qui démarre dans la vie sans confiance a déjà perdu à l’avance la moitié de la bataille (pape François).
Dans l’une de ses réflexions préparatoires au synode, le Père Radcliffe invitait à surmonter avec confiance les modes d’existence compétitifs qui surgiront des échanges. À tendre la main à l’Esprit que Dieu nous donne.
Je vous offre une image, celle d’un oiseau qui se repose sur une branche. Elle peut se casser à tout moment. Mais l’oiseau sait qu’il peut reprendre son envol. Nous sommes ballottés par des vents contraires, submergés par des forces contraires. Nous pouvons aussi reprendre notre envol. C’est le message central de Jésus dans l’évangile. C’est ce que je retiens du dernier synode.
À vue humaine, il déçoit tant sur plusieurs points chauds, un mot-clé apparaît : il faut approfondir la réflexion. Ce qui est difficile dans la lecture du document final sur marcher ensemble, c’est que tout repose entre les mains d’une seule personne. Paradoxe étonnant ! Nous lisons ce document marqué au fer par un environnement sociétal et ecclésial de méfiance les uns contre les autres. C’est notre dénominateur commun, notre nourriture quotidienne. Nous fabriquons la défiance. Nous observons peu que Jésus n’avait qu’une seule parole écrite sur son blason : N’ayez pas peur.
Pierre, dans l’épisode de la mer agitée, et Paul affrontant les défis pour rejoindre d’autres chrétiens, nous disent : n’ayez plus peur. N’ayons plus peur de quitter nos terrains solides, expérimentés, bien rodés. N’ayons pas peur de regarder nos peurs, de les affronter avec confiance. N’ayons plus peur de laisser ce qui existe pour ce qui n’existe pas encore, de nous élancer vers le nouveau, l’indéterminé. Tout cela n’est pas facile. Ça déstabilise des comportements communautaires. Il n’est pas suffisant d’avoir la foi, il faut risquer d’aller au large parce qu’il n’y a rien de plus précieux que le Christ. AMEN.