2023-A-Mt 16,21-27- dimanche de la 22e semaine ORDINAIRE- se dépenser pour Jésus
Année A : dimanche de la 22e semaine ORDINAIRE (litao22d.23)
Mt 16, 21-27- dépenser va vie pour l’Évangile.
Qui veut être mon disciple, renonce à lui-même, qu’il porte sa croix. Cela est souvent compris comme quelque chose de lourd, d’écrasant, de négatif. Je vous propose un autre regard. C’est dépenser sa vie pour l’Évangile. Mais pourquoi me direz-vous dépenser sa vie pour l’Évangile ? Parce que nous avons goûté et vu le Seigneur (Ps 34). Parce que nous avons contemplé sa manière de vivre et qu’elle fait sens.
Pour comprendre cet appel de Jésus à ses disciples, il faut avoir passé beaucoup de temps, avoir perdu beaucoup du temps, à l’adorer, à faire silence, à taire tous les bruits intérieurs qui dérangent nos temps de prière. Cet appel de Jésus, porter sa croix, renoncer à notre faux moi devient insupportable si l’on perd le sens de l’adoration. Adorer, c’est plus que dire des prières. Adorer, c’est savoir s’arrêter pour commencer à voir (Thomas Merton).
Regarder, c’est comme l’oeil de la caméra qui prend beaucoup de clichés s’en s’arrêter à les voir. Les admirer. Voir, c’est être réceptif, c’est laisser entrer en nous, ce que nous voyons. C’est se laisser séduire par la manière de vivre de Jésus ; par quelque chose comme un coucher de soleil. Cette manière d’être saisi par la vie de Jésus devient, comme l’a expérimenté Jérémie, un feu brûlant dans mon cœur, enfermée dans mes os. J’étais incapable de le maîtriser (Jer. 20-,7-9).
Nous regardons beaucoup ce qui se passe, nous voyons peu cette perle précieuse, ce trésor (Mt 13, 44) qu’est la manière de vivre de Jésus. Nous nous arrêtons beaucoup sur ce que dit Jésus et moins sur ma manière d’agir qui est aussi une puissance « parole » de Dieu à contempler. Quand on voit cette perle précieuse qu’est sa manière de vivre, ça nous motive à dépenser notre vie pour que d’autres la découvrent.
La croix est plus, beaucoup plus, qu’une doctrine à enseigner. C’est beaucoup plus que de déclarer, tu es le fils bien-aimé du Père puis de refuser de le suivre sur la route de Jérusalem pour s’entendre dire : arrière Satan. La croix, c’est montrer à voir Jésus en nous.
Ce qui est crucifiant, c’est d’abandonner ce qui n’est pas humain en nous. La croix, c’est enlever ce qui nous rend malheureux. C’est ne pas vivre de manière égocentrique, d’oublier son «ego». C’est abandonner nos désirs de convoitises du toujours plus. C’est refuser d’enterrer le talent que nous avons reçu. C’est risquer de tout perdre comme les deux serviteurs de la parabole (Mt 25, 14-30) pour s’entendre dire qu’ils sont plus riches parce qu’ils ont risqué de tout perdre plutôt que de l’enterrer dans son la-Z-boy comme le troisième serviteur.
Ce qui est souffrant à porter, c’est de ne plus être capable de voir les perce-neiges sortir de nos terres ravagées ; de ne plus voir dans les visages de ceux que nous rencontrons le visage de Jésus, souffrant, montant vers Jérusalem ; de refuser d’être comme le soleil qui ignore ce qu’est la nuit, parce qu’il n’est que lumière.
Jésus n’attend pas que nous soyons un peuple nombreux, seulement que nous vivions fraternellement entre nous. Ne déplorons pas que nous soyons peu nombreux dans nos églises le dimanche, que le succès de voir fleurir la foi tarde. Ce n’est pas la voie de Dieu. Ne nous fatiguons pas à vivre comme Jésus. Voilà l’inouï chemin pour faire voir Jésus. AMEN.