2023-A-Mt 14, 13-21- lundi de la 18e semaine ORDINAIRE- explosion nucléaire
Année A : Lundi de la 18e semaine ORDINAIRE (litao18l.23)
Mt 14, 13-21 une explosion nucléaire.
Le chemin est encore long, très long, avant que s’évapore de nos mémoires l’image d’un Dieu qui ne fait plus sens aujourd’hui. Dire un Dieu tout-puissant, un Père tout-puissant extrinsèque au monde, dans le sens qu’il exerce un pouvoir écrasant sur nos vies et les événements de notre temps, ne passe plus. Ce Dieu dont la formule de notre Credo vient d’une époque lointaine, manque d’humanité (Leonardo Boff). Il n’est plus croyable. Le Dieu de Jésus est un Dieu de proximité, vivant à nos côtés. Je suis avec vous tous les jours.
Ce geste de seulement cinq pains ouvre sur un nouveau visage de Dieu. Il appelle à une « transition », une transformation en profondeur de nos regards si nous ne voulons pas que son nom meurt à petit feu. Regardons comment Jésus agit et nous comprendrons qu’il nous faut changer nos images de Dieu.
Parmi ces images qui nous présentent un « autre » Dieu, il y a celle d’un fils d’homme à genoux devant les apôtres leur lavant les pieds. C’est un petit geste qui vaut tous les trésors. Il y a cette demande d’un peu d’eau à boire à la Samaritaine plutôt que d’entreprendre un immense chantier de construction d’un barrage sur le Jourdain.
Ce fils d’homme n’a pas prôné la construction d’hôpitaux pour soulager la douleur, il a posé des petits gestes presque microscopiques qui ont guéri bien du monde. Songeons aux paraboles du grain de sénevé, d’un peu de sel, celle de l’obole de la veuve, de la petite barque sur le lac de Tibériade. La toute-puissance de Jésus se voit dans ses petits gestes comme pour nous dire : faites de même.
Nous avons tellement été éduqués à une toute-puissance d’un Dieu écrasant, justicier que nous cherchons à faire de grandes choses pour mieux faire connaître son évangile. Nous résigner à utiliser la méthode Jésus semble déranger notre « mission ».
Le geste de ce peu de pain est un appel à convertir nos regards. Un autre regard sur Jésus est possible. Un autre christianisme, écrit-on de plus en plus, est possible. L’avenir de notre Église passe par ce chemin de « reconstruction ». Pas facile quand nous voyons des églises se fermer, de pasteurs en diminution, un clergé en mal de toute-puissance.
Quand je relis ce passage du pain multiplié et tant d’autres, je suis comme paralysé devant ce message retentissant de la force et de la toute-puissance des petites choses, des petits gestes. Jésus nous envoie rêver de grandes choses en prenant le chemin de petits gestes bien ordinaires qui passent inaperçus, mais qui donnent naissance à l’arrivée d’héros de l’évangile.
Le message du pape lors des journées mondiales de la jeunesse allait dans ce sens. Il les invitait à offrir un petit sourire, à donner un petit coup de pouce, à déconstruire des barrières plutôt qu’en construire. Dans la vie, leur dit-il dans l’homélie en conclusion de ces journées, il faut s’entraîner à construire des petites choses. Il faut beaucoup d’entraînement pour voir que dans nos petits gestes nous bâtissons de grandes choses.
Les disciples se sentaient dépassés devant l’immensité de la foule à nourrir. Ils ne voyaient pas comment ils pouvaient le faire. Et c’est alors qu’ils font l’expérience que plus ils partagent des petites choses, plus ils ont du pain qui ne s’épuise pas. Ce « miracle » se produit chaque jour.
J’offre en conclusion ces mots du Père François Cassingena-Trévedy. Si on laisse ce pain nous nourrir, si on se laisse nourrir par ce pain personnellement, communautairement, c’est de la dynamite qui explose dans toutes les directions. Donnez-leur vous-même à manger, c’est une explosion nucléaire qui transforme toute vie.