2023-A-Jn 4, 4-52- dimanche 3e semaine CARÊME- la religion de Jésus
Année A : dimanche de la troisième semaine du carême (litac03d.23)
Jn 4, 4-52- la religion de Jésus.
Le monde a toujours été divisé, déchiré en groupes rivaux : chrétiens contre païens, catholiques contre protestants, croyants contre hérétiques, blancs contre gens de couleurs, hétéros contre homos. Etc. Au puits de Jacob, deux mondes différents se rencontrent. Rivalités entre des croyants (les juifs) et les non-croyants (les samaritains).
Dans l’antiquité, le lieu du puits est un terrain de rencontre. En prenant l’initiative de demander à boire, Jésus transgresse une loi religieuse, celle de parler aux samaritains. Il désobéit une fois de plus aux normes religieuses décrétées par les chefs religieux. D’où la surprise de la femme. Pourquoi un juif demande-t-il à boire à quelqu’un de Samarie ? Les Juifs n’ont pas de relations avec les Samaritains.
Rencontre étonnante entre deux peuples – juifs et samaritains qui se détestent. Ils n’ont rien en commun, ni religion ni mœurs. Au lieu de s’enfuir, la femme surprise par la demande Jésus, pose les vraies questions : Où adorer Dieu ? Sur le mont Garizim ou à Jérusalem ? Sur la foi ? La religion ? Où et comment vont-elles se vivre ? Elle ne recherche pas des questions toutes faites.
C’est à cette femme hérétique, une Marie-Madeleine, volage, dans le doute, que Jésus dit le fondement de son message : les vrais adorateurs ne sont ni sur cette montagne ni à Jérusalem. Jésus secoue des millénaires de certitudes que Dieu se rencontre dans un endroit précis. Deuxième révélation : contrairement aux sermons des « preachers », Jésus dit à la femme dont la vie ressemble à celle de Marie-Madeleine qu’il n’y a pas d’endroit spécifique pour rencontrer Dieu, qu’il n’y a pas d’heure pour rencontrer Dieu ! Dieu se présente sans rendez-vous et à chaque instant de nos vies. Crois-moi, femme, l’heure vient ! (Jn 4,21)
Il dit à cette femme que l’heure est venue de passer d’une religion basée sur des comportements extérieurs à une religion de la rencontre. La religion de Jésus ne se résume pas à la participation à un culte. C’est de vivre une vraie rencontre, peu importe le lieu, peu importe l’heure du jour. Le Père, dit Jésus, cherche de vrais adorateurs. Le seul lieu sacré pour rencontrer Dieu, c’est l’humain.
Jésus ne répond jamais aux interrogations de la femme. Il n’est pas un donneur de réponse. Il élève, malgré la chaleur du midi, la conversation. S’installe entre Jésus et la femme une grande intimité. À partir de l’eau qu’elle vient puiser, Jésus entend la femme lui dire qu’elle est fatiguée de sa manière de vivre, fatiguée de puiser sans jamais se désaltérer. Il lui offre de ne plus jamais avoir soif. Donne-moi, dit-elle de cette eau.
Que comprendre ? Deux soifs se rencontrent. Jésus a soit de rencontrer toute sorte de monde. Il a soif d’ouvrir son cœur à tout le monde. La femme a soif de rencontrer le Dieu dont elle entend parler qu’il viendra. Cette rencontre est devenue un échange si profond que l’un et l’autre se sont dévoilés en vérité.
Étonnant pour la culture du temps, une femme se dévoile à Jésus avec confiance. Elle venait chercher de l’eau ordinaire, elle se voit abreuver d’une source tellement vivifiante qu’elle coure annoncer à son peuple qu’elle a rencontré quelqu’un qui a désaltéré sa vie, l’a pacifié. Jésus par son attitude d’écoute remet debout une femme. Elle s’en va annoncer la nouvelle. J’ai rencontré quelqu’un. Autre étonnement. Jésus se livre à elle. C’est à une femme, une étrangère, pas à ses disciples, et dans un autre lieu que le temple que Jésus dit clairement pour la première fois. Je le suis qui te parle.
Le message est déroutant : à travers cette femme, à travers les distants, les pas corrects à nos yeux, les assoiffés de profondeur, Jésus nous dit qu’eux aussi peuvent rencontrer ce quelqu’un qui change toute une vie.
Questions pour notre carême : sommes-nous un puits de rencontre qui conduit à Jésus ? Nous pouvons clamer que nous sommes des baptisés, si nous ne sommes pas des puits de rencontre qui conduisent à Dieu, notre baptême est « incomplet ». Il ne transfigure pas les autres comme la Samaritaine fut transformée par sa rencontre avec Jésus.
Avons-nous la soif des besoins des autres autant que nous avons soif de Jésus ?