2023-A-Mc 6, 30-34- samedi de la 4e semaine ORDINAIRE- heureuse distance qui rapproche
Année A : samedi de la 4ersemaine du temps ORDINAIRE (litao04s.23)
Mc 6, 30-34 : Heureuse distance qui rapproche.
À nous qui avons la passion d’évangéliser, qui sommes animés par le zèle apostolique, ce passage de Marc nous indique le chemin privilégié par Jésus. Où qu’il soit, Jésus est toujours en mode tournée vers le Père et en mode relation avec nous. À la levée du jour, il se retire dans des lieux déserts pour prier (cf. Mc 1, 35 ; Lc 4, 42). Jésus est une vraie pie avec le Père. C’est là qu’il puise son énergie. Le reste de la journée, il est avec nous, souffre avec nous, risque une parole neuve pour nous.
Ce qui est à retenir de Jésus, c’est qu’avant de parler aux foules, il est d’abord présent au milieu de la foule pour l’écouter, se faire proche de leur souffrance, partager leur quotidien. Avant d’être Parole, Jésus est présence de proximité. Il ne cherche pas à se faire remarquer par des gestes prodigieux, il se mêle aux gens comme il s’est mêlé à la foule pour son baptême. Dans tout le sens du terme, le mode de vie de Jésus est « pastoral ». Jésus ne fait pas quelque chose pour nous. Il est avec nous. Son cœur est pastoral (cf. Ez 34, 15), toujours en mode conversation, recherche des souffrants, des égarés.
Son invitation à l’écart veut faire comprendre à ses apôtres qui Lui rapportèrent tout ce qu’ils avaient fait et tout ce qu’ils avaient enseigné qu’il est plein de gratitude à leur endroit. Jésus ne dit pas : retournez chacun dans votre maison pour vous y reposer. Le vrai repos est d’être avec Lui dans la solitude, dans le silence.
Pour les récompenser, Jésus les invite dans son intimité, à être seul avec lui, dans la même barque que lui. Il leur enseigne ainsi à passer d’une foi à faire quelque chose à une foi à vivre dans son intimité avec lui et avec le monde. Pour lui, l’écart n’est pas une fuite du monde. Il tourne vers le Père et vers le monde. Il fait opter pour un mode de vie « pastorale ». Il nous fait parole de Dieu. Il se montre bon pasteur envers eux.
Pédagogue, en invitant à l’écart, Jésus veut que nous l’écoutions. Il nous dit : Écoute-moi d’abord ; c’est l’unique nécessaire ; tu cherches mon amitié, alors laisse-moi te parler ; entre dans mes paroles, entre dans mon projet de vie, entre dans ma vie.
Voilà ce dont nous avons besoin : pour évangéliser, il faut être capable de nous reposer en Jésus. Notre repos, c’est de prendre la barque de la prière, de quitter la rive des œuvres, de l’action, pour rejoindre notre solitude intérieure, notre cœur. Nous n’embarquons pas seuls dans la barque. Nous y sommes ensemble, synodalement avec tous les envoyés.
Je me permets une petite observation. À certaines heures, Jésus peut nous faire éprouver une certaine distance avec lui pour mieux se faire entendre. L’évangile nous dit quelque part que Jésus s’éloigne, qu’il monte dans la barque. Est-ce seulement pour se faire mieux voir, pour se faire entendre de la foule ? J’en doute. Il n’y a rien de mieux que la distance pour faire surgir en nous un désir de proximité. Son cœur pastoral souhaite que sa parole parvienne à nous, à notre intelligence, à notre cœur. Vous l’expérimentez ici, il n’y a rien de mieux que de partir à l’écart pour éprouver la tristesse de vous voir loin de Jésus, de sa parole et de vos compagnes.
La finale de l’Évangile nous fait comprendre que l’écart n’est pas le bien ultime. C’est un moment privilégié, souvent de courte durée (ici 15 jours) pour retourner dans nos Galilée et nourrir, dit Marc dans le passage qui suit, la foule affamée.
À l’écart, et je risque une affirmation étonnante : pour convertir notre image fréquemment païenne de Dieu en celle que Jésus nous a montrée de son Père, en un Dieu à reconnaître dans une petite graine (cf. Mc 4, 26-34) enfouie en nous et qui appelle à sortir de terre pour donner à voir un beau fruit. AMEN.