2022-C-Lc 21, 12-19 - mercredi de la 34e semaine ORDINAIRE- changement de perspective
Année C : mercredi de la 34e semaine ORDINAIRE(litco34me.22)
Lc 21, 12-19 : changement de perspective
Notre quotidien est marqué par de grandes hécatombes qui assombrissent nos mémoires. Les crises se succèdent. Les menaces grandissent. L’horizon parait bouché. Nous voyons le climat se dégrader, la diversité des espèces se réduire. Nos repères se fragilisent. Il semble que l’ordre naturel est ébranlé. Le ciel va-t-il nous tomber sur la tête ? Il semble aussi que le vivre-ensemble s’éloigne de nous tant la haine, la persécution, l’esclavage – oui l’esclavage – revient en force. Et si nous ajoutons que nous vivons une époque où l’humanité, connectée comme jamais elle ne l’a été auparavant, est beaucoup plus divisée qu’unie[1], alors une question surgit à quoi bon ?
À quoi bon être plus sobre pour la planète, alors que mon impact est si petit ? À quoi bon s'efforcer d'annoncer Jésus quand je vois l'ampleur de la tâche ? Alors que des scènes d’effondrement, de collapsologie, sont partout- la tour qui tombe, le figuier desséché - Jésus est honnête avec ses disciples, on vous livrera. Il ne promet pas à ses disciples une vie facile.
Pour nous qui rêvons d’une vie facile, d’un environnement où il fait bon vivre ; pour nous qui persistons à croire qu’il est possible de marcher ensemble dans l’harmonie, nous enrichissant de nos différences culturelles, religieuses, à nous qui rêvons de construire un monde juste et fraternel, cette affirmation de Jésus est comme un coup de poignard au cœur! Au cœur de notre foi.
Ce coup de poignard, Jésus le vit chaque jour. Il est immergé dans une culture de violence, de conflit, de haine, de rejet. Il est blessé par l’incroyable ardeur des siens à le livrer. Il souffre intérieurement contre le scepticisme des pharisiens qu’il traite de sépulcres blanchis et qui préfèrent leur petite gloriole plutôt que la splendeur de la vraie gloire, celle d’agir en croyants authentiques.
Dans son être profond, Jésus perçoit que cette situation appelle l’arrivée de son royaume. Au milieu des grisailles, Jésus offre de voir un avenir qui requiert beaucoup de patience à l’heure où le tout, tout de suite, est recherché.
La bonne nouvelle est que chaque situation, aussi terrible et inhumaine soit-elle, est désormais habitée par une petite lumière. Quand tout semble aller pour le pire, il y a toujours une issue : n'oubliez pas que vous n'avez pas à vous soucier de votre défense ! Ne vous inquiétez pas, je vais vous aider. Tenez bon[...] cela ne sera pas la fin.
Un mot à méditer dans le texte retient mon attention : occasion. Toutes ces situations pénibles sont des occasions de montrer notre foi, de grandir dans la foi. Ne nous laissons pas tromper. Rendons témoignage, allumons des lumières d’espérance au milieu des ténèbres ; saisissons, dans les situations dramatiques, des occasions pour témoigner de l’Évangile de la joie et pour construire un monde un peu plus fraternel. Utopie diront certains. Possible diront les croyants.
Nous ne sommes pas seuls face aux tempêtes. Jésus nous promet qu’il est de notre bord. Qu’il n’est pas loin. Qu’il est, lui aussi, dans la tempête avec nous. Alors qui et quoi devons-nous craindre ? Toutes ces contradictions, tous ces échecs, tous ces morts, c'est avec Lui que nous les traversons. Un psaume dit cela : Heurex le peuple dont tu es la force. Sans Lui, notre vie tombe à l'eau ; avec Lui, en revanche, tout redevient possible !
À votre réflexion, ces mots du pape François pour qui toute désolation est un tremplin, une occasion de lutter, de grandir, d’entamer un chemin de dialogue, de travailler pour une plus grande harmonie entre nous. Plus notre environnement est opaque, plus nous utilisons cette situation pour faire avancer l’arrivée d’une terre nouvelle. Comme je l’exprimais souvent durant mes consultations : quand ça va mal, ça va bien.