2022-C-Lc 23,35-43- fête du Christ Roi- ouverture des portes
Année C : dimanche du Christ-Roi (litco34d.22)
Lc 23,35-43
Ce matin, deux merveilles devant nos yeux. Accueil des moins-que-rien et ouverture des portes d’un royaume sans limites, sans haine.
Cette fête du Christ Roi nous ramène aux racines de la foi. Elles se trouvent dans la terre aride du Calvaire où une seule phrase apparaît : celui-ci est le roi des Juifs (cf. Lc 23,38). Ne nous trompons pas de roi. Nous avons sous nos yeux un roi non comme les autres. Un roi sans domicile fixe. Un criminel.
Devant nos yeux, sur la Croix, un vrai roi, non un roi, homme fort assis sur un trône avec des insignes précieux, un sceptre dans les mains et des bagues scintillantes entre les doigts, mais un roi, orné de clous et d'épines, dépouillé de tout qui renverse les puissants de leurs trônes (cf. Lc 1, 52), et qui ouvre les bras à tout le monde. Lui-même l'a dit : le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis (Jn 10,11).
Un criminel, un condamné à mort coupable d’un grand crime, un moins-que-rien selon nos critères de jugement, porte sur Jésus un regard de foi et l’invoque avec l’audace de l’espérance. Jésus, lui dit-il, souviens-toi de moi. Un criminel admet ses erreurs, ne maquille pas sa vie, confesse à un autre criminel près de lui qu’il mérite ce qui lui arrive. Un criminel demande d’être gratifié pour ce qu’il a commis. Il entend une réponse qui a changé sa condamnation en joie : aujourd’hui, tu seras avec moi dans le Paradis.
Jésus regarde le larron comme un frère, son frère à sortir du pétrin. Il ne réduit pas son regard à ses actes. Pour lui, criminel, le royaume est tellement proche de lui que Jésus lui offre de partager sa vie. Le Paradis, c’est le lieu de résidence des criminels. Très fort.
Par sa réponse, Jésus rend témoignage à cette profonde vérité : qui que nous soyons, quelles que soient les horreurs que nous accomplissons, nous serons toujours des participants de la nature de Dieu (cf. 2 Pi. 1, 4). Rien ne peut nous séparer de Dieu. Il est mort pour nous, pour nous avoir défendus jusqu’au bout, jusque sur la Croix.
Aucun roi ne permettrait jamais à un voleur de s’asseoir à côté de lui. Le Christ l'a fait. Quand il entre dans sa résidence céleste, il n’y entre pas seul. Il y introduit un voleur avec lui. Les publicains et les prostituées dans le Royaume des cieux (Mt 21,31). Le maître du Royaume des cieux est si grand qu’il peut rendre aux prostituées et aux publicains toute leur dignité au point de les inviter à monter plus haut, eux qui vivaient très, très bas.
Nous pouvons regarder cette scène de la Croix en spectateurs qui disent : si tu es roi, sauve-toi ! (cf. Lc 23, 35.37.39). Les spectateurs sont nombreux, majoritaires. Ils regardent. C'est un spectacle de voir quelqu'un mourir sur la croix, de voir des maisons fissurées par des bombardements. Le texte dit le peuple veillait (v. 35). Ils regardent de loin, curieux et indifférents, bras croisés, sans vraiment s'y intéresser, sans se demander quoi faire. Aujourd’hui, les croix du monde sont partout. Nous parlons, chaque jour, en spectateurs de ce qui ne va pas dans le monde et aussi dans l'Église.
Nous pouvons aussi exprimer comme le bon larron : souviens-toi de moi. Et nous entendons cette phrase qui nous est adressée, la seule que Jésus prononce au milieu de souffrances inimaginables : vous serez avec moi dans le paradis (cf. Lc 23, 43). Cela se reproduit chaque fois que nous refusons de vivre une spiritualité de maquillage. Le style de Dieu est de maintenir ses bras ouverts pour accueillir dans son royaume avec empressement nos « confessions ».
La meilleure façon de l’accepter comme Seigneur et Rédempteur est de l’imiter en nous identifiant aux personnes qui souffrent injustement. À nous de choisir d’être spectateurs ou de nous engager à vivre comme ce roi en ayant les bras ouverts envers les plus criminels et tueurs de notre monde. AMEN.