2022-C- Exaltation de la sainte-croix- entrons dans la sagesse de Dieu
Année C : mercredi de la 24e semaine ORDINAIRE(litco24me.22)
Jn 3, 13-17 : entrons dans la sagesse de Dieu.
Qu’exaltons-nous ce matin ? Certainement plus que la découverte de la Croix vers 326. Certainement plus que la souffrance. Nous soulignons l’exaltation d’un chemin qui nous fait bien vivre. Il ne s’agit pas seulement de se débrouiller avec la vie, il s’agit de bien vivre. Nous ne sommes pas en paix avec nous-mêmes tant que nous ne prenons pas ce chemin. Nous célébrons une sortie de l’homme ancien à l’homme nouveau. Une libération, une déconnexion de l’esclavage de l’ego pour accéder à la plénitude de la vie.
La croix, non pas le bibelot que nous portons au cou, que l’on accroche ou accrochait jadis sur le haut de la porte d’entrée, est une « naissance » à un nouveau monde, à une arrivée vers la lumière. Jésus est le plus grand éducateur de l’histoire sur la manière de vivre sa croix.
Son regard d’amour sur nous, le regard de son Père sur nous avec l’action de l’Esprit saint, nous fait naître d’en haut, comme il l’exprime à Nicodème (cf Jn 3). Sa manière de vivre pour les autres fait sortir le nouvel homme de la coquille du vieil homme. Cela sera toujours souffrant tant il s’agit d’une libération de l’esclavage de notre ego pour s’ouvrir à la plénitude de la vie de communion avec Dieu, avec les autres, avec les créatures et même avec nous-mêmes.
Chaque page biblique raconte l’itinéraire d’hommes et de femmes qui prenant ce chemin, a donné naissance à une grande joie, celle d’une libération qui se cache déjà dans le questionnement de Marie lors de l’annonce de l’ange, qui bouleverse l’insomnie de Joseph se sentant obligé d’abandonner son épouse promise, qui se trouve dans le cœur des mères des enfants persécutés par Hérode.
Elle est présente au début du ministère de Jésus dans l’expression qui est-il celui-là (cf. Lc 4, 22), expression qui jalonnera toute sa vie, l’accompagnera jusqu’à la croix. D’où est-il sorti ? Qui croit-il être ? Il s’agit d’une des phrases les plus crucifiantes de l’évangile. Jésus a parcouru sa vie en portant une lourde croix, celle du regard des scribes sur lui, celle des autorités qui le voyaient comme un prophète de malheur, celle de n’être que le fils de Joseph, de n’être même pas reconnu par ses disciples.
Ce n’est pas la croix qui sauve. C’est la manière de la porter, de la vivre. Par elle, écrit E. Wiesel, la douleur se transforme en amour, la mort en vie, la désillusion en espérance, l’abandon en communion, la distance en unité,. Il ajoute que le contraire de l'amour n'est pas la haine, c'est l'indifférence [...], le contraire de la vie n'est pas la mort, mais l'indifférence à la vie ou à la mort (E. Wiesel)[1].
Ce matin, en soulignant l’exaltation de la Croix, entrons dans la sagesse de Dieu que Paul présence comme la folie de la Croix. Cette fête représente une méditation profonde sur notre vision de monde. Du point de vue humain, c’est un échec. Elle est révélation d’une manière de vivre qui ouvre les portes sur le message central de Jésus, l’arrivée d’une terre fraternelle, juste, inclusive qu’il appelle son royaume.
Songeons, parmi tant d’autres, à cette religieuse, Soeur Lucia, petite sœur de l’Évangile de Charles de Foucauld, tuée le 25 juin 2022 à Port-au-Prince, qui durant plus de 20 ans, a fait de sa vie un don pour les autres jusqu’au martyre en se dévouant aux enfants de la rue.
Impossible de mener une vie chrétienne sans avoir les bras ouverts vers Dieu et vers les autres. Contemplons en profondeur le chemin que parcourt tout disciple qui s’engage à réaliser le projet de Jésus, celui d’une fraternité universelle.
À votre contemplation, la croix est un pont qui nous fait traverser la muraille de division qui nous sépare de Dieu et des autres. Ne nous contentons pas de vivre, cherchons à bien vivre. AMEN.