2022-C-Lc 8, 4-15- samedi de la 24e semaine ORDINAIRE- une terre enceinte de Dieu
Année C : samedi de la 24e semaine ORDINAIRE (litco24s.22)
Lc 8, 4-15 : La Terre est enceinte de Dieu.
Mon regard sur ce semeur peut étonner ce matin. Il est tout franciscain. À travers cette image, Jésus nous parle que notre monde, que toutes les terres de ce monde sont enceintes de Dieu.
Thomas de Célano, biographe de François, écrit : champs et vignes, rochers et bois, et toutes les beautés des champs, sources qui coulent et jardins fleuris, terre et feu, air et vent : (en) tout cela, François les exhorte à aimer Dieu et à servir volontairement. François est amoureux de Dieu à travers les belles choses de la création. Il trouve la création belle, parce qu’ensemencée par le Semeur. Dieu est présent dans toutes les terres bonnes ou avariées. Loué, sois-tu mon Dieu pour la Terre, le Soleil.
En avril 2021, le journal LA VIE a questionné les internautes sur Twitter sur le chant religieux qu’ils préfèrent. La réponse dominante : le Psaume de la Création, incontournable classique de Patrick Richard, a été sacré grand vainqueur. Inspiré du psaume 8, je veux crier mon Dieu[1] a été écrit par une nuit en colère, dit-il. Il fut le point de départ de son aventure d’artiste sur les routes du monde.
Connaître le Christ sous forme humaine, c’est connaître Dieu dans la réalité créée ; voir Dieu dans l’Eucharistie, c’est voir Dieu dans la création. La grande mystique, Angèle de Foligno, alors qu’elle assiste un jour à la messe et voit l’hostie élevée, s’exclame :
J’ai vu et compris toute la création, c’est-à-dire ce qui est de ce côté et ce qui est au-delà de la mer. Et mon âme, dans un excès d’émerveillement, s’écria : Ce monde est enceinte de Dieu ! C’est pourquoi j’ai compris à quel point l’ensemble de la création est petit – c’est-à-dire ce qui est de ce côté et ce qui est au-delà de la mer, de l’abîme, de la mer elle-même et de tout le reste – mais la puissance de Dieu remplit tout cela jusqu’à déborder.
La parabole du semeur jetant sa semence partout, de ce côté et au-delà de la mer, confirme que la terre entière en enceinte de Dieu, enceinte de sa Parole. Notre terre est une « terre mère », une terre nourricière et bienveillante qui crie dans les douleurs du travail de l’enfantement et aspire à porter un beau fruit (cf. Rm 8, 22).
Cette vision-là du semeur exige la foi, croyant vraiment que Dieu est présent à nous dans la réalité créée. Elle nous fait voir notre terre avec des lentilles neuves qui permettent de comprendre nos vies et le monde avec plus de profondeur. Nous sommes, bons ou mauvais, purs ou impurs, enceintes de Dieu, de sa Parole.
Cette parabole parle de l’identité de Jésus. Qui est vraiment ce semeur qui jette partout sa semence ? Notre relation à Jésus, notre intimité avec lui ouvre nos yeux sur une Terre enceinte de sa Parole. Il manque seulement des Philippe pour expliquer aux eunuques la profondeur de ce qu’ils voient sans comprendre, de ce qu’ils admirent sans percer le mystère.
Des questions : croyons-nous vraiment que Dieu habite en nous et dans le monde naturel de la création ? Le Corps du Christ nous pousse-t-il à contempler Dieu dans la création ? Comment pouvons-nous dire « Amen » pour recevoir le Corps du Christ et perpétuer la destruction de l’environnement ? Il y a un décalage entre le geste abondant du semeur et ce que notre regard sur la Création. Nous piétinons continuellement le Corps du Christ en contribuant à la destruction de l’œuvre du semeur.
À votre contemplation, reprenons aujourd’hui le Cantique de la Création de François. Écoutons Je veux crier mon Dieu, de Patrick Richard. Splendide, cette mélodie me met dans un état d’allégresse, d’extase indescriptible dit un musulman. Mon Dieu, tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu Très-Haut, tu es le Dieu d'amour, mon Dieu, tu es grand, tu es beau, Dieu vivant, Dieu Très-Haut, Dieu présent en toute création. Amen.