2022-C-Mt 25, 14-30 -samedi de la 21e semaine ORDINAIRE- prendre soin de Jésus
Année C : samedi de la 21e semaine ORDINAIRE (litco21s.22)
Mt 25, 14-30 : prendre soin de Jésus.
Alors que nos yeux se focalisent sur des statistiques sur la baisse de la pratique religieuse, cette parabole voit plus large. Elle élargit nos regards. Elle affirme dans les mots d’un jeune philippin de 17 ans, Darwin Ramos, reconnu comme serviteur de Dieu, qu’un chrétien, c’est celui qui prend soin de Jésus. Deux serviteurs sur trois prennent soin de Jésus. Deux sur trois s’occupent des intérêts de Jésus, de son rêve audacieux. Le maître s’empresse de les honorer, de les remercier.
Chacun peut prendre soin de l’autre, peut être utile aux autres s’il consent à mettre ses capacités, ses talents, même limités, au service des autres. Rien n’est plus froid, répète souvent le pape François, qu’un chrétien qui ne cherche pas à sauver les autres, qui ne visent que leur propre intérêt comme le troisième serviteur.
Depuis Jésus, c'est à nous de prendre soin des autres, de prendre soin de la terre, d’humaniser la vie, de penser comment promouvoir la vie, non pas réduite à la capacité vitale de vivre, mais à la vie comme l’ouverture sur ce qui est nouveau, imprévisible. Ce qui a fait dire à Friedrich Hölderlin que Dieu crée le monde comme la mer crée la plage : en se retirant.
Deux sur trois ont pris au sérieux le risque d’investir leurs talents au service des autres. Deux sur trois ont refusé de vivre une vie repliée sur elle-même comme la femme courbée de l’évangile (cf. Lc 13, 10-13). Deux sur trois sont sortis de l’inquiétude excessive de s’auto protéger. Ils ont vécu d’une fidélité créatrice en se laissant inspirer de l’esprit de Jésus au plus intime d’eux-mêmes. L’important n’est pas la quantité des talents, c’est la manière de les vivre.
Le risque est au cœur de l’évangile. Le maître n’a donné aucune consigne, n’a imposé aucun résultat. Il n’a pas voulu encadrer l’annonce de son évangile. Pour lui, sans liberté, il n’y a pas de véritable geste humanitaire. Le Maître pressentait que ses serviteurs portaient en eux le gène d’une sensibilité innée à prendre soin des autres.
Deux sur trois, c’est plus du deux tiers de l’humanité, toute religion confondue, ont choisi de ne pas vivre replié, recroquevillé sur eux-mêmes. C’est perdre sa liberté que d’agir autrement. Cette parabole nous fait voir qu’une majorité de personnes savent prendre soin des autres.
Depuis Jésus, c'est à nous disciples de jouer, de prendre le risque de faire fructifier sa parole et sa pratique. Une question. Sommes-nous dans la posture du risque à courir ou bien sommes-nous dans la posture de la peur, soucieuse avant tout de ne pas nous compromettre ? Dans le premier cas, courir le risque de l’ouverture, de la joie de prendre soin des autres est la condition de la fécondité.
L’urgence ne serait-elle pas de prendre le risque, d’investir dans la recherche de nouveaux alphabets[1] pour dire notre foi? Liberté, créativité. Deux sur trois ont su trouver des voies inédites, des initiatives nouvelles pour redonner au Maître la joie de voir que d’autres prennent son chemin, celui de prendre soin des autres. C’est bien bon et fidèle serviteur, viens te réjouir avec moi. Dans le second, le repliement sur soi est indicateur de stérilité. Mauvais serviteur.
Jésus n’a pas épuisé les chemins pour faire fructifier ces valeurs universelles de prendre soin des autres qui n’appartiennent pas aux chrétiens. Des gens nombreux autour de nous vivent les valeurs de ce Maître.
À votre contemplation, deux paroles de Jésus. Il est bon que je m’en aille, car si je ne pars pas, le Souffle ne viendra pas sur vous (Jn 16,7). En vérité, celui qui croit en moi, fera lui aussi les œuvres que je fais, il en fera même de plus grande (Jn 14, 12). AMEN.