2022-C-Lc 12, 49-53- dimanche de la 20e semaine ORDINAIRE- sommes-nous des pyromanes ?
Année C : dimanche de la 20e semaine ORDINAIRE (litco20d.22)
Lc 12, 49-53 –sommes-nous des pyromanes ?
Jésus vient de nous dire qu'il est venu allumer le feu, qu'il est venu embraser les cœurs de miséricorde, de compassion, de justice, de pardon. Il ajoute, comme je voudrais qu'il soit allumé. Le temps pascal se termine par une demande : Viens, Esprit saint, pénètre le cœur de tes fidèles, qu'ils soient embrasés du feu de ton amour.
Vous avez très bien compris, Jésus, toujours aussi étonnant et surprenant, nous demande si nous sommes des pyromanes. Mais comment l’être ou le devenir ? Je donne la réponse de Jean-Paul II aux jeunes : si vous êtes ce que vous devez être, vous mettrez le feu sur la terre.
Si nous sommes ce que nous sommes, des chrétiens, des évangiles vivants, des paroles de Dieu (I Pi 4, 11), non pas des athées pratiquants, des athées pieux, non pas des chrétiens désabusés, sans joie, mais des chrétiens qui témoignent d'une manière de vivre qui sort de l'ordinaire (épitre à Diognète), nous mettrons le feu sur la terre. Nous serons des allumeurs d'incendie. Ce feu est une boussole indicatrice que la bonne nouvelle est annoncée.
Nos regards voient partout des incendies qui détruisent des forêts. Nous oublions que la beauté du verre soufflé vient du travail de l’artisan avec le feu. Nous oublions qu’une forêt incendiée se régénère plus rapidement après le passage du feu.
L’évangile entendu rappelle que semer ce feu de l'Évangile ne nous conduira jamais à une vie douillette. La “suivance” du Christ, comme le confirme la vie de Jérémie (Jr 38, 4-6.8-10) conduit à vivre sa vie sur une mer agitée. À contre-courant. Luc parle de recevoir un baptême. La tentation est forte de mener une vie chrétienne douillette, axée sur la rencontre avec Jésus, mais détachée d'une foi sociale qui allumera toujours un feu de vives réactions.
Chaque fois que nous prononçons le nom de Dieu, que nous exprimons quelque chose de notre foi, que nous nous affirmons chrétiens et croyants dans notre société laïque, cela allume un feu de réactions les plus diverses qui peuvent faire reculer et réduire la vie de foi au domaine du privé, mais aussi réanimer le feu sous la cendre[1]. Le feu nous dépouille de beaucoup d’idoles, petites ou grandes : carriérisme, goût du succès, dominer les autres, etc.
Nous avons mission de réchauffer les cœurs blessés en les écoutant, en se rapprochant de leurs blessures. Trop souvent nous sommes des chrétiens qui reprochent des choses, qui moralisent. Agir ainsi ne réchauffe pas des cœurs. Il faut cesser de tout voir à partir de la loi. Réchauffer les cœurs par la tendresse, la compassion.
Notre mission dans cette maison : être des révolutionnaires, pas dans le sens de vouloir tout casser, mais dans le sens d'aller à contre-courant et de manifester en gestes et en actes cette grande révolution de la tendresse que nous apporte Jésus.
Aujourd’hui, c’est la fête de Maximilie Kolbe, martyr du nazisme. À Auschwitz, il aidait tout le monde, donnait sa portion de nourriture, était infirmier des cœurs. Quand un jour d’élection on désigna telle personne pour être exécutée et voyant ce père de famille pleuré, il s’offrit lui-même à sa place. Il mourut lentement de faim.
Des questions pour cette semaine : avons-nous ce feu présentement ? Qui s’approche de nous est-il ou est-elle brûler par l’Évangile ? Comment vivons-nous les refroidissements de nos familles face à la foi ?
Saint Paul résume bien notre attitude : courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés sur Jésus qui est à l’origine et au terme de notre foi.
[1] Voir l’excellente réflexion de Martin Werlen, découvrir ensemble la braise sous la cendre, Ed Bayart,2012