2022-C-Mt 19, 13-15 - samedi de la 19e semaine ORDINAIRE-culture du soin
Année C : samedi de la 19e semaine ORDINAIRE (litco19s.22) 13 aout
Mt 19, 13-15 : la culture du soin ou une culture de l’accueil.
Tout le monde est quelqu’un pour Dieu, quelqu’un méritant l’attention de Jésus. Devant chaque personne, dit un proverbe juif, il y a un ange qui proclame : voici, l’image de Dieu. Un psaume chante la grandeur de l’humain : ô homme que tu es grand.
Dans la charte du mouvement ATD Quart-monde, il est écrit que tout homme porte en lui une valeur fondamentale inaliénable qui fait sa dignité d’homme. Quel que soit son mode de vie ou sa pensée, sa situation sociale ou ses moyens économiques, son origine ethnique ou raciale, tout homme garde intacte cette valeur essentielle qui le situe d’emblée au rang de tous les hommes. Elle donne à chacun le même droit inaliénable d’agir librement pour son propre bien et pour celui des autres[1].
Jésus a vécu cela toute sa vie. Il posait des petits gestes d’attention remarqués et remarquables que le pape François nomme la culture du soin, ce bon combat (2 Tm 4,7) dont parle Paul. Jésus ne fut qu’accueil dans une société d’exclusion. S’il n’avait désiré que de s’asseoir à des tables de gens parfaits, il serait mort de faim. Ces tables n’existent pas.
Laissez venir à moi les imparfaits. Jésus appelle à une terre, un royaume sans chaînes et sans murs, capable de sortir de l’étroitesse du repli sur soi pour saluer avec le cœur tout le monde, toute sorte de monde. L’attitude de Jésus déboussole. Il a une soif de rencontrer et d’accueillir tout le monde. Pour lui, l’accueil des imparfaits - qui ne l’est pas ? - est sa priorité.
Cette attitude d’accueil, est-elle celle de notre Église ? Il faut le reconnaître, notre accueil est plus au niveau de la parole que de l’agir. Dans son homélie de la fête des apôtres Pierre et Paul (2022), le pape dans un langage fort observait que nous préférons rester assis à contempler les quelque chose sûrs au lieu de nous lever vers des horizons nouveaux[2]. Bien des fois nous devenons une Église aux portes ouvertes, mais pour écarter les gens, pour condamner les gens[3]. C’est une imposture de ne rechercher qu’une Église parfaite. Elle n’existe pas.
Le marcher ensemble de la démarche synodale initie un grand mouvement d’accueil. Que faisons-nous pour accueillir, pour rencontrer toute sorte de monde ? Si les gens ne viennent pas à nous, allons vers eux. La parabole des invités aux noces dit cela : Allez sur les places (cf. Mt 22, 1-14 ). Trop longtemps, nous avons réduit la foi dans une religion de cérémonies, de dévotions, d’ornements richissimes (Henri de Lubac).
Jésus n’a pas discouru sur l’accueil. Il n’a été qu’accueil, accueil qui montre son monde intérieur. Il ne veut pas dire sans faire. Il refuse que ses paroles détonnent sur ce qu’il est. Le défi actuel est de ne pas lire la Bible comme un tas de bonnes idées, mais d’y découvrir une invitation à nous donner les yeux de Jésus, à offrir la première place à ceux qui sont assis à la dernière place (Cf. Lc 14, 10).
Nous disons souvent qui se ressemble s'assemble. Mais l'accueil est d'un autre niveau. C’est un combat jamais terminé. Toujours à refaire après une chicane, une rupture d’alliance. Il ne sera jamais une promenade de santé, mais un chemin pour nous maintenir en santé, en état de proximité, de solidarité envers tout le monde.
À votre contemplation. Jésus souhaite nous voir guérir de cette maladie de prendre toute la place, d’être recherché, désiré, demandé, consulté. Il ne veut pas de chrétiens experts en jugement, en contrôle de l'autre, mais bien des experts en accueil, en ouverture aux autres, quelle que soit leur attitude à notre endroit. Demandons-nous si nous vivons à la perfection ce qu’exprimait François d’Assise : la profondeur d’un homme est dans sa puissance d’accueil. Amen.
[1] Charte du Mouvement ATD Quart Monde
[2] Messe et bénédiction des Palliums pour les nouveaux Métropolites en la Solennité des saints apôtres Pierre et Paul (29 juin 2022) | François (vatican.va)
[3] ibid