2022-C-Jn 5, 17-30- mercredi de la 4e semaine du CARÊME- sortir Jésus d'un système qui tue
Année C : mercredi de la 4e semaine du CARÊME (litco4me.22)
Jn 5, 17-30 ; Is 49, 8-15 : sortir Jésus d’un système qui le tue.
Les autorités cherchaient à le faire mourir. Les exégètes s’entendent aujourd’hui pour dire que Jésus n’est pas mort pour nous sauver. Ce qui l’a conduit à la mort, c’est son regard sur les non désirables, sur ceux qui comme l’homme paralysé qu’il remettait debout, empêchent la « machine » de fonctionner. Jésus voulait redonner des droits aux exclus, les intégrer de plein droit dans la vie civile et religieuse.
Sa mort est une conséquence directe de ses prises de position. Il est mort pour une cause qui lui tenait à cœur, celle de rendre son environnement, sa terre natale, plus fraternelle. Jésus dérangeait les décideurs de l’époque tant sa présence fascinait, émerveillait, libérait les chercheurs d’une vraie vie. L’est-elle encore aujourd’hui ?
Dans une société où les déchirures sociales et religieuses étaient palpables, Jésus offrait un vaccin recherché au pouvoir de guérison étonnante. Qui écoute mes paroles et croient en elle… il est déjà passé de la mort à la vie. Je vous le déclare, c’est la vérité (v.24-25). Les complotistes s’empressèrent de le rejeter comme dangereux parce que ne résistant pas à l’épreuve d’une tradition où l’exclusion, racine de toutes les tensions, les pauvretés, était la règle.
Jésus n’était pas sélectif. Il laissait venir à lui les enfants, les imparfaits. Il prenait place à leur table. Tous ceux qui entendent ma voix, sortiront de leurs tombes (v. 29). Humain, Jésus éprouvait une « sainte colère » en entendant des « sermons » réduire l’autre à leurs erreurs jusqu’à les ensevelir à jamais dans leurs imperfections face à la loi. Il comprenait les gens exclus par la société parce qu’il était lui-même rejeté, méprisé, calomnié. Il savait ce qu’est être « différent », marginalisé. Jésus montrait un Dieu qui va à rebours des silences coupables et des processus convenus des chefs politiques et religieux. Il n’a cessé d’affronter des comportements violents à son endroit. Cette attitude d’ouverture aux exclus, aux pécheurs, dérangeait au point de désirer le tuer.
Comme l’exprime un théologien protestant Sébastien Castellion (1515-1563), vivant à une époque de la guerre des religions, tuer un homme, ce n’est pas tuer une idée, c’est tuer un homme. En tuant Jésus, on n’a pas tué son projet, son rêve d’une terre fraternelle, d’une terre de paix, de justice. Le rêve de Jésus qui fait ce qu’il voit faire de son Père (v. 19) que la bible appelle son royaume n’est pas tuable.
On n’a pas tué son rêve d’entrevoir une terre où l’on n’exige pas d’avoir des papiers en règle, un certificat de bonne conduite, une attestation de fidélité pour y entrer. Le prophète Isaïe a entrevu ce rêve de Jésus : il est venu dire aux prisonniers : « Sortez » ! aux captifs des ténèbres : « Montrez-vous » […]. le Seigneur console son peuple ; de ses pauvres, il a compassion.
Jésus et c’était cela la bonne nouvelle, appelait à une autre manière d’être humain, à un autre Dieu qu’un Dieu rancunier, vengeur. Ce rêve était tellement beau, tellement merveilleux, tellement désiré que les gens voyaient Jésus comme venant de Dieu. Il disait que Dieu était son Père et se faisait égal à Dieu (v. 18). Jésus ne s’est pas contenté de faire connaître son rêve. Il l’a signé de sa vie. Il n’y a pas de plus grand amour que cela.
Jésus a passé sa vie à faire du ménage dans la maison. Il a commencé par mettre sans dessus dessous la maison à restaurer comme le suggère la parabole de cette femme qui, pour retrouver une pièce perdue, a mis sa maison à l’envers (Cf. Lc 15, 8-10). Une fois la pièce retrouvée, elle l’a nettoyée pour qu’elle retrouve sa beauté première. Sa vie durant, Jésus a éprouvé qu’on le regardait de haut, avec dédain. Il n’a cessé d’affronter des comportements violents à son endroit.
À votre contemplation, Jésus croyait en ses propres paroles n’ayez pas peur. Il a risqué sa vie au nom des autres et a perdu sa propre vie. Il a dit la vérité. Il a aimé les gens qu'il voulait sortir d’une vie sans vie. Cette façon de vivre avec les autres, pour les autres, proche des autres, l’a conduit à mourir pour les autres. Sa mort est le point d’aboutissement de sa trajectoire de vivre avec les autres, pour les « sauver » d’une vie misérable. Cette fin tragique de Jésus est réservée à ceux et celles qui donnent des mains à son rêve. AMEN.