2022-C-Mc 6, 45-52- mercredi 2e semaine de NOËL-étonnement extrême
Année C : mercredi après l’épiphanie (litcn02me.22)
Mc 6, 45-52 ; 1 Jn 4, 11-18 : étonnement extrême.
Il ne s’agit plus aujourd’hui de se demander si Jésus a vraiment marché sur la mer. Les récits évangéliques ne sont pas des descriptions d’un fait historique. Il faut plutôt s’arrêter sur le message que nous transmet Marc en nous rapportant cette marche. Il rapporte que les disciples furent saisis d’étonnement extrême.
Étonnement extrême, n’est-ce pas là notre attitude devant l’Incarnation de Jésus ? Étonnement extrême pour les disciples de réaliser que Jésus, l’humain Jésus, n’est pas « indifférent » à leur épuisement à ramer contre une mer déchaînée alors qu’ils étaient encore étonnés devant son geste de ne nourrir avec presque rien une foule affamée. Étonnement extrême de saisir que Jésus est présent au milieu de leur manque de foi et que sa « présence réelle » les pacifie. Pour la première fois peut-être, les disciples éprouvent que Quelqu’un les accompagne dans leur lutte pour atteindre l’autre rive. Marc ajoute et ce n’est pas insignifiant, que leur intelligence était incapable d’en saisir le sens.
En rapportant cette scène, Marc indique la grande humanité de Jésus. Il est venu nous sauver. Je suis avec vous, dira-t-il ailleurs. Ce qui est beau dans l’Incarnation, c’est que l’humain Jésus a vécu pour les autres, a vécu nos combats. Ce qui est beau dans notre XX1e siècle, c’est de voir l’Évangile à l’œuvre dans ceux et celles qui s’occupent des autres, des migrants, des sans-logis, des mal à l’aise dans leur peau, de ceux et celles qui se tiennent au milieu de tempêtes de notre monde pour pacifier leur vie. Voilà l’essentiel.
De la première page à la dernière, la bible décrit un monde agité, blessé, un monde accompagné par un regard d’un Dieu qui a vu la misère de son peuple (Cf. Ex 3, 7), est venu visiter son peuple (Cf. Lc 1, 68) en se mettant à la portée de nos mains, pour nous regarder d’en bas et pour qu’en Lui nous ayons la vie, le mouvement et l’être (Cf. Ac 17, 28). Pour voir cette présence au milieu de nous, il faut travailler nos regards, voir au-delà de ce que nous voyons.
Cette expérience des disciples ballotés sur une mer agitée et visités par Jésus est la nôtre chaque fois que nous sentons sa présence pacifiante au milieu de nos tempêtes. Cette présence a souvent le visage d’un proche, d’un aidant naturel. Comme eux, nous cessons d’avoir peur et reprenons courage. Étonnement extrême, Jésus marche avec nous, nous rejoint, nous les « paumés » de toute sorte. Cette marche de Jésus nous indique aussi une manière de vivre. Être des gens qui pacifient même si l’environnement est chaotique.
Ce matin, interrogeons-nous si nous sommes capables de pacifier les gens autour de nous ? Jésus n’a pas envoyé des disciples « faire des messes ». Il envoie des gens vivre comme lui, prendre soin des détresses, des blessés. Le miracle qu’il leur demande, c’est d‘être signe de sa manière de vivre. Jésus prend soin des passagers en détresse sur les mers agitées du monde. Jésus ne nous envoie pas résoudre tous les problèmes sociaux, environnementaux, religieux. Il nous envoie marcher sur des eaux troubles, agitées pour être « Noël », pour semer une graine d’espérance là où règne la détresse, pour arroser des plantes sachant que d’autres en prendront soin. Pour Jésus, c’est ça la bonne nouvelle.
Ces mers agitées sont nombreuses. Je m’arrête sur une seule, très négligée, me semble-t-il : celle pour qui la foi de leur enfance ne répond plus à leur foi profonde. Plusieurs vivent une tempête intérieure aussi troublante que celle des disciples sur la mer. Ils ne se sentent plus de « bons catholiques » tant ils sont désorientés, dépourvus, laissés à eux-mêmes, ramant à contre-courant.
Ces gens ne rejettent pas la foi, uniquement un ensemble de croyances, de dogmes rédigés dans des mots d’une autre époque et devenus inaudibles. Leurs doutes sont des vitamines de la foi. Ils contribuent à l’affermir, à la rendre plus forte, c'est-à-dire plus consciente, plus libre, plus mature (Pape François). On les dit en perte de foi, alors qu’ils sont en recherche du « plus » de l’évangile. Ils attendent un Philippe qui leur expliquera ce qu’ils lisent. L’eunuque (Cf. Ac 8, 26-40) ne comprenait pas ce qu’il lisait.
À votre contemplation : Pacifiés par notre foi en Jésus, devenons une présence pacifiante auprès des cœurs en recherche d’un signe de sa Présence. Étonnement extrême que cette mission qui est nôtre. AMEN.