2021-C-Lc 7, 18b-23- mercredi de la 3e semaine de l'AVENT- poètes sociaux demandés
Année C : mercredi 3e semaine AVENT 15 dec.
Lc 7, 18b-23 : Is 45, 6b-8.18.21b-25 : des poètes sociaux demandés.
Portons attention à la réponse que donne Jésus à la question de Jean : es-tu celui qui doit venir ? Jésus est tellement hors norme dans ses agissements que Jean s’interroge s’il est vraiment celui qui doit venir. Comme réponse à Jean, Jésus l’invite à observer que les gens sont debout, que les pauvres entendent, que les aveugles voient. Allez annoncer à Jean ce que vous voyez. Cette brève réponse est un véritable discours-programme. Elle résume toute la vie de Jésus et atteste qu’il a conscience d’être plus que Jonas, plus que Salomon, plus que Jean.
Le regard de Jean ne porte certainement pas du côté des pauvres, des aveugles, considérés comme des impurs, victimes de leurs péchés (Cf. Jn 9, 1-41). S’en approcher, les toucher, les soigner sont des gestes défendus par la loi comme le confirment le prêtre et le lévite passant outre (Cf. Lc 10, 29-37) pour respecter la loi et s’éviter de se voir eux-mêmes impurs.
La réponse de Jésus est déroutante. Elle contient son projet fondamental. Plus que d’une révolution, elle appelle à une radicale initiative de subversion politique et religieuse. Jésus annonce indirectement à Jean que la bonne nouvelle se réalisera dans la rue, dehors. C’est là qu’il voit se concrétiser le rêve de son royaume. Jésus abat les murs de pur et impur, du sacré et du profane.
Si nous comprenons bien la réponse donner à Jean, c’est que Jésus affirme que la bonne nouvelle ne se trouve pas seulement dans le temple, dans le respect du sabbat, dans la pratique cultuelle. Viendra, dira-t-il, un temps où on célébrera Dieu ni dans le temple ni sur cette montagne (Cf. Jn 4, 21). La bonne nouvelle se trouve dans la petitesse des commencements comme de jeter des graines de vie dans les sols, sans égards à la qualité de la terre.
Le modèle de référence que propose Jésus à Jean est scandale pour les Juifs et folie pour les païens (1 Co 1, 23) tant ce modèle est « inattendu ». Jésus dicte un chemin, celui de partager à ras de terre la souffrance des gens, leur aspiration à vivre humainement. Il fait entendre que la vie, la vraie vie humaine se trouve quand nous redonnons de la dignité à des gens qui n’en n’ont pas aux yeux de l’autorité religieuse et civile. Jésus atteste à Jean que sa mission est de tout faite pour guérir la douleur des gens et nourrir leur espérance. Sans faire de longs discours, il montre à Jean que le Messie attendu est un Messie inattendu (Gui Lauraire). Aujourd’hui, dira-t-il en refermant le livre dans la synagogue, s’accomplit ce que vous avez entendu (Cf. Lc 4, 21).
En saluant récemment des responsables de mouvements populaires comme des poètes sociaux, le pape fait sans doute référence à la manière de Jésus de voir sa présence parmi nous. Vous avez, leur dit-il, la capacité et le courage de créer de l’espoir là où n’apparaissent que mise au rebut et exclusion[1]. Pour lui, Jésus était le poète social, ce rêveur que cache sa réponse à Jean : faites voir, annoncer.
Ces jours, qui nous approchent de Noël, nous font rêver ensemble de liberté et d’égalité, de justice et de dignité, de fraternité qui améliore le monde. Et je suis convaincu, ajoute le pape, que c’est à travers ces rêves que passe le rêve de Dieu pour nous tous, qui sommes ses fils. La créativité de l'évangile est nécessaire parce qu’il est un livre ouvert et non fermé.
À votre contemplation : demandons-nous si nous sommes en porte-à-faux avec ce projet de rêver de fraternité ou si nous avons tourné le dos à ce discours-programme ? Sommes-nous à l’heure où circulent des discours sans espérance des poètes sociaux, des poètes de la créativité qui créent de l’espoir, si nous sommes des samaritains collectifs qui savent s’arrêter pour offrir un peu de pain, qui oeuvrent pour redonner de la dignité et qui sont dans leur personne, cette nouvelle création inaugurée par Jésus ? AMEN.