2021-B-Lc 21, 34-36 - samedi de la 34e semaine du temps ORDINAIRE- la vraie vie
Année B- samedi de la 34e semaine ordinaire (litbo34s.21) 27 nov.
Lc 21, 34-36 ; Dn 7, 15-27 : qu’est-ce que la vraie vie ?
Éveille-toi… et le Christ t’illuminera (Cf. Ep. 5, 14). C’est une parole de résurrection que nous adresse la liturgie au dernier jour de l’année liturgique. Chaque jour, il faut renouveler notre regard si l’on veut embrasser l’avenir. Chaque jour, l’éveilleur Jésus nous invite à relever la tête, à garder nos lampes allumées, à veiller (Lc 12, 35). Éveil permanent, toujours à activer. Chaque jour, nous avons besoin d’être réveillés par le bruit que fait le chantier de Dieu ; d’être réveillés pour aller jusqu’au fond de nous-mêmes, de rester les yeux ouverts sur ce que nous vivons, sur ce qui nous entoure. Tout est lié (no 70, 91, 92, 117, 120, 138, 142, etc.). Mission plus que jamais d’actualité.
Peu importe notre capacité de se tenir éveillés, nous ne serons jamais capables de définir ce que Jésus n’a jamais défini. Jésus invite seulement à demeurer des éveillés, conscient de notre véritable identité. Nous sommes des êtres pour la vie. Dans un livre récent dont le titre pourrait choquer, pour un christianisme sans religion, l’auteur Bruno Mori, cric, longtemps responsable de la documentation religieuse à Montréal et maintenant vicaire dans une paroisse, écrit qu’il faut se débarrasser d’un Dieu théiste qui dirige tout d’en haut, de l’extérieur et qui a réponse à toutes les réponses. Il faudra d’abord reconnaître que nous ne sommes pas capables de définir Dieu. Nous pouvons seulement prendre conscience de sa transcendance, avec émerveillement et avec saisissement (John Spong).
Pour terminer l’année liturgique, l’éveillé Jésus ne nous propose pas des chemins balisés. Il nous éveille à notre humanité. Il nous éveille, réveille à entrer dans la vraie vie en se tenant à l’abri de croyances sans profondeur. De croyances qui ne sauvent pas. Jésus conteste notre engourdissement dans la foi. La vraie vie se laisse voir dans l’agir de Jésus.
Mais qu’est-ce que la vraie vie ? Elle est d’abord au-dedans de nous. Le Royaume est au-dedans de vous. C’est beaucoup plus fort que de dire qu’il est au milieu de vous. Cette vie au-dedans de nous grandit quand nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons nos frères (1 Jn 3. 14). Jésus ne dit pas quand nous croyons, mais bien quand nous savons, quand nous expérimentons que nous sommes tous frères. Vous qui avez été appelés par Dieu, regardez bien : parmi vous, il n’y a pas beaucoup de sages aux yeux des hommes, ni de gens puissants ou de haute naissance (1 Co 1, 26-29). La vraie vie n’est pas hors du monde, mais c’est dans notre quotidien que nous passons de la mort à la vie.
À lire les évangiles, la vraie vie pour Jésus est plus qu’une pratique extérieure de la religion. Jésus ne tolère pas une vie en surface, sans profondeur. La vraie vie se manifeste dans tout ce qui contribue à humaniser l’humain. Jésus éveille les gens à se responsabiliser plutôt qu’à s’agenouiller devant les maîtres officiels de la loi. Il invite sans relâche à se tenir en éveil des besoins des autres. C’est le premier critère de la vraie vie.
Le second critère est celui de prioriser la personne au sabbat (Cf. Mc 2, 27). C’est le bien de l’homme qui importe en toute occasion. Jésus remet les pendules à l’heure quand il priorise la santé humaine (Mt 12,10), qu’il permet à ses disciples d’arracher des épis pour se nourrir un jour de sabbat (Mt 12,1-8), qu’il va jusqu’à guérir la main d’un paralysé (Mt 12, 10).
Pour parler avec des mots d’aujourd’hui, le premier regard de Jésus se porte sur la personne victime et sur sa dignité inaliénable. La recommandation no 10 du rapport en France sur la pédophilie précise bien cela : le mal premier est l’atteinte aux personnes, incluant le respect de l’intégrité de la personne.
Le pape oriente notre regard sur la vraie vie quand il écrit dans sa lettre sur la sauvegarde de la maison commune que nous voyageons vers la nouvelle Jérusalem, vers la maison commune du ciel… Entre-temps, nous nous unissons pour prendre en charge cette maison qui nous a été confiée (no 243-244). Nous marchons vers un « nous » toujours plus grand (message journée des migrants 2021).
Dans son message aux participants de chapitre général de votre ordre, le pape leur écrivait : renouvelez votre vision, embrassez votre avenir. C’est un travail toujours exigeant, de lucidité, de créativité en vue de trouver une manière moderne d’être chrétien et de dire notre foi. AMEN.