2021-B-Mc 13, 24-32- dimanche de la 33e semaine du temps ORDINAIRE- perce-neige demandée
Année B : Dimanche 33e semaine du temps ordinaire (litb033d.21)
Mc 13, 24-32- on recherche des perce-neiges.
Se termine la COP 26 où il a été abondamment question de l’effondrement de la maison commune. Nous sommes entourés de collapsologie, de scènes d’effondrement, de bouleversements atmosphériques, de migrants pour qui le soleil s’obscurcit, la lune dans leur nuit ne brille plus, leurs rêves se sont évanouis. Mais les signes de désespoir ne sont pas toujours visibles. Quelqu’un m’annonçait récemment la mort d’un père de trois jeunes enfants qui s’était pendu dans son garage. Personne n’avait vu ou entrevu son désespoir.
Le risque est grand de porter attention aux catastrophes et d’oublier les personnes, principalement les pauvres qui en sont les premières victimes et à qui cette journée mondiale leur est consacrée. Nous broyons du noir sur notre monde, sur la situation de l’institution Église. Nos regards et nos conversations sont remplis de désolation. Ça ne sert en rien la situation sinon qu’à nous défouler que de parler des problèmes, de nous disputer, de nous scandaliser, de nous lamenter à longueur de journée.
Il faut plutôt se demander si dans notre quotidien, nous sommes vides d’espérance, si le soleil brille dans nos regards, si nous sommes des « restaurateurs » d’espérance, des « organisateurs » d’espérance ou pour reprendre l’image de l’évangile, des figuiers annonciateurs d’un nouveau départ. L’espérance qui est autre chose que l'optimisme « sauve » bien du monde. Elle sauve du suicide aussi.
Par cette image du figuier, l’évangile nous lance un appel plutôt difficile : de ne pas attendre passivement que les choses soient meilleures demain. Il ne s’agit pas de nier la réalité. Il faut l’ensemencer de petits gestes quotidiens tels que s’arrêter comme a pu le faire le samaritain pour offrir un sourire qui apaise, une main qui accompagne. Nos petits gestes peuvent sauver du suicide sans que nous le sachions. Laissons-nous prendre aux entrailles par la compassion, capable de réintroduire du soleil dans la vie de l’autre. Change ton regard et la vie renaître.
Un mot prononcé avec bienveillance engendre la confiance. Une pensée exprimée avec bienveillance engendre la profondeur. Un service accordé avec bienveillance engendre l'amour (Lao Tseu).
C'est ce qui nous est demandé, ce que l’image du figuier suggère, c’est d’être, au milieu des ruines quotidiennes du monde, d'infatigables bâtisseurs d'espérance, d’être la lumière alors que le soleil s'obscurcit, des témoins de la compassion alors que le désintérêt règne autour de nous, des aimants et attentifs aux autres au milieu de l'indifférence générale.
Je vous offre une autre image, celle des perce-neiges de nos printemps. Elles sont très fragiles. À tout moment, elles risquent d’être écrasées. Mais elles sont des « annonceuses » de jours meilleurs. Nous sommes appelés à absorber la pollution qui nous entoure et à la transformer en bien. Nous devons être des perce-neiges qui réchauffent discrètement les cœurs broyés.
À bien y songer, l’évangile nous fait des perce-neiges, des "convertisseurs de bien", des personnes qui, immergées dans l'air lourd que tout le monde respire, répondent au mal par le bien (Cf. Rm 12, 21).
Agissons en perce-neiges annonciatrices de cette espérance que les événements dramatiques ne rapetissent pas et qui ne réduisent pas nos regards. À tous les discours sans espérances qui circulent, offrons-nous en perce-neiges d’une beauté d’avenir bien fragile, mais que rien ne peut détruire. Et cette beauté se voit dans ces samaritains collectifs (pape François) qui savent s’arrêter pour offrir un peu de pain, œuvrer pour redonner de la dignité et qui sont dans leur personne, cette nouvelle création inaugurée par Jésus. AMEN.